Né le 18 mars 1892 à Germigny-sur-Loire (Nièvre), fusillé comme otage le 12 janvier 1942 à Nevers, camp de tir de Challuy (Nièvre) ; cheminot, ouvrier métallurgiste ; syndicaliste CGT et militant communiste de la Nièvre ; résistant ; premier fusillé de la Nièvre.

Montage réalisé à partir de la photo de Louis Fouchère.
Montage réalisé à partir de la photo de Louis Fouchère.
Présenté valorisant la mémoire des victimes sous le titre « Les Martyrs du Champ de tir de Nevers », entouré de 32 noms , dont celui de Louis Fouchère mis en valeur.
Louis Fouchère.Expo Nevers 2016. Cliché A.P.
Louis Fouchère.Expo Nevers 2016. Cliché A.P.
Louis Fouchère était fils d’Anne Gaudry, couturière, qui se maria le 16 novembre 1895 avec Émile Fouchère, domestique, lequel reconnut Louis comme son enfant. Il se maria le 2 août 1919 à Cherbourg (Manche) avec Clémentine Lebarbanchon. Secrétaire du syndicat des ateliers de la CGCEM à Vauzelles (Varennes-les-Nevers), il devint membre de la commission administrative de l’Union départementale CGT à partir de 1936 et trésorier adjoint en 1938. Ancien membre de la SFIO, il adhéra au Parti communiste.
En septembre 1940, il fut chargé par le Parti communiste clandestin d’organiser en compagnie de René Chatout et de Léon Bernadat l’édition et la diffusion de L’Émancipateur dans la région de Nevers : trois numéros sortirent de septembre à novembre et furent diffusés à Nevers, Vauzelles, La Charité, Fourchambault, Imphy et Decize ; quelques exemplaires parvinrent même à Clamecy, Château-Chinon et Prémery. Il appartint à la direction départementale communiste. Dans le même temps, Louis Fouchère organisait la collecte d’armes et d’explosifs abandonnés lors de la débâcle et assurait la propagande dans l’usine et auprès des soldats allemands. Il fut à l’origine d’un groupe de résistance composé de Jean Charvy, Louis Michaud, Julien Giraud et Edmond Bouy. Ses actions furent particulièrement téméraires : ainsi deux déraillements de trains allemands sur la ligne Paris-Vichy. Après avoir échappé à deux coups de filet de la police en novembre 1940 et février 1941, il fut arrêté à Vauzelles le 27 septembre 1941 avec ses camarades cités ci-dessus ainsi que Pierre Charles, Pierre Michéon et Pierre Dupré.
Incarcéré à la prison de Nevers, torturé, Louis Fouchère fut condamné à la prison à vie pour « aide à l’ennemi », le 30 décembre 1941, puis fusillé comme otage sur le champ de tir de Nevers à Challuy, le 13 janvier 1942, en représailles des attentats contre un officier allemand à Dijon le 28 décembre 1941 et contre la Soldatenheim de Dijon le 10 janvier 1942, comme ses quatre camarades, Julien Giraud, Louis Michaud, Edmond Bouy et Armand Morizet, fusillés eux à Dijon le 23 janvier. De la prison de Nevers, le 12 janvier 1942, il écrivit à sa femme et à sa fille : « Je mourrai du crime d’avoir toujours aimé mon prochain plus que moi-même. J’ai durant toute ma vie défendu les parias contre leurs oppresseurs. »
À la suite de cette première exécution dans le département, le préfet de la Nièvre releva dans un rapport que « l’exécution par les Allemands de cinq communistes dont Louis Fouchère a fâcheusement indisposé la population et a sensiblement augmenté les ressentiments intimes de nos concitoyens à l’égard des militaires allemands de l’armée d’occupation ».
Son nom figure sur le monument de sa commune Varennes-Vauzelles ainsi que sur la plaque commémorative SNCF des Ateliers de Vauzelles "aux agents victimes de la guerre 1939-1945" (41 noms) et sur le monument aux 32 fusillés à Nevers. À la Bourse national du Travail de la CGT à Montreuil (Seine-Saint-Denis), son nom est gravé sur la plaque FTM.
Louis Fouchère et Camille Baynac sont devenus les emblèmes de la résistance communiste dans la Nièvre.
Chaque année l’UD-CGT, en partenariat avec l’ANACR, commémore, le 12 janvier, sa mémoire, celle des fusillés et des résistants. Le Parti communiste fait de même.
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Dernière lettre
 
Prison de Nevers, 12 janvier 1942
 
Ma chère femme, ma chère fille,
J’apprends à l’instant même que je dois être fusillé ce soir. Je mourrai comme j ai toujours vécu, en honnête homme.
Ma femme chérie, depuis notre union, aucune ombre, quelle qu’elle soit, n’est venue troubler notre entente.
Aujourd’hui, tu peux lire dans ma conscience aiguisée. Je t’ai toujours respectée et aimée de toute mon âme, de tout mon cœur. Jamais rien n’est venu souiller cet amour. Je te demande, au nom de cet amour, de garder en toi mon souvenir le plus cher jusqu’au dernier moment. Il faudra que tu guides notre enfant dans la vie ; je regretté m’en aller trop tôt, car elle avait encore besoin de moi.
Ma chère femme, ma dernière pensée sera pour toi.
Mon enfant chérie, ton père te demande à son dernier moment d’aimer ta mère comme je l’ai toujours aimée, de la soulager, de la consoler, sois toujours honnête, c’est la meilleure voie dans la vie et ce qui donne le plus de satisfaction.
Mon dernier moment approche, je n’ai pas de volonté à dire. Je mourrai du crime d’avoir toujours aimé mon prochain plus que moi-même. J’ai durant toute ma vie défendu les parias contre les oppresseurs. Ma fille, inspire-toi de l’exemple de ma vie, c’est ma dernière volonté. Avant de mourir, mes chers êtres, je penserai à vous. Je suis le premier dans notre région et je souhaite être le dernier.
Un dernier adieu à ma famille et à tous ceux qui me sont chers. Embrassez bien ma pauvre vieille mère, le père.
À vous, mes deux amours, un dernier baiser. Soyez fortes, je vous en remercie. Adieu.

Nevers, champ de tir de Challuy (12 janvier 1942-30 juin 1944)
Sources

SOURCES : DAVCC Caen, BVIII (Notes Thomas Pouty). – SHD, GR 28 P 8 39 ( dossier n°9 ). – Le Prolétaire. – Pierre Demongeot, Les Francs-tireurs et partisans français du groupe Cher et Nièvre, Nevers, 1975. – Guy Krivopissko, La vie à en mourir. Lettres de fusillés 1941-1944, Tallandier, 2003. – État civil, Nevers.

Iconographie
ICONOGRAPHIE : Robert Cloix, De Varennes-les-Nevers... à Varennes-Vauzelles, Varennes, 1982.

Éliane Laurent, Annie Pennetier

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