Né le 24 juin 1911 à Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), guillotiné le 28 novembre 1944 à Munich (Allemagne)  ; chef de bureau  ; résistant au sein du réseau OCM-Centurie ; déporté NN.

Léon Javelot était le fils de Pauline Grolez (20 ans) journalière et de Léon Javelot (né en 1890) cantonnier à la Compagnie du Nord, domiciliés 66 rue de l’Usine à Biache Saint-Vaast (Pas-de-Calais), commune industrielle de fonderies. Il s’était marié le 22 juillet 1933 à Biache avec Georgette Pavy, née dans cette commune le 10 août 1912.
Titulaire d’un brevet industriel et CAP de dessinateur, il travailla comme chef de bureau à Fives-Lille (Nord) puis aux établissements Fourcy à Corbehem (Pas-de-Calais). Grand sportif, il créa avec Avec Émile Hure l’Union sportive biachoise.
En juillet 1942, il rejoignit la résistance au sein du réseau Centurie service de renseignement de l’Organisation civile et militaire OCM implanté dans le Pas-de-Calais depuis mai 1942 ; il remit son adhésion à Cauchoist. Chef de secteur de la résistance, actif propagandiste anti-allemand et gaulliste dans les usines, il participa à l’organisation des parachutages en liaison avec le Bureau des opérations aériennes BOA, notamment celui du 20 mai 1943 de Sailly-en-Ostrevent .
Léon Javelot fut arrêté avec trente résistants ou considérés comme tel lors de la rafle de la nuit du 13 au 14 septembre 1943, qui suivait les arrestations d’Arras et de Douai. L’Abwehr avait infiltré les réseaux.
Les prisonniers furent incarcérés à la prison de Cuincy (Nord) et interrogés par la SD de Douai (Nord). Personne ne parla mais Pierre Lesage y mourut sous la torture.
Léon Javelot fit partie du convoi du 18 octobre 1943 au départ de Loos-lès-Lille (Nord) à destination de la prison Saint-Gilles de Bruxelles (Belgique), puis fut interné en Allemagne sous statut "Nacht und Nebel" dans les prisons d’Essen, le 22 novembre 1943, d’Esterwegen (ouest de Brême), le 22 juin 1944 de Gross Strehlitz, de Kaisheim (nord d’Augsbourg), le 16 septembre 1944 à Straubing (Bavière), puis le 16 novembre 1944 à Munich-Stadelheim. Il avait été condamné par le tribunal du peuple (Volksgerichtshof VGH), le 16 septembre 1944 à Munich, avec chef d’accusation « avantages procurés à l’ennemi et préparatifs à haute trahison ».
Avec lui furent condamnés à mort d’autres membres de son réseau : Les gendarmes de Vitry-en-Artois, Louis Défontaine, Émile Delefosse et Pierre Seneuze, Eugène Dumont artisan- commerçant, René Grodecoeur ouvrier d’usine, Jules Jambart instituteur-secrétaire de mairie, André Serrure receveur percepteur, René Vazé ouvrier métallugurgiste.
Les neuf condamnés à mort furent guillotinés dans la prison de Munich le 28 novembre 1944 à partir de 16 heures, Léon Javelot le 5e à 16h08.
Les corps furent incinérés au crématorium de l’Ostfriedhof, les urnes furent rapportées à Vitry-en-Artois en mai 1947.
L’aumônier qui les avait assistés rapporta leurs dernières paroles et leurs lettres d’adieu furent retrouvées. Léon Javelot écrivit :
« Je dois vous dire que c’est avec un grand calme que j’ai appris ce matin de bonne heure que mon recours en grâce a été refusé ; comme vous le verrez ma main ne tremble pas pour vous écrire cette dernière lettre (...) un calme profond régnait en moi (...) si ma fin est tragique, elle est aussi glorieuse car je meurs parce que j’ai aimé ma patrie, et pour ma patrie, cette si belle France (...). Dis-lui (à son fils) que je mourrai courageusement en soldat, en pensant à lui. »

Le 31 décembre 1945, le colonel FFI Girard-Moreau écrivit « présumé fusillé par les Allemands ».
En mai 1947, Georges Detrez et Ambroise Stienne rapportèrent les neuf urnes furent quelque temps exposées dans le chœur de l’église Saint-Martin, en attente d’un monument.
Léon Javelot a été reconnu « Mort pour la France », et homologué déporté interné résistant DIR, mouvement Voix du Nord, OCM, réseau Centurie, RIF en 1948 remplacé par FFC en janvier 1950 (service validé à partir du 1er septembre 1943). Dans la résistance, il avait été P1 du 1er juillet 1942 au 13 septembre 1943 puis P2 le 14 septembre 1943, grade chargé de mission 3e classe et donc homologué sous-lieutenant à titre posthume, décret du 12 février 1947, parution au JORF 20 février 1947.
Il a été décoré de la Médaille de la Résistance avec rosette par décret du 14 juin 1946, paru au JO du 11 juillet 1946, et élevé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume le 25 octobre 1950, décret paru paru au JO du 3 novembre 1950.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Biache Saint-Vaast où un cross porte son nom tous les ans depuis 1945, ainsi que dans la crypte des décapités de Munich, située à la sortie de Vitry-en-Artois, en direction de Sailly-en-Ostrevent au lieu-dit « le Mont Métier », mémorial crypte, inauguré le 8 octobre 1950 par le général de Larminat.


Vitry-en-Artois (Pas-de-Calais), crypte des décapités de Munich le 28 novembre 1944
Sources

SOURCES : SHD, Vincennes, GR16P 307565. — AVCC, AC 21P 465507. — FMD, liste I.158. — Concours national scolaire sur la Résistance et la déportation, département du Pas-de-Calais, 1982, transmis par René Liétard à la demande de Christian Hermy, mars 2022.— État civil acte de naissance de Biache Saint-Vaast, 3E 128/20. — Geneanet, recensement 1921.

Annie Pennetier

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