Lors d’un déplacement de civils cherchant une aide médicale pour une blessée et portant un brassard blanc, une mitrailleuse allemande, placée sur un promontoire la route de Montvalezan, ouvrit le feu sur la fourgonnette et tua trois hommes et une femme.

Après le 24 août 1944, la situation était très tendue dans le secteur de Séez-Montvalezan. La route du col du Petit Saint-Bernard restait sous le contrôle étroit des Allemands.
Le 26 août, Henriette Jacquemoud, grièvement blessée par un éclat de mortier sur la route entre Séez et Montvalezan parvint à se réfugier à la cure de Montvalezan. Son frère,Hérald Jacquemoud, curé à la Gurraz, la rejoignit le 27 au matin pour la convoyer dans la vallée, à Séez afin qu’elle puisse être prise en charge médicalement et transférée sur Albertville. Le transport devait s’effectuer à bras d’hommes.
La présence inattendue dans le village d’une fourgonnette de chantier allait faciliter l’évacuation. Son propriétaire Alexis Paviet, entrepreneur à Centron (en aval d’Aime, Tarentaise), avait été réquisitionné par les Allemands pour acheminer du matériel jusqu’en Italie, puis libéré. Avec lui, un compagnon d’infortune, Emile Derrion, agriculteur à Laissaud, qui s’était vu contraint de transporter du matériel allemand jusqu’à La Thuile dans le Val d’Aoste, soit près de 150 kilomètres avec son char tracté par son cheval.
Le convoi partit vers midi avec sept personnes dans le véhicule. Alphonsine Merendet et Marguerite David qui avaient fui Séez dans les jours précédents souhaitaient retourner dans leur village et s’installèrent dans la remorque en compagnie de l’abbé Jacquemoudet de sa sœur étendue sur un brancard. À l’avant un jeune abbé, Lubin Gaidet était debout sur le marchepied du véhicule avec un brassard blanc pour prévenir tout malentendu en cas de contrôle.
À environ un kilomètre du village, au lieu dit La Provenchère, le véhicule fut stoppé par un barrage de sapins érigé par les Allemands. Alors que l’abbé Gaidet venait de partir en direction de Montvalezan pour chercher de l’aide, une mitrailleuse allemande, placée sur un promontoire permettant de surveiller la route du col et la route de Montvalezan, ouvrit le feu sur la fourgonnette.
Lubin Gaidet échappa aux tirs et décida de rejoindre Bourg-Saint-Maurice pour demander du secours. Mais il fut impossible de tenter de porter aide aux victimes, les risques étant trop grands.
Ce n’est qu’à la nuit tombée que des hommes de Montvalezan descendirent jusqu’à la Provenchère.
Là ils découvrirent trois victimes : Alphonsine Merendet avait été tuée dans la remorque et Emile Derrion à l’avant du véhicule. On retrouva l’abbé Hérald Jacquemoud en contrebas de la route. Blessé à la jambe, il était mort d’une hémorragie. Sa sœur Henriette bien que touchée une nouvelle fois était vivante. Les deux autres passagers, Alexis Paviet et Marguerite David étaient parvenus à s’enfuir.
L’abbé Gaidet rédigea en 2008 un récit circonstancié de ce drame, reconstituant le parcours de chacun des protagonistes.
Une stèle a été érigée en bordure de la route D 84. Elle n’indique que le nom de l’abbé Jacquemoud.
Sources

SOURCES : Arch.dép. Savoie 1382 W 232. — Lubin Gaidet, Drame sur la route de Montvalezan, 13 p., 2008.— Remerciements à Jean-Paul Bergeri responsable des archives diocésaines de Moûtiers.

Michel Aguettaz

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