Né le 2 février 1914, mort des suites de blessures le 19 août 1944 à Lupiac (Gers) lors d’un combat contre les forces allemandes d’occupation

D’après un dossier « Torres Salvador » au SHD (Service historique de la Défense, Vincennes), il serait né le 14 janvier 1914. Salvador Torres était le fils d’Emilio et de Francisca Solano. Nous ignorons dans quelles circonstances il s’installa dans le Gers. En 1944, Salvador Torres habitait Mouchan (Gers), au nord du département, à l’ouest de la petite ville de Condom.
Il intégra, pendant l’Occupation allemande, la 35e brigade de l’Agrupación de guerrilleros españoles, bras armé de ll’Unión nacional española (UNE), organisation « de masse » — en France — du Parti communiste d’Espagne (PCE) clandestin en France, comparable au Front national (organisation impulsée par le PC français). UNE ET AGE affirmaient vouloir renverser le régime franquiste après la libération du territoire français. José Diaz avait été le premier organisateur de l’UNE dans le Gers. Tomás Guerrero, qui s’était évadé du camp du Vernet-d’Ariège (Ariège) la 4e brigade de l’AGE (Tarn-et-Garonne) organisa tardivement (mars-avril 1944) la 35e brigade départementale de l’AGE, celle du Gers, à partir de volontaires recrutés par l’UNE du département. Armés par la Résistance française, ces volontaires furent opérationnels vers le 6 juin 1944. Mais la formation tardive de la 35e brigade amena Guerrero à s’associer à l’AS (Armée secrète) et à l’ORA (Organisation de résistance de l’Armée) du Gers. Cependant, des Espagnols résistants du Gers (anarchistes, socialistes, nationalistes catalans et basques, résidents d’avant 1939 ou réfugiés de la Retirada refusant d’intégrer une formation dirigée par le PCE, demeurèrent dans les rangs des groupes armés de l’AS et/ou de l’ORA.
En juin 1944, un important maquis fut constitué près de Castelnau-sur-l’Auvignon (Gers), à l’est de Condom : il rassembla des résistants des Corps francs de la Libération (CFL, nouvelle appellation de l’AS, de guérilléros alors commandés par Tomás Guerrero Ortega et d’un détachement FTP-MOI de la 35e brigade « Marcel Langer » (Toulouse) commandée par Enzo Lorenzi. Salvador Torres fut l’un des combattants de ce maquis au titre de la 35e brigade de l’AGE.
Ce maquis ne pouvait qu’inquiéter les forces d’occupation. Le 21 juin 1944, une colonne allemande du Heer (environ 540 hommes dotés d’armes lourdes) affronta le maquis à partir de l’aube. La résistance des maquisards fut très vive permit d’évacuer la population civile. Pendant ce combat, les Espagnols se firent remarquer par leur combattivité dans une action de retardement qui facilita l’évacuation de la population civile et le repli du poste de commandement du maquis et le transport des blessés en lieu sûr. Les Allemands finirent par pénétrer dans le village où l’explosion, provoquée par les maquisards, de la tour médiévale du château qui leur servait de dépôt de munitions marqua, à la mi-journée, la fin des combats. Les pertes furent lourdes pour les résistants (cf. la notice consacrée au combat de Castelnau-sur-l’Auvignon). Les guérilleros perdirent huit combattants. Sept furent tués pendant le combat.
Le huitième, Salvador Torres fut grièvement blessé. Transporté à Lupiac (Gers), il y mourut des suites de ses blessures le 19 août 1944. Il fut évacué loin de Castelnau-sur-l’Auvignon, dans la commune natale de d’Artagnan, au centre-ouest du Gers. Le dossier non consulté du Service historique de la Défense (SHD) au nom de « Salvador Torres » pourrait être celui d’un homonyme, né à Barcelone une date proche mais différente.
Salvador Torres reçut la mention « Mort pour la France ». Son nom figure sur le monument aux morts de Mouchan, son village de résidence. Il a aussi été gravé sur une des plaques du monument aux morts français (Première et deuxième guerres mondiales) de Castelnau-sur-l’Auvignon où figurent les noms de quinze combattants de l’AGE tués principalement dans le Gers, mais aussi dans le Lot-et-Garonne.
Son corps fut inhumé au cimetière communal de Mouchan.
Une rue Salvador-Torres fut inaugurée solennellement à Mouchan le 17 août 2014 en présence d’associations d’anciens résistants, parmi lesquels ceux de l’Amicale des anciens guerrilleros. Des discours furent prononcés dont celui du sénateur du Gers, maire de Fleurance, Raymond Vall (radical de gauche, fils de réfugiés républicains espagnols), sur la tombe de Salvador Torres.
Voir Castelnau-sur-l’Auvignon (Gers) : 21 juin 1944
Sources

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16 P 574052 (n.c) Cette cote est peut-être celle de Salvador Torres Solano, peut-être celle d’un homonyme (Salvador Torres). — Narcisse Falguera (dir.), Guérilleros en terre de France les républicains espagnols dans la Résistance française, Pantin, Le temps des cerises, 2004, 316 p. [p. 131-132]. — Bulletin de l’Amicale des anciens guerrilleros espagnols (FFI), 135, septembre 2014, p. 4. — Sites Mémoire des Hommes, MemorialGenWeb consultés le 19 novembre 2022.

André Balent

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