Né le 18 octobre 1879 à Buzet-sur-Baïse (Lot-et-Garonne), exécuté sommairement le 22 juin 1944 à Buzet-sur-Baïse ; propriétaire-exploitant ; résistant de l’Armée Secrète (AS), Forces françaises de l’Intérieur (FFI).

Jean Neuville était le fils de Martial Neuville, propriétaire, alors âgé de 38 ans, et de son épouse Marguerite née Lafitte, sans profession, âgée de 26 ans. Il fit des études de philosophie. Le 1er avril 1913, à Buzet-sur-Baïse, il épousa Henriette Sarah Jeanne Bancharel. Il accomplit son service militaire au 20e RI et fut promu sergent en 1903. Mobilisé le 4 août 1914 dans le 20e RI puis le 220e RI, il fut fait prisonnier le 8 mars 1916 à Béthincourt (Meuse) au cours de la bataille de Verdun. Interné à Stuttgart, il fut rapatrié le 15 janvier 1919.
En 1921, il était propriétaire exploitant et habitait avec son épouse et sa fille Madeleine, née en 1914, à Mandurray, un lieu-dit de Buzet-sur-Baïse (Lot-et-Garonne) dans le quartier de Haute-Plaine. En 1936, Jean Neuville et sa femme y résidaient toujours.
Jean Neuville rejoignit le Bataillon de Marche néracais de l’AS (service homologué à compter du 1er janvier 1943), sans pour autant passer à la clandestinité. Il fut l’une six victimes du massacre du 22 juin 1944 à Buzet-sur-Baïse, accusé d’avoir participé à la réception de parachutage d’armes à Ambrus (Lot-et-Garonne). Son gendre, René ou André Dupouy, communiste, était le chef départemental du Front national de Libération.
Le 22 juin 1944, en représailles à un sabotage du maquis, Buzet-sur-Baïse fut occupé par un important détachement de Waffen-SS du régiment Deutschland de la 2e Panzerdivision Das Reich venant d’Aiguillon (Lot-et-Garonne) et dirigé par le commandant Willy Dusenschön. Selon les historiens Guy Penaud (La Das Reich, op. cit. pp. 447-448) et François Frimaudeau (Les évènements de Buzet-sur-Baïse, op. cit.), les faits se déroulèrent de la manière suivante.
Après avoir rassemblé et interrogé les hommes sur la place du village, (nous reprenons ici récit de Guy Penaud) les SS « arrêtèrent […] le curé de la paroisse, l’abbé Laborie, et six autres habitants, Pierre Ruchaud, 49 ans, facteur à Aiguillon, son gendre, Armand Sainte-Lagüe, 32 ans, et Justin Laffon, 58 ans, (tous les trois suspectés d’être des « chefs communistes »), Jean Neuville, 65 ans […], Giovanni Costalunga, 37 ans, qui avait déserté l’organisation Todt, et le menuisier Louis Dassy, qui ne dut son salut qu’à l’intervention du président de la Délégation spéciale (en fait le maire), Simon Adam, qui réussit à le faire libérer. À ces six Buzéquais, les SS ajoutèrent André Boudey, 35 ans, cafetier à Damazan (Lot-et-Garonne), arrêté alors qu’il travaillait sa vigne et qui ne put présenter ses papiers d’identité restés dans sa veste au bout du rang. Tous furent embarqués à la sortie du village, sur la route de Damazan. Là, on les fit tous descendre à l’exception de l’ecclésiastique qui, demeuré dans le camion (ou un autobus, selon les sources), vit ses compagnons d’infortune abattus à coups de mitraillette vers 15h15 " contre un mur d’une maisonnette en mauvais état au milieu d’une ancienne vigne, précise François Frimaudeau.
Jean Neuville fut homologué résistant. Son nom est inscrit avec ceux des cinq autres victimes du massacre du 22 juin 1944, route de Damazan, sur le mur de la maisonnette (dite « cabane des fusillés »), où une plaque principale porte l’inscription "Six Patriotes Buzéquais furent sans jugement fusillés en ce lieu par les Allemands le 22/06/1944". Elle surmonte six plaques nominatives. Les noms des victimes sont aussi gravés sur le Monument commémoratif 1939-1945 érigé dans le centre-ville.


Voir Buzet-sur-Baïse (Lot et Garonne), juin-juillet 1944
Sources

SOURCES : Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 442538 (nc). — Arch. Dép. Lot-et-Garonne, recensement Buzet-sur-Baïse, 1921, p. 17 et 1936, p. 19. — François Frimaudeau, Les évènements de Buzet-sur-Baïse (22 juin 1944), in La Résistance en Lot-et-Garonne, CD-Rom AERI, 2011. — Guy Penaud, La Das Reich, 2e SS Panzerdivision Das Reich, Périgueux, La Lauze, 2005, p. 447-448. — Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Geneanet. — Arch. dép. de Lot-et-Garonne en ligne.

Dominique Tantin, François Frimaudeau, Guy Penaud

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