Né le 8 mars 1895 à Sainte-Flaive-des-Loups (Vendée), exécuté sommairement le 22 juin 1944 à Buzet-sur-Baïse (Lot-et-Garonne) ; facteur des PTT ; résistant d’un réseau renseignement et action des PTT, homologué Forces Françaises combattantes (FFC)

Plaque commémorative apposée sur le mur de la Poste d'Aiguillon (Lot-et-Garonne)
Plaque commémorative apposée sur le mur de la Poste d’Aiguillon (Lot-et-Garonne)
Crédit : MémorialGenWeb.
Clément Pierre (qui semble être son prénom d’usage) Ruchaud naquit dans une commune de Vendée située entre La Roche-sur-Yon et Les Sables-d’Olonne. Il était fils naturel de Marie Angélique Ernestine Bureau, servante, née le 30 octobre 1877 à Sainte-Flaive-des-Loups, alors âgée de 17 ans. Il fut légitimé par le mariage de sa mère le 13 janvier 1897 à Sainte-Flaive-des-Loups avec Pierre Eugène Ruchaud, carrier, né le 4 juin 1873 à Les Clouzeaux, aujourd’hui Aubigny-Les Clouzeaux (Vendée). De cette union naquirent deux autres enfants, Gabriel Louis Joseph (1898-1970) et Fernand Léon Valentin né en 1903. À cette date, la famille s’était établie à Villefranche-du-Queyran dans le Lot-et-Garonne.
Clément Ruchaud exerçait la profession de cultivateur lorsqu’il fut, ainsi que son père, mobilisé en août 1914. Les deux hommes survécurent à la Grande Guerre, mais Clément Ruchaud, soldat au 11e RI, fut gravement blessé. Il fut cité à l’ordre du régiment le 30 juillet 1916 et décoré de la Croix de Guerre avec étoile de bronze au motif suivant : « soldat plein d’entrain et de bravoure, a été blessé le 21 juillet en allant à l’assaut des tranchées ennemies. Fracture de l’humérus gauche par éclat d’obus. »
Il fut réformé avec une pension de 50% renouvelée définitivement en 1920.
De retour en Lot-et-Garonne, alors ouvrier agricole, il s’installa dans la commune de Nicole où il épousa le 3 janvier 1919 Louise née Hygonel née le 9 juillet 1898 à Villefranche-du-Queyran (Lot-et-Garonne). De cette union naquit en 1922 une fille prénommée Pierrette (morte le 5 mars 2015 à Rochefort-sur-Mer, en Charente-Maritime). Clément Ruchaud devint ensuite facteur des PTT. Au recensement de 1936, la famille était domiciliée 28 Boulevard de la République à Buzet-sur-Baïse (Lot-et-Garonne). Il fut rappelé en mars 1940 et affecté spécial aux PTT.
Facteur en fonction à Aiguillon (Lot-et-Garonne) en 1944, il rejoignit la Résistance dans son administration, en tant que membre de l’état-major du réseau de renseignement et d’action des PTT (FFC), un recrutement correspondant pleinement au principe de fonctionnalité mis en évidence par l’historien François Marcot.
Le 22 juin 1944, en représailles à un sabotage du maquis, Buzet-sur-Baïse fut occupé par un important détachement de Waffen-SS du régiment Deutschland de la 2e Panzerdivision Das Reich venant d’Aiguillon (Lot-et-Garonne) et dirigé par le commandant Willy Dusenschön. Selon les historiens Guy Penaud (La Das Reich, op. cit. pp. 447-448) et François Frimaudeau (Les évènements de Buzet-sur-Baïse (22 juin 1944), op. cit.), les faits se déroulèrent de la manière suivante.
Après avoir rassemblé et interrogé les hommes sur la place du village, (nous reprenons ici le récit de Guy Penaud) les SS « arrêtèrent […] le curé de la paroisse, l’abbé Laborie, et six autres habitants, Clément Pierre Ruchaud, 49 ans, facteur à Aiguillon, son gendre, Armand Sainte-Lagüe, 32 ans, et Justin Laffon, 58 ans, (tous les trois suspectés d’être des « chefs communistes ») [selon sa fiche sur MémorialGenWeb, Clément Ruchaud aurait été accusé « d’espionnage et d’aide au maquis »], Jean Neuville, 65 ans […], Giovanni Costalunga, 37 ans, qui avait déserté l’organisation Todt, et le menuisier Louis Dassy, qui ne dut son salut qu’à l’intervention du président de la Délégation spéciale (en fait le maire), Simon Adam, qui réussit à le faire libérer. À ces six Buzéquais, les SS ajoutèrent André Boudey, 35 ans, cafetier à Damazan (Lot-et-Garonne), arrêté alors qu’il travaillait sa vigne et qui ne put présenter ses papiers d’identité restés dans sa veste au bout du rang. Tous furent embarqués à la sortie du village, sur la route de Damazan. Là, on les fit tous descendre à l’exception de l’ecclésiastique qui, demeuré dans le camion (ou un autobus, selon les sources), vit ses compagnons d’infortune abattus à coups de mitraillette vers 15h15 » contre le mur d’une maisonnette en mauvais état au milieu d’une ancienne vigne précise François Frimaudeau.
Clément Ruchaud fut homologué résistant des Forces françaises combattantes (FFC). La Médaille de la Résistance lui fut décernée à titre posthume par décret en date du 31 mars 1947 (JO du 29 janvier 1948).
Son nom est inscrit avec ceux des cinq autres victimes du massacre du 22 juin 1944, route de Damazan, sur le mur de la maisonnette (dite « cabane des fusillés »), où une plaque principale porte l’inscription : "Six Patriotes Buzéquais furent sans jugement fusillés en ce lieu par les Allemands le 22/06/1944". Elle surmonte six plaques nominatives. Les noms des victimes sont aussi gravés sur le Monument commémoratif 1939-1945 érigé dans le centre-ville. À Aiguillon, Clément dit Pierre Ruchaud a son nom inscrit sur une plaque commémorative apposée sur le mur de la Poste et sur le monument aux morts communal.
Louise Ruchaud, son épouse, est décédée le 22 février 1982 à Buzet-sur-Baïse.


Voir Buzet-sur-Baïse (Lot et Garonne), juin-juillet 1944
Sources

SOURCES : Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 527324 et AVCC, Caen, AC 21 P 395816, dossier de victime civile (nc). — François Frimaudeau, Les évènements de Buzet-sur-Baïse (22 juin 1944), in La Résistance en Lot-et-Garonne, CD-Rom AERI, 2011. — Guy Penaud, La Das Reich, 2e SS Panzerdivision Das Reich, Périgueux, La Lauze, 2005, p. 447-448. — Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Geneanet. — Arch. dép. de Lot-et-Garonne et de Vendée en ligne.

Dominique Tantin, François Frimaudeau, Guy Penaud

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