Né le 23 août 1919 à Paris (XIIe arr.), fusillé comme otage le 7 mars 1942 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; employé fourreur ; militant communiste ; résistant.

Fils de Jacob Feldman, fourreur et de Rachel, Armand Feldmann était un des cinq enfants d’une famille juive russe réfugiée en France en 1905. Il vivait chez ses parents 16 rue Édouard-Robert, Paris XIIe arr. Il adhéra aux jeunesses communistes en 1936, y milita quelques mois. Il travailla comme employé fourreur dans une maison de la rue de Maubeuge, Paris IXe. En avril 1940, il fut à Auxerre (Yonne), incorporé dans un régiment des transmissions à Dijon (Côte-d’Or), démobilisé à la fin juin. Il reprit son travail de fourreur, poursuivit son activité militante, diffusant des tracts, écrivant des mots d’ordre sur les murs.
Armand Feldmann fut interpellé le 26 janvier 1941 en même temps que son frère Jean par des inspecteurs des Renseignements généraux, alors qu’il était en possession de tracts du Parti communiste. Lors de la visite domiciliaire qui suivit, les policiers saisirent un rouleau de papier gommé et des morceaux de craie. Inculpé pour infraction au décret du 26 septembre 1939 portant interdiction du Parti communiste, il fut incarcéré à la prison de la Santé (Paris XIIIe arr.). Il comparut le 30 mai 1941 devant la 15e chambre correctionnelle, fut condamné à huit mois de prison puis transféré à la prison de Fresnes (Seine,Val-de-Marne).
Le lendemain, sa mère Rachel écrivit au préfet de la Seine : « Je viens vous supplier de faire gracier mon fils Armand ». Elle assurait qu’il « ne s’était pas occupé du tout de politique depuis son retour » de l’armée. Elle faisait part des difficultés matérielles auxquelles elle était confrontée, son mari ancien combattant de 1914-1918 étant dans l’incapacité de travailler depuis de nombreuses années. Elle demandait sa libération : « J’espère Monsieur le Préfet que vous aurez pitié de mon enfant et de moi-même. […] J’espère que mes larmes trouveront un écho dans votre cœur et que bientôt je pourrais embrasser mon fils ». La requête fut transmise aux Renseignements généraux sans résultat. Armand Feldmann resta en prison.
Le 1er juin, il fut emmené et interné administrativement au camp de Choisel à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). Le 7 mars 1942, des soldats allemands vinrent chercher Armand Feldmann et Robert Douvillez pour les emmener à Nantes et les passer par les armes, dans cette ville, en représailles à un attentat contre un soldat allemand. Le registre d’écrou de la prison Lafayette de Nantes n’indique pas de date d’entrée précise seulement 1942 mais sa « sortie 7 mars motif : fusillé, motif de l’internement : juif ». La dernière lettre de Robert Douvillez se termine par : « Fait à Nantes à 1 heure de l’après-midi » et indique que l’exécution aura lieu à 4 heures. Dans les archives de la DACC, la mention de la prison de Nantes n’est pas indiquée pour Feldmann et il est écrit, par erreur, que Feldmann et Douvillez ont été passés par les armes à Châteaubriant.
Le maire de Notre-Dame-des-Landes, commune situé à 18 km de Nantes, témoigna le 4 novembre 1944 que deux inconnus avaient été inhumés dans le cimetière de sa commune début mars 1942. Le 11 décembre 1944, l’interprète de la Préfecture de Nantes Edmond Duméril écrivit que dans les archives du Camp de Choisel à la Kreiskommandantur de Châteaubriant, à la date du 7 mars 1942, se trouve l’ordre de livrer à la Felgendarmerie, Armand Feldmann et Robert Douvillez et que le Ministère des prisonniers, déportés, et réfugiés en date du 5 décembre 1944 certifie la fusillade de M.M. Douvillez et Feldmann le 7 mars 1942 en représailles d’un attentat commis à Paris.
Armand Feldmann fut inhumé dans le cimetière communal de Notre-Dame-des-Landes avec Robert Douvillez. La date de sa mort n’a pas été reportée sur l’acte d’état civil du XIIe arr. Il a été reconnu "Mort pour la France" en avril 1947 et homologué résistant.
Le frère d’Armand, Michel Feldmann fut un résistant important. Un autre frère, Jean Feldmann né le 8 juillet 1923 mourut en déportation le 8 février 1942 à Auschwitz.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., 77W 1 ; KB 100. — Arch. DAVCC Caen, otage B VIII dossier 3 (notes de Th. Pouty). — Arch. Dép. Loire-Atlantique, 1694 W 44 où il est précisé "ne figure pas sur la liste des personnes fusillées à Nantes au cours des années 1942-43-44" ; incarcérations ordonnées par les autorités allemandes 1305W 41 consulté par Olivier Guivarc’h, 2022. — Arch. Dép. Loire-Atlantique, Affaire Feldmann/Douvillez, pièce 16.507 D communiquée par Jean Chauvin, avril 2018. — Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-inférieure 1940-1945, 2001. – État civil, Paris XIIe. — Renseignements communiqués par Carlos Fernandez le 1er juillet 2015 (fiches des Arch. Dép. Loire-Atlantique, 27 J 58) et en février 2018. — FMD. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 219991 (nc)

Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, Annie Pennetier

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