Né le 28 août 1903 à Concoret arrondissement de Vannes (Morbihan), fusillé comme otage le 15 décembre 1941 à Caen (Calvados) ; facteur des PTT ; militant syndicaliste CGT ; militant communiste.

Paul Vaguet
Paul Vaguet
Le père de Paul Vaguet qui était cantonnier mourut en 1905 et sa mère, ouvrière à la journée, se remaria en 1908 avec un bûcheron. Paul Vaguet commença à travailler à l’âge de onze ans et demi et fut d’abord domestique de ferme avant d’être commis maraîcher de treize à quinze ans. Les quatre années suivantes, il fut de nouveau domestique de ferme en même temps que manœuvre sur des chantiers. Après son service militaire effectué comme 2e classe à Rennes, il vint travailler dans les hôpitaux parisiens mais dut interrompre pour raisons de santé.
Après une année et demie comme employé de garage, il devint facteur des postes le 1er avril 1928 à la recette de la rue du Louvre. Il épousa Andrée Gallifa en décembre 1928 à Paris (IIe arrondissement). Confectionneuse, militante communiste, Andrée était la fille d’un ouvrier métallurgiste et d’une concierge. Le couple eut trois enfants.
Vaguet adhéra au Parti communiste en novembre 1933 lors d’une assemblée de sympathisants de la Recette principale. Il milita à la cellule 120 des PTT, région Paris-Ville. Il fut nommé membre du bureau de se cellule puis membre. Secrétaire de section en 1936, il participa à trois conférences régionales puis au congrès national d’Arles (décembre 1937). Dans son autobiographie il consacrait une page entière à attaquer les trotskystes « traîtres irréconciliables » mais affirmait n’en connaître aucun, se contentant « fautes de preuves » de citer le nom d’un exclu du PC employé à la Samaritaine.
Vaguet suivit une école régionale communiste en mars 1936. Il fut syndiqué, d’abord à la Fédération postale unitaire, puis à la Fédération unifiée CGT. Il siégeait à la CE de la section syndicale de la Recette principale dont il était trésorier. Par ailleurs il adhérait aux AUS, à Paix et Liberté et était membre du Comité de Front populaire du 1er arr.
En mars 1941, il était membre du triangle de direction de la région P2 du PCF avec Rol-Tanguy* et Émile Laprade*. Le 30 août 1941 vers 18 heures 30, un brigadier des gardiens de la paix du commissariat Saint-Vincent-de-Paul (Xe arr.) habillé en bourgeois remarquait la présence de deux hommes (Paul Vaguet et Henri Darracq) qui parlaient à proximité d’un avertisseur de police situé à l’angle de la rue de Maubeuge et du boulevard de la Chapelle. Il remarqua que l’un d’eux (Vaguet) relevait les cotes de l’avertisseur qu’il notait sur un carnet. Ils allèrent ensuite à l’angle du boulevard de la Chapelle et de la rue Louis-Blanc où ils parlèrent avec deux autres hommes. Le brigadier et un gardien de la paix les appréhendèrent sur le pont Louis Blanc, Henri Darracq jeta à terre un papier froissé qu’un policier ramassa.
Emmené au commissariat ils furent interrogés. Sur le papier chiffonné, un rendez-vous « Mocquin demain 11 h 60 faubourg Saint-Denis ou lundi 18 h 30 même endroit ». Deux inspecteurs de la BS2 des Renseignements généraux allèrent au rendez-vous… personne ne se présenta.
Fouillé dans les locaux du commissariat, les policiers trouvaient sur Paul Vaguet plusieurs tracts et papiers : le « Bulletin d’information » n° 1 du 20 août 1941, un tract « Les Patriotes Français » signé du Front National de lutte pour l’indépendance de la France, deux exemplaires de La Vie Ouvrière n° 50 du 22 août 1941, une note dactylographiée sur l’organisation des sections avec des instructions pour la propagande, la trésorerie, la solidarité, l’organisation de masse, les syndicats et la politique. Des plans de plusieurs quartiers avec des itinéraires tracés, une liste portant en en-tête « Armée » avec les noms d’une douzaine d’administrations et de sites industriels dont une usine à gaz.
Interrogé, Paul Vaguet affirma avoir repris de l’activité au sein du parti communiste depuis deux mois, et ignorer que Darracq était communiste. Des policiers perquisitionnèrent son logement 110 rue d’Aboukir (IIe arr.), étaient saisis : « deux carnets de souscription de l’Union des syndicats », une note avec en en-tête « Gambetta », deux feuilles intitulée : « Organisation des sections », trente-trois papillons barrés de tricolore et de la faucille et du marteau, « Libération », l’Humanité n° 122, La Vie ouvrière du 26 juillet 1941, « Un évènement politique considérable », « Aux métallurgistes de la Région Parisienne », « Combat organe des ouvriers des Usines Citroën », et une douzaine d’images d’Épinal intitulés « La vingaullite ». Interrogé au sujet des tracts trouvés chez lui, Paul Vaguet répondit les avoir « gardés par négligence ». Quant aux images d’Épinal, ses enfants les auraient rapportés pour s’amuser.
Inculpé pour infraction au décret du 26 septembre 1939, Paul Vaguet était incarcéré à la prison de la Santé le 1er septembre 1941. Auditionné par un magistrat le 8 septembre 1941, il affirma que son rôle était celui d’un agent de liaison « je reçois des papiers et je les transmets suivant les instructions qui me sont données verbalement ». Quant à « Darracq [c’] est un ami de longue date avec lequel j’entretiens des relations qui n’ont aucun caractère politique, j’ignore si de son côté il a repris de l’activité, je n’ai jamais parlé de cela avec lui ». Quant à la rencontre avec lui, c’était un « hasard ».
Condamné le 8 octobre 1941 pour « activités communistes » à une peine de travaux forcés à perpétuité par le tribunal de la section spéciale de Paris, il fut envoyé à la prison centrale de Caen. Le 13 décembre 1941, les autorités militaires allemandes le désignèrent comme otage en représailles de plusieurs attentats commis en région parisienne. Il fut fusillé le 15 avec douze de ses camarades dans l’enceinte de la caserne du 43e régiment d’artillerie de Caen.
Après la Libération une stèle était érigée dans la cour du 43e Régiment d’artillerie à Caen : « Au cours de l’occupation nazie les patriotes dont les noms suivent ont été fusillés dans cette enceinte par les hordes allemandes », cinquante-huit noms furent gravés dont celui de Paul Vaguet. Il fut homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), Interné résistant.
Son épouse, Andrée Vaguet, employée des PTT, fut candidate aux élections municipales de 29 avril 1945 à Paris, dans le 4e secteur, sur la Liste d’Union patriotique républicaine et antifasciste, avec la mention « Veuve de fusillé par les Allemands »
Sources

SOURCES : RGASPI, Moscou, 4952702536, autobiographie du 31 octobre 1938. – AN Z/4/8 (dossier 97). – Arch. PPo. BS GB 59, 77W 1731. – Bureau Résistance, GR 16 P 582014. – DAVCC Caen, BVIII. – Centre de recherche d’histoire quantitative, Livre mémorial des victimes du nazisme dans le Calvados, Conseil général du Calvados et Archives départementales, 2004. – Emmanuel Fleury, La Participation des postiers parisiens à l’insurrection nationale, Paris, 1944. – Cahiers de l’Institut CGT d’histoire sociale, n°12, décembre 1984. — Site Internet de l’Office national des anciens combattants (ONAC) du Calvados. – Renseignement communiqué par Jean-Pierre Hemmen. – Note de Jean-Pierre Besse. – État civil.

Daniel Grason, René Lemarquis, Claude Pennetier

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