Né le 11 février 1909 à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine), fusillé le 23 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; chaudronnier ; résistant FTPF.

Fils de Louis Dir et de Louise Lour, Louis Dir épousa Germaine Simon en 1932 ; un enfant naquit l’année suivante. La famille habitait 42 rue du Landy à Clichy (Seine, Hauts-de-Seine). Électricien de profession, Louis Dir travaillait comme chaudronnier à l’usine Chausson de Gennevilliers. En 1939, il fut mobilisé au 1er dépôt des équipages et bientôt affecté à bord du croiseur La Motte-Picquet. Le 17 avril 1940, alors qu’il était encore sous les drapeaux, des policiers du commissariat de Clichy perquisitionnèrent son domicile, sa femme étant soupçonnée d’activités communistes.
Fin 1942, l’un de ses collègues d’atelier, André Janssoone, lui proposa d’adhérer aux Francs-tireurs et partisans, « une organisation qui groupait des Français de toutes tendances, [...] qui ne s’occupait nullement de politique [...] et dont le but était de libérer le territoire. [...] Aucun des individus avec lesquels j’ai été en rapports ne m’a dit que l’organisation à laquelle je venais d’adhérer était une organisation communiste ».
André Janssoone présenta alors Louis Dir à un inconnu, qui le présenta à son tour à Guyot (Claudius Müllembach). Ce dernier le mit en contact avec un membre du service des cadres qui lui demanda une biographie. Quelque temps plus tard, Guyot l’affecta au groupe de Garnier (Pierre Schlup) qui lui attribua le numéro matricule 6021 et le pseudonyme de Bibi. Guyot lui remit également un pistolet automatique, mais il ne voulut pas le conserver. Le 4 février 1943 vers 23 heures, il accompagna Claudius Mullembach pour incendier une baraque en bois utilisée autrefois par la DCA allemande, avenue Laurent-Cély à Asnières.
Après l’arrestation de Pierre Schlup, les policiers des Renseignements généraux parisiens réussirent à lui faire avouer qu’il dirigeait un « groupe de destruction » comptant parmi ses membres « un nommé Bibi qui travaillait aux usines Chausson », les deux autres membres étaient Gabriel Delbonnel (Marius) et Louis Vion « Didi ». Ils enquêtèrent et finirent par identifier Louis Dir. Le 24 mars 1943 à 19 heures, quatre inspecteurs de la BS2 l’interpelèrent à la sortie de son travail, bien qu’il se défendît d’avoir jamais appartenu au PCF ni pris part à d’autre action que l’incendie de la baraque.
André Janssoone lors de son arrestation le 1er avril 1943 confirma la façon dont il avait recruté Louis Dir : « J’ignorais que l’organisation pour laquelle j’ai recruté, inconsciemment d’ailleurs, était essentiellement communiste. Je n’ai jamais eu d’attaches avec le Parti communiste et je suis membre des Jeunesses ouvrières chrétiennes. » Le président de cette organisation fut reçu par le commissaire divisionnaire René Hénoque qui dirigeait la Brigade spéciale no 2. L’homme était professeur au cours technique de Levallois-Perret. Il était au rendez-vous où le premier contact avait été pris avec deux jeunes de la JOC dans un café de Clichy.
Un homme nommé Vincent, accompagné d’une femme, proposait comme mode d’action l’attaque de gardiens de la paix pour leur subtiliser leurs armes, il demandait la signature par les futurs recrutés d’un « Code d’honneur ». Cette organisation apparut au professeur comme une « société secrète ». Il chapitra les pressentis. Janssoone avait fini, malgré les mises en garde, par accepter. Le président estimait que Janssoone : « a agi par pure faiblesse car il n’a pas osé dire à son recruteur en jupon qu’elle le laisse en paix ». Il signala à Hénoque que celle-ci était une jeune fille rousse âgée de dix-huit à vingt ans qui demeurait dans la même ville.
Louis Dir fut livré aux Allemands le 3 avril 1943 et incarcéré à Fresnes. Jugé et condamné à mort le 5 octobre 1943 par le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), il fut passé par les armes le 23 octobre 1943 au Mont-Valérien.
À la Libération, Germaine Dir témoigna le 16 mars 1945 devant la commission d’épuration de la police, elle déclara : « À la prison de Fresnes [il] m’a dit avoir été frappé pendant son séjour à la préfecture de police. Il ne m’a pas spécifié quels étaient les tortionnaires. Une perquisition négative a été effectuée à mon domicile après l’arrestation de mon mari, je les considère comme responsables de sa mort. » Elle porta plainte.
Louis Dir fut inhumé après-guerre au cimetière de Clichy, dans le carré des fusillés. Son nom figure sur le monument des fusillés et des morts en déportation, place de la République à Clichy. À titre posthume Louis Dir fut déclaré « Mort pour la France » par le ministère des Anciens Combattants. Il a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Interné résistant.
Sources

SOURCES : Arch. CCCP du PCF (Notes Jean-Pierre Ravery). – Arch. PPo. PCF carton 14 rapports hebdomadaires des Renseignements généraux pendant l’Occupation, BA 1748, BA 2216, BA 2117, BA 2299, KB18, KB 82 (Notes Daniel Grason). – DAVCC, Caen, Boîte 5 B VIII dossier 4 (Notes Delphine Leneveu et Thomas Pouty). – Bureau Résistance GR 16 P 186358. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb.

Iconographie
ICONOGRAPHIE : Arch. PPo. de Paris.

Daniel Grason, Jean-Pierre Ravery

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