Né en 1903 à Oswiecim (Auschwitz, Autriche-Hongrie puis Pologne à partir de 1918), guillotiné le 23 juillet 1943 à Toulouse (Haute-Garonne) ; cheminot ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant FTP-MOI « juifs ».

En 1945, le Parti communiste qui se présente comme le "Parti des fusillés" cite son nom parmi les victimes de la région toulousaine.
Station dont la bouche est située face à l’ancienne prison Saint-Michel.
Photographie André Balent, 16 août 2017 "> Toulouse, la station de métro "Saint-Michel Marcel Langer"
Toulouse, la station de métro "Saint-Michel Marcel Langer"
Station dont la bouche est située face à l’ancienne prison Saint-Michel.
Photographie André Balent, 16 août 2017
Né dans une famille juive modeste, d’idées communistes, Marcel Langer passa son enfance à Tarnow (Pologne) puis émigra avec sa famille en Palestine et fut ajusteur mécanicien aux chemins de fer d’Haïfa. Il datait son adhésion au « mouvement ouvrier révolutionnaire » du 1er Mai 1923. Militant du Parti communiste palestinien, pourchassé par la police anglaise, il arriva en France, à Toulouse (Haute-Garonne), en 1929. Il fut un des premiers volontaires en Espagne républicaine en septembre 1936 et combattit dans la Brigade Dimitrov comme capitaine. La défaite l’obligea à quitter l’Espagne en y laissant sa femme Rosita et sa fille Cécilia. Il fut interné à Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) et au camp de Gurs (Basses-Pyrénées / Pyrénées-Atlantiques) d’où il s’évada avec l’aide des communistes. Il revint à Toulouse en juillet 1939.
Résistant, créateur du premier groupe « FTP juifs » (MOI) du Sud-Ouest, Langer fut un remarquable chef de guerre. Il fut arrêté le 5 février 1943 à la gare de Toulouse Saint-Agne alors qu’il allait chercher des valises d’explosifs. Interné au quartier français de la prison Saint-Michel, torturé, il fut condamné à mort par un tribunal français le 11 mars 1943 et exécuté (guillotiné) le 23 juillet dans la cour de la prison. Ses dernières lettres, comme le témoignage de ceux qui assistèrent à sa mort, attestent de son sang-froid et de son courage.
Une avenue et une impasse de Toulouse portent son nom. Sur la ligne B du métro de Toulouse a été ouverte une station "Saint-Michel – Marcel-Langer", située près de l’ancienne prison où furent détenus, torturés et exécutés tant de résistants. Le 5 février 2004, le maire de Toulouse inaugura une plaque en gare Saint-Agne à l’endroit où Marcel Langer fut arrêté le 5 févier 1943.
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Dernière lettre
 
Toulouse, 13 mars 1943
Ma petite femme chérie,
Lorsque cette lettre parviendra entre tes mains, je ne serai plus de ce monde. Je suis condamné à mort pour raison politique Je me représente ta douleur ; avec le temps tu parviendras à m’oublier et un autre prendra place dans ta vie.
Regardant en arrière, il faut dire, en vérité, que nous n’avons pas eu beaucoup la chance d’être ensemble et que nous avons beaucoup souffert de notre séparation. J’espère qu’aux côtés d’un autre homme tu auras plus de chance. J’espère que ce sera un homme honnête et bon pour ma Rosita. Il faut se rendre à l’évidence tu es jeune et belle, tu dois et tu peux trouver un compagnon. Ceci me paraît juste normal et je ne m’imagine pas que tu vas continuer à vivre avec le passé ; tout ce que je te demande, c’est de donner une bonne éducation à Rosita
Tu garderas de moi le souvenir d’un homme bon pour sa famille et d’un lutteur pour la liberté des peuples. Aux derniers moments de ma vie, je penserai à vous. Je suis tombé dans la lutte pour l’émancipation et la liberté...
Mille, baisers pour toi et Rosita, de ton Marcel qui toujours t’a chérie depuis le jour où il t’a connue ; je te remercie pour le bonheur que j’ai connu à ton côté...
Que vous viviez heureux et libres. Baisers pour toi et Rosita, saluts à tes parents.
Ton Marcel
Sources

SOURCES : Arch. AVER. – Arch. A. Marty, S I. – David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la Résistance, Éd. Renouveau, 1984 et Combattants juifs dans l’armée républicaine espagnole, 1936-1939, Éd. Renouveau, 1979. – Andreu Castells, Las Brigadas Internacionales de la guerra de España, Barcelone, Editorial Ariel, 1974. – Greg Lamazères, Marcel Langer, une vie de combats, 1903-1943, Juif, communiste, résistant... et guillotiné, Privat, Toulouse, 2003. — Lettres de fusillés, Éditions France d’abord, 1946, p. 142-143. — Notes d’André Balent.

Jean Maitron, Claude Pennetier

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