Né le 3 août 1909 à Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), fusillé, par condamnation, le 17 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; régleur-mécanicien ; militant communiste de Vitry-sur-Seine et de Panhard-Levassor à Paris (XIIIe arr.) ; résistant Front National de Libération.

Fils de Dominique, cuiseur de vernis, et d’Augustine, née Bouldoire, ménagère qui, veuve, fut sympathisante du Parti communiste et membre du comité mondial des femmes contre la guerre, Léon Marchandise fréquenta l’école primaire de Vitry-sur-Seine et commença à travailler en 1924. Il entra d’abord à l’usine des roulements à billes, rue Franklin à Ivry puis chez Robut, route de Fontainebleau à Villejuif et enfin le 11 mai 1933 chez Panhard-Levassor dans le XIIIe arrondissement de Paris. Il siégea au comité de grève « pour les 10 % de Laval en 1935, en juin 1936, en novembre 1936 et en avril 1938 chez Panhard ».
Il adhéra au Parti communiste en août 1936 à la suite des grèves de juin 1936 et sous l’influence de deux militants : Georges Beunon et Hureau (est-ce Henri Hureau ?). Le bureau des cellules Panhard le chargea de diriger le comité de Front populaire des usines. Il épousa Antoinette Trion, couturière, le 9 octobre 1937. Ils vivaient voie Ampère à Vitry-sur-Seine dans le pavillon de la mère de Louis Marchandise, veuve.
La dernière semaine d’octobre 1939 avec Albert Gagnant, il distribua dans l’enceinte de l’usine Panhard-Levassor un tract intitulé « Monsieur Daladier ment au peuple de France ». Cet écrit était remis dans les ateliers de la main à la main aux ouvriers qu’ils connaissaient. Quelques exemplaires furent glissés dans les poches des vêtements laissés dans les vestiaires. La direction de l’entreprise alerta le commissariat qui prévint la police judiciaire au 36 quai des Orfèvres. Le 6 novembre 1939, les policiers perquisitionnèrent les logements d’Albert Gagnant et de Louis Marchandise sans succès.
Il fut licencié le 19 novembre 1939 par la direction de l’usine, et s’inscrivit au fonds de chômage de Vitry-sur-Seine. À partir de janvier 1940, il travailla à la maison Ventadour dans le XIIIe arrondissement. De la classe 1929, il fut mobilisé du 18 avril au 5 août 1940. À nouveau sans travail, le 13 mars 1941 il fut requis par le commissariat à la lutte contre le chômage et travailla sur un chantier des autorités d’occupation à Orléans (Loiret). Nouvelle perquisition le 20 avril 1941 : des exemplaires de l’Humanité et de La Vie ouvrière furent saisis. Antoinette Marchandise, ex-membre du Comité mondial des femmes contre la guerre, fut inculpée d’infraction au décret du 26 septembre 1939, mais laissée en liberté en raison des deux jeunes enfants Michel et Charles, dix-huit mois et quatorze mois. La mère et la femme de Louis Marchandise fabriquaient des sacs en papier à domicile pour vivre et nourrir les deux enfants.
Louis Marchandise, clandestin, habitait 8 rue Gérard dans le XIIIe arrondissement à Paris. Il participa à la constitution des comités du Front national fin 1941, avec Yves Kermen de l’ensemble des forces unifiées (PC, JC, MOI) de l’OS de la Région parisienne, était en liaison avec Georges Vallet, responsable de l’Organisation spéciale pour la région parisienne. Membre de la Commission des cadres du parti, puis commissaire politique, le 10 février 1942, il fut arrêté par des inspecteurs des Brigades spéciales avec Spartaco Guisco, rue de la Gaieté dans le quartier Montparnasse (XIVe arr.). Tous les deux furent durement torturés. Raymond Losserand prit sa succession à la tête des FTP de la région parisienne en mars 1942.
Incarcéré à la prison de la Santé, il comparut devant le tribunal du Gross Paris qui siégea du 7 au 14 avril 1942 à la Maison de la Chimie rue Saint-Dominique à Paris (VIIe arr.). Condamné à mort pour « activités de franc-tireur » le 13 avril 1942 avec ses compagnons, il fut passé par les armes le 17 avril 1942 à 17 h 22 au Mont-Valérien. La presse collaborationniste dont Le Matin annonça le verdict : « 25 condamnations à mort au procès de terroristes ».
Dans une salle de la Maison de la Chimie, une plaque commémorative a été apposée avec les noms des fusillés : « En ce lieu, ont été jugés du 7 au 14 avril 1942 par un tribunal militaire nazi, siégeant à la Maison de la Chimie réquisitionnée, 27 combattants membres des premiers groupes de résistance armée (OS – FTPF), livrés à l’occupant par la police de Vichy. »
Le secrétariat général aux Anciens Combattants attribua à Louis Marchandise la mention « Mort pour la France » le 19 juillet 1945. Il fut homologué comme FFI. Le conseil municipal de Vitry-sur-Seine donna son nom à une rue de la ville.
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Dernière lettre
 
[Seul fragment qui nous soit parvenu à ce jour, grâce aux Lettres de fusillés de 1946, de sa dernière lettre adressée à sa mère ; dans l’original il lui parlait longuement de sa femme et de ses « deux loupiots »]
 
17 avril 1942
 
Je sais que pour toi cela va être dur, mais le courage de ton Toto doit vous permettre d’être très fortes et de supporter cette épreuve qui est très pénible pour vous qui restez. Mais je meurs avec la certitude que, pour vous, l’avenir sera meilleur.
Sources

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 2500. – Arch. PPo., 1W 0606, 77W 1582. – DAVCC, Caen, Boîte 5, Liste S 1744-219/42 (Notes Thomas Pouty). – Le Matin, 15 avril 1942. – J.-M. Berlière, F. Liaigre, Le sang des communistes. Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004. – André Rossel-Kirschen, Le procès de la Maison de la Chimie (7 au 14 avril 1942), L’Harmattan, 2002. – S. Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – A. Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, Éd. soc. 1967. – Lettres de fusillés, Éditions France d’abord, 1946, — Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – Arch. com. 1BIB025.

Daniel Grason, Claude Pennetier

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