Né le 25 novembre 1913 à Alençon (Orne), fusillé comme otage le 21 février 1942 à Fontevraud (Fontevrault-l’Abbaye, Maine-et-Loire) ; soudeur aux PTT ; militant communiste de Mayenne ; résistant.

Robert Goualard
Robert Goualard
Mémorial de la Mayenne 1940-1945, Fusillés, Massacrés, Morts aux combats de la Libération de Michel Desrues et Magali Even, Edité par la Direction départementale de l’office national des anciens combattants et victimes de guerre de Mayenne, 2001
Robert Goualard était le fils d’un ébéniste et d’une blanchisseuse. Au début des années 40, Robert Goualard était domicilié à Saint-Berthevin (Mayenne) rue Jameau (aujourd’hui rue de la Résistance). Il était soudeur aux PTT, membre actif du club sportif d’Alençon et militant communiste. Il se maria à Saint-Berthevin le 2 août 1941 avec Rolande Béziers. Il participa à la reconstitution clandestine du PCF, fabriqua et distribua des tracts. Il réalisa aussi, semble-t-il, quelques sabotages de lignes téléphoniques et de véhicules. Il fut arrêté le 12 novembre 1941 par la gendarmerie de Laval après la découverte à son domicile de pâte à polycopier et de brochures « bolchéviques ». Sa femme Rolande fut arrêtée en même temps que lui, rapidement relâchée car elle était enceinte de plusieurs mois. Il fut condamné par la Section spéciale de la cour d’appel d’Angers le 4 décembre 1941 à sept ans de travaux forcés et dix ans d’interdiction de séjour pour activités communistes. Il fut transféré le 9 décembre 1941 à la Maison centrale de Fontevraud (Maine-et-Loire) enregistré sous le matricule 2001. En représailles à l’attentat de Tours du 5 février 1942 contre un soldat allemand, il fut désigné comme otage avec cinq autres internés par les autorités allemandes et livré à celles-ci avant d’être fusillé le 21 février 1942 à Fontevraud. Le 26 mai 1942, son épouse donna naissance à une petite fille prénommée Paule. Après la guerre, sa femme Rolande fit rapatrier le corps de Robert Goualard à Saint-Berthevin. Son enterrement eut lieu le 8 octobre 1948, et il repose depuis lors dans le caveau familial du cimetière communal de Saint-Berthevin.
Il obtint la mention mort pour la France et son nom est inscrit sur les monuments aux morts de Saint-Berthevin, Alençon et Fontevrault-l’Abbaye. Il figure également à Alençon, Place Pierre Mendès France, sur la façade de la Poste sur la plaque commémorative des PTT : "1939-1945, hommage du personnel des PTT à ses morts" ainsi que, au stade Jacques Fould sur une plaque commémorative « Aux membres dirigeants et membres actifs morts ».
Dernière lettre écrite le 21 février 1942.
Ma chère petite Rolande,
Quand tu vas recevoir cette lettre, je ne serai plus du nombre des vivants, mais il faut ma chère petite Rolande que tu saches que je meurs avec calme et regarde ceux qui me suppriment en face. Je suis, vois-tu, pris comme otage. Eh bien, je veux faire voir qu’un communiste Français dans la lutte comme dans la préparation à la mort, il sait qu’il doit être digne du grand parti et de la grande Nation qui a formé tant de héros à l’Histoire. Que cette lettre, qui sera la dernière que tu liras de moi, te soit un symbole pour les jours qui vont venir.
Je sais bien ma Rolande que j’aime jusqu’à la dernière minute de toutes mes forces que dans la position où tu te trouves cela peut te faire bien du mal, écoute-moi une dernière fois, sois forte pour que notre enfant « qui ne connaîtra pas son père » vienne normalement et sans tare.
Je te disais qu’il fallait avoir confiance dans le parti de l’avenir. Lorsque les réformes seront faites, tu verras que les hommes n’iront pas se tuer tels des fauves déchaînés. Je n’ai pas la joie de voir ce grand jour et je ne l’aurai hélas ! pas mais il faut que tu saches que ce monde pour lequel j’avais travaillé avec tout mon cœur sera j’en suis sûr celui qui habitera notre terre. Plus de guerre, plus de guerre tous les hommes travaillant dans la paix pour la condition matérielle de tous.
Ne pleure pas, ne pleure pas. Le coup est brutal et irrémédiable, mais on ne tuera pas toujours impunément. Gare aux responsables, qu’ils tremblent je t’assure car si je ne peux continuer le grand combat de libération d’autres seront encore là.
Autre chose, ma chère petite Rolande, si tu savais le plaisir que j’ai éprouvé hier de te voir, et maman et ma deuxième maman qui a été si gentille, et mon grand frangin que je n’avais pas revu depuis un an ? Je ne pensais pas vraiment que ce serait la dernière fois.
Que veux-tu, le capital argent supprime l’individu avec une désinvolture sans pareille.
Je pense à maman, la pauvre maman 2 gars en Allemagne et le 3ème supprimé par la fusillade, c’est dur, très dur. Papa, lui, je ne l’ai pas revu…
Maintenant, ma petite Rolande, je te recommande d’élever notre enfant dans le même esprit que moi.
Et les livres tous tu les conserveras pour lui sauf un que tu donneras à Georges, à Kléber et à Bernard. Tu leur diras que c’est le dernier cadeau fait quelques instants avant de tomber pour le bel idéal commun.
Oui, ma Rolande chérie je te prie de tout mon cœur d’être forte. Je sais que les amis ne manqueront pas de te réconforter. A tous sans distinction toute mon amitié fraternelle. Quant à vous papa, je vous dis adieu en vous remerciant d’avoir toujours été bon pour moi, je compte sur vous pour consoler Rolande et maman ainsi que toi mon vieux Robert ! Adieu Robert dis-toi que la mort n’a jamais pu arrêter le progrès. J’ai confiance dans l’avenir que vous vivrez vous les jeunes et surtout n’oubliez jamais que d’autres ont fait le maximum pour que plus jamais cette guerre mot malheureux soit.
Quant à vous chère maman grosse joie hier et aujourd’hui quel deuil dans les familles. Adieu aussi et que tout mon cœur s’épanche vers vous et Rolande pour les soins que vous avez eus pour moi. Je compte sur vous pour que Rolande soit réconfortée et soutenue. Petite Rolande chérie ces lignes sont les dernières, courage pour celui qui portera mon nom le fruit de notre amour réel et que la bestialité vient à tout jamais supprimer. Merci de ta bonté, de la compréhension que tu as eue pour moi. Adieu, adieu, adieu, courage, confiance car je sais que si je ne suis plus, d’autres termineront l’œuvre vous vivrez heureux dans un monde juste et où il n’y aura plus d’égoïsme. Papa, maman, Robert que ces baisers qui seront les derniers vous donnent ainsi qu’à Rolande elle en qui je disais une fois sorti comme l’ère sera heureuse. Au revoir Rolande et de tout mon cœur, reçois la bise la plus forte que tu n’aies jamais eue.
Paulo
Sources

SOURCES : SHD AVCC, Caen, 27 P 15 et SHD Vincennes GR 16 P 264156 (nc) — Michel Desrues, Magali Éven, Mémorial de la Mayenne 1940-1945. Fusillés, massacrés morts aux combats de la Libération, ONAC Mayenne, 2001. — Roger Poitevin,Abbaye-Bagne de Fontevraud 1940-1944, Éd. AFMD 49, 2009 — blog Michel Sorin Rolande Goulard et son mari Robert, militants politiques et résistants4 novembre 2010 — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb.

Jean-Pierre Besse, Michel Thébault

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