Né le 28 janvier 1925 à Saint-Nazaire-sur-Charente (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), fusillé le 3 septembre 1943 à Biard (Vienne) ; ouvrier plâtrier ; militant communiste ; résistant FTPF en Charente-Maritime.

Gilles Jamain
Gilles Jamain
Gilles Jamain était le sixième enfant d’une famille de dix, dont le père, Amédée, ouvrier forgeron-maréchal-ferrant, occupa divers emplois par la suite (docker à La Pallice, ostréiculteur, ouvrier à la base aéronautique de Rochefort) et la mère, Jeanne Magnaux, était sans profession. Son père, qui avait fait durant sa jeunesse un tour de France professionnel, était syndicaliste à la CGTU, militait à la Ligue des droits de l’Homme et au comité Amsterdam-Pleyel ; son oncle, Alphonse Magnaux, était un cheminot militant communiste à Saintes ; ses frères André, René, Paul-Raymond, Maurice et sa sœur Yvette étaient de jeunes militants communistes très actifs.
Gilles sortait de l’école lorsque la guerre fut déclarée en 1939. C’était un adolescent turbulent, espiègle, costaud, dont la chevelure acajou l’avait fait surnommer « le grand rouquin ». En décembre 1941, alors que ses frères aînés, André, René et Paul-Raymond, étaient engagés dans la Résistance dans les rangs des Francs-tireurs et partisans (FTP), Gilles, constitua un groupe de trois jeunes pour assurer la protection des groupes de sabotage dans le département. Sous la direction de Sallé, il développa les groupes de FTP dans les milieux jeunes avec son beau-frère Maurice Chupin, le mari d’Yvette. Au mois de mai 1943, alors que ses trois frères avaient été arrêtés et déportés (seul Paul-Raymond survécut), il échappa de justesse à l’arrestation, ayant été prévenu que son nom et celui de son beau-frère avaient été donnés sous la torture par un responsable arrêté. Au bout de quatre jours de chasse à l’homme, Gilles fut arrêté le 14 mai à 22 heures dans le marais rochefortais par la brigade de gendarmerie de Saint-Agnant, remis entre les mains de la Brigade spéciale de sûreté de Poitiers, incarcéré à la prison Saint-Maurice de Rochefort puis transféré, ainsi que son beau-frère et ses compagnons jeunes FTP, à celle de la Pierre-Levée de Poitiers.
Après avoir été torturé, il fut condamné à mort par le tribunal militaire allemand le 26 août 1943 pour « activités en faveur de l’ennemi et activités de franc-tireur » et fusillé le 3 septembre à la butte de Biard avec son beau-frère, Maurice Chupin, René Petit, Henri Sallé, Joseph Nadan, un interrégional. Avant son exécution, il partagea sa cellule avec le commandant Tassel, un officier de marine, chef d’un réseau gaulliste, qui écrivit un émouvant poème édité à la Libération sous le nom de « Gilles Jamain » débutant par le vers : « Vous voilà donc parti, grand gars aux cheveux roux ».
Homologué Interné Résistant en 1953, il reçut la Médaille militaire, la Croix de guerre avec palmes et la Médaille de la Résistance à titre posthume en 1955.
Une portion de la rue du 14-Juillet où habitait la famille de son frère André porte depuis 1946 le nom des Frères-Jamain, le lycée professionnel proche porte le nom de « Gilles-Jamain » depuis 1981.
Sources

SOURCES : SGA-DIMI, bureau Résistance, 16 P 305 468. – DAVCC, Caen. – Arch. Dép. Charente-Maritime (rapport du sous-préfet de Rochefort en date du 8 juin 1943). – Jacques Jamain, Les Jamain, Mémoire d’une famille dans la Résistance et la Déportation, livre de renseignements, documents et souvenirs, dernière éd. de 2009, à compte d’auteur, 216 p. (voir aussi Mémoire et Espoirs de la Résistance, Association des amis de la Fondation de la Résistance). – Site VRID (Vienne-Résistance-Internement-Déportation). – Renseignements fournis par d’autres membres de la famille Jamain-Chupin. – Notes Jean-Pierre Besse.

Alain Dalançon

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