Né le 28 février 1904 à Bonnétage arrondissement de Montbéliard (Doubs), fusillé le 26 février 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; peintre en bâtiment ; militant communiste ; résistant dans l’Aube, le Doubs et à Paris.

Communiqué par M. Boyenval.
Le père de Charles Grosperrin était horloger et sa mère horlogère. Ils étaient domiciliés dans le village Bas de Bonnétage. Charles Grosperrin était peintre à Belfort (contremaître) et il y épousa, en février 1925, Alice, Hélène Gallizia. Le couple eut un enfant. Charles Grosperrin s’installa en région parisienne au début des années 1930 et adhéra au Parti communiste en 1933. Il milita à la cellule de Drancy jusqu’en 1937. Il aurait alors démissionné.
Il retourna par la suite dans le Territoire-de-Belfort. Il fut arrêté à Belfort pour propagande communiste le 1er mai 1941, condamné le 24 juillet par le tribunal correctionnel à trois ans de prison et 300 francs d’amende. Il s’évada de la maison d’arrêt de Belfort le 26 juin 1941 et s’installa à Marseille pendant plusieurs mois puis dans le Var ; enfin, il alla travailler à Dijon où il resta jusqu’en décembre 1941.
Selon certaines sources, il fut repris par le PCF en août 1941 à Besançon et chargé du transport du matériel entre Besançon et Dijon. Après les attentats qui secouèrent la ville, Charles Grosperrin s’installa à Troyes où il devint responsable interrégional pour l’Aube, la Marne, la Haute-Marne et l’Yonne. Le 25 avril 1942, il participa à une réunion clandestine au domicile des époux Ferrouille à Saint-André-les-Vergers. La police française arrêta tous les autres participants, mais Grosperrin réussit à s’échapper. Il eut successivement pour pseudonymes « Robert » puis « Édouard ». Blessé, il rejoignit Paris.
Selon les Renseignements généraux, il aurait été inactif pour raison de santé entre février et septembre 1942. Il se rendit alors à Paris où il se vit confier la responsabilité d’interrégional du Parti ou de secrétaire interrégional pour les régions Paris-Est et Paris-Nord des FTP.
Il fut arrêté ainsi que son épouse Alice le 18 octobre 1942 par des inspecteurs de la BS2 des Renseignements généraux chez Marie-Louise Page, concierge au 1, rue du Bateau à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis). Son interpellation faisait suite à l’arrestation de la veuve Paillard d’Aubervilliers. Dans deux serviettes en cuir appartenant au couple, les policiers saisissaient 22 000 francs en espèces.
Ils furent emmenés dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de Police. Interrogé, Charles Grosperrin fut tabassé à plusieurs reprises par l’inspecteur Alfred Delarue. Cet inspecteur venait chercher son épouse Alice pour lui montrer dans quel état était son mari. Il faisait la même chose avec Marie-Louise Page interpellée dans la même affaire. Lui montrant Charles Grosperrin prostré dans l’angle d’une pièce, il lui lança « Prenez votre courage à deux mains, voilà comment on les arrange ».
Le tribunal allemand du Gross Paris, rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) le condamna à mort le 16 février 1943.
Détenu à la prison de Fresnes, il a été fusillé le 26 février 1943 au Mont-Valérien.
Sa femme Alice, née le 14 janvier 1907 à Seloncourt, sténodactylographe, elle fut élue conseillère municipale en avril 1945 sur la liste de Charles Tillon, classée comme indépendante.
Charles Grosperrin a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Interné résistant. Il a été reconnu Mort pour la France le 25 janvier 1946.

Le Journal de guerre de l’Abbé Stock évoque sa mort.
"Vendredi 26.2.43
10 exécutions
Visites à Fresnes. Y suis prévenu de 10 exécutions. Suis resté pendant le déjeuner. Visité plusieurs dans la 3ème division.
Les noms des 10, pour activités de francs-tireurs, détention d’armes, etc. : Leblanc Georges, Aubervilliers, rejeté (mon assistance).
Lefranc Frédéric, Aubervilliers, ni confessé ni communié, mais ai prié avec lui au poteau, belle mort.
Gargam Marcel, Aubervilliers, s’est confessé, a communié son frère est prêtre. Belle mort. Rabot Gabriel, prié au poteau, me donna un peigne et mourut les mains jointes. Femme alsacienne.
Berthelot Marcel, rejeté.
Récouraut Recourat Victor, s’est confessé, a communié, belle mort.
Dupont Lucien, le chef, beaucoup d’attentats sur la conscience, communiste des pieds à la tête, chanta l’Internationale et dit en allemand : « Ich bin glücklich, für mein Vaterland sterben zu können » (Je suis heureux de pouvoir mourir pour mon pays). Rejet. Il se fichait de la mort, a joué chaque jour avec la vie pendant 14 mois. Etait complètement captivé par les idées bolcheviques.
Grosperrin Charles, très calme, s’est confessé, a communié.
Dallais Alexandre, a refusé, habite 34, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, Paris Vème. Bolzer Pierre, de St-Ouen, refusa tout secours spirituel. Avait appris le jour même la naissance de son fils. Né le jour où il fut condamné à mort.
Enterrés tous les dix au cimetière d’Ivry, 47ème division 1ère ligne."
Charles Grosperrin a été réinhumé dans le cimetière d’Aubervilliers.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, Boîte 5/B VIII 4, Liste S 1744. – Arch. Dép. Aube, 300 W 106-109 ; NA SC48974. – Arch. PPo, activités communistes pendant l’Occupation, carton 3, notes de Daniel Grason : rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 26 octobre 1942, 77 W 5357-301497, Bureau Résistance GR 16 P 272254. – Cécile Ouzoulias Romagon, J’étais agent de liaison des FTPF, Messidor, 1988. – Ville de Saint-André, Au cœur de la mémoire, 1995. – État civil.

Jean-Pierre Besse

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