Né le 19 mai 1898 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), mort sous la torture ou suicidé le 6 août 1943 à Nantes ; agent technique des PTT ; militant syndicaliste et socialiste de Loire-Inférieure ; résistant.

Juillet 1938 : Marcel Hatet lors de l’inauguration de l’exposition "La lutte pour l’indépendance de l’Espagne", organisée dans les locaux du Château des Ducs de Bretagne à Nantes par le Consulat d’Espagne (Archives CHT, Nantes, coll. Hatet).
Tombe au cimetière militaire de la Chauvinière
Tombe au cimetière militaire de la Chauvinière
Cliché Annie Pennetier
Marcel Hatet était le fils de Auguste Hatet, comptable, et de Marie-Louise Groux. Après de solides études à l’EPS de Nantes, il entra en apprentissage. Jeune électricien, il s’intéressa aussitôt au mouvement syndical. Engagé volontaire en 1915, il fit l’objet de nombreuses citations, et était décoré de la Croix de guerre 1914-1918. Il se maria en juin 1919 à Nantes avec Raymonde, Jeanne, Yvonne Douillard, comptable.
Après la guerre, il s’inscrivit à la Fédération éclairage force motrice et, en 1925, il créa le syndicat ouvrier des industries électriques de Nantes (CGT). Mais son activité lui valut d’être renvoyé des ateliers de Doulon. Après trois mois de chômage, il entra aux PTT et devint monteur électricien. Il se fit vite apprécier de ses camarades et fut élu secrétaire du syndicat des ouvriers des PTT. Le 14 octobre 1934, il fut élu secrétaire régional du syndicat national CGT des Personnels des services techniques des PTT (7e région). Il conserva cette fonction après la réunification syndicale en décembre 1935. Il fut aussi jusqu’à la guerre membre de la commission exécutive de l’Union locale de Nantes et membre de la commission administrative de l’Union départementale de Loire-Inférieure.
Il fut également un militant du Parti socialiste SFIO auquel il adhéra en 1918. Élu membre du comité fédéral de Loire-Inférieure en avril 1927, il fut secrétaire et trésorier du groupe de Doulon en 1927-1928, secrétaire adjoint de la section de Nantes, mais aussi trésorier adjoint de la Fédération socialiste de 1927 à 1931 et archiviste de cette même Fédération de mai 1934 à 1938. Candidat socialiste au conseil général dans le 5e canton de Nantes en 1928, candidat aux élections municipales de 1929 à 1935 à Nantes, il fut élu conseiller municipal de Nantes lors d’une élection complémentaire partielle en janvier 1936.
Il fut un grand animateur et put donner toute sa mesure dans les meetings du Front populaire. C’est lui qui, en particulier, organisa d’une façon parfaite, les grands rassemblements populaires du 11 novembre 1934 et du 14 juillet 1935 à Nantes.
Il fut aussi, de nombreuses années, secrétaire administratif de la Fédération ouvrière et paysanne des anciens combattants.
Il participa à la Résistance et fonda en août 1940 le groupe Attila (Association technique des agents des P. et T.) qui fut en liaison avec Libération. Recruté par l’Intelligence Service en 1943 dans le cadre du réseau Buckmaster, il assura des liaisons radio avec Londres et organisa vingt-six parachutages.Il animait le réseau « Les Hussards de la Liberté ».
Arrêté le 5 août 1943, il mourut le lendemain sous la torture dans les bureaux de l’Hôtel Charette, place Louis-XVI à Nantes.
Il fut enterré sous le nom de Franz Tetah, (parfois écrit Tahet), anagramme de son nom avec la même date de naissance, témoignant de son refus de donner sa vraie identité tout en laissant des indices.
Selon le rapport de l’enquête sur les circonstances de sa mort, établi le 16 janvier 1945, par le commissaire principal des 3/5 arrondissements : « A Madame Hatet, qui lui demandait des nouvelles de son mari, le docteur Rupert, chef de la Gestapo à Nantes, a déclaré que son mari s’était suicidé (en s’étranglant avec sa cravate) plutôt que de dévoiler l’identité de ses camarades. Il a refusé de lui indiquer le lieu de son inhumation et a même précisé qu’elle ne le saurait jamais. » Son corps fut retrouvé le 17 janvier 1945, cimetière de la Gaudinière à Nantes, « dans la section W réservée par les Allemands pour leurs militaires fusillés ou suicidés, distincte du cimetière d’Honneur » puis identifié par sa veuve. Le chef fossoyeur avait soupçonné quelque chose de mystérieux au moment de l’arrivée des Pompes funèbres et après leur départ avait ouvert clandestinement le cercueil constatant qu’il s’agissait d’un civil tué à la base du coup par une matraque ou une barre de fer ; il en avait prélevé sa ceinture pour identification ultérieure.L’inhumation avait eu lieu le lendemain 8 août.
Selon son acte de décès, il était domicilié 6 quai Fosse à Nantes.
En 1945, le conseil municipal a donné à la rue du Dahomey le nom de Marcel Hatet.Une rue de Nantes perte son nom. Le 2 novembre 1946, la section socialiste de Nantes a déposé une plaque de marbre gravée à son effigie sur sa tombe au cimetière de la Chauvinière.
Sources

SOURCES : Arch. municipales, Fonds Luce, 9Z fiche 37-64 . — Arch.dép. Loire-Atlantique, 305 J, témoignage de sa fille dans un article de Dominique Bloyet en août 1993 . — Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure, fusillés et exécutés, 2001. – Le Travailleur de l’Ouest, 1927-1939. – Le Réveil syndicaliste, 1934-1938. – Renseignements communiqués par les Archives de Nantes. – Notes Jean-Pierre Besse. – État civil.

Claude Geslin complété par Annie Pennetier

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