Né le 14 juillet 1902 à Budapest (Hongrie), fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur ; résistant FTP-MOI ; un des condamnés du procès dit de l’Affiche rouge.

Émeric Glasz
Émeric Glasz
D’origine hongroise, Émeric Glasz arriva en France en 1937. Lors de la déclaration de guerre, il s’engagea dans l’armée et fut versé dans le 23e régiment de marche des volontaires étrangers. Il entra à l’OS puis aux FTP-MOI en avril 1942, et était domicilié 37 rue Nationale à Paris (XIIIe arr.). FTP permanent, il fut muté au 4e détachement dit des dérailleurs. Émeric Glasz, matricule 10020, participa à plusieurs actions le 11 septembre 1943 : une tentative de déraillement près de Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne) ; le 14 septembre, avec notamment Moska Fingercweig, sabotage de la voie ferrée de la ligne Paris-Troyes à la hauteur de Gretz (plusieurs wagons d’un train allemand déraillèrent). Le 26 octobre Émeric Glasz et Moska Fingercweig étaient dans le groupe qui fit dérailler un train à Grand Puits près de Mormant en Seine-et-Marne.
Le commissaire politique des FTP-MOI de la région parisienne, Joseph Dawidowicz, fut identifié par la police le 18 octobre 1943. Responsable aux effectifs, il coordonnait le travail politique, disposait de liaisons avec la direction de la MOI et avec celle des FTP, il en était également le trésorier, un poste clef. Le 26 octobre des inspecteurs de la BS2 l’arrêtèrent à midi en gare de Conflans-Sainte-Honorine. Les perquisitions de ses domiciles clandestins permirent de découvrir des listes d’effectifs, des comptes rendus d’activité de la MOI, des ordres du jour des FTP, un état numérique dactylographié des divers détachements, etc.
La direction des Renseignements généraux décida une opération d’ensemble. Le 17 novembre 1943 soixante-sept membres des FTP-MOI et de la MOI étaient interpellés, dont Émeric Glasz, par des inspecteurs de la BS2. Émeric Glasz était porteur d’une fausse carte d’identité au nom de François Bognard, de faux certificats de travail et de démobilisation, d’un titre de rationnement, de deux feuilles dactylographiées intitulées « Les déraillements ». Dans un local qu’il avait loué au 105 rue Manin à Paris (XIXe arr.), des documents sur l’activité de la MOI furent découverts ainsi que des cartes d’alimentation. Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, il fut battu, probablement torturé.
Émeric Glasz était l’un des vingt-quatre accusés qui comparurent le 18 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). La presse collaborationniste, dont Le Matin, s’en fit l’écho : « Le tribunal militaire allemand juge 24 terroristes ayant commis 37 attentats et 14 déraillements. Un Arménien, Missak Manouchian, dirigeait cette tourbe internationale qui assassinait et détruisait pour 2 300 francs par mois ».
Selon Gaston Laroche, Émeric Glasz était trapu, avait un visage rond et portait une petite moustache. Il aurait déclaré aux juges : « J’ai vécu pendant sept mois dans l’illégalité. C’est à ce prix seulement que je pouvais garder ma liberté. Car la vie ne vaut rien sans liberté. »
Émeric Glasz fut passé par les armes le 21 février 1944 à 15 h 40 au Mont-Valérien avec les vingt-deux autres condamnés à mort. L’abbé Franz Stock qui assitait les condamnés écrivit : « Emeric parlait bien allemand, non pratiquant ».
Son inhumation eut lieu dans le carré des corps restitués aux familles dans le cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Le nom d’Émeric Glasz figure sur une stèle à Pont-à-Vendin, ainsi que sur les plaques commémoratives dédiées au groupe Manouchian au 19 rue au Maire à Paris (IIIe arr.), à Marseille, près de la gare d’Évry-Petit-Bourg (Essonne) où furent arrêtés Missak Manouchian et Joseph Epstein (colonel Gilles) et au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).
Sources

SOURCES : Arch. PPo. PCF carton 15, rapports hebdomadaires des Renseignements généraux sur l’activité communiste, 77W 7122. – DAVCC, Caen, Boîte 5, Liste S 1744-098/44 (Notes Thomas Pouty). – Le Matin, 19 et 20 février 1944, 21 février 1944, 22 février 1944. – Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger, Fayard, 1994. – Boris Holban, Testament, Calmann-Lévy, 1989. – David Diamant, Les Juifs dans la résistance française 1940-1944, Le Pavillon, Roger Maria éditeur, 1971. – Gaston Laroche (Boris Matline), On les nommait des étrangers, EFR, 1965. – Franz Stock, Journal de guerre. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien, Cerf, 2017, p. 191-192.— Site Internet Mémoire des Hommes.

Iconographie
PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 179.

Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

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