HABARU Augustin [version Nicole Racine]
Né le 19 juillet 1898 à Arlon (Belgique), exécuté par les Allemands le 21 juin 1944 à Arbin (Savoie) ; journaliste ; membre du Parti communiste belge, rédacteur au Drapeau Rouge ; rédacteur à Monde de Barbusse (1928-1934).
En 1929-1930, Augustin Habaru fut en correspondance avec le Bureau international de la littérature révolutionnaire sur les problèmes de la littérature prolétarienne en France et la constitution d’un groupe des écrivains prolétariens (voir ses lettres à Bela Illès dans Sur l’histoire de l’Union Internationale des Écrivains révolutionnaires, Moscou, 1969). Il rendit compte avec sympathie et quelques réserves du livre d’Henry Poulaille*, Nouvel âge littéraire (Monde, 9 août 1930). Après que furent connues les attaques de la Conférence de Kharkov contre Monde dont les rédacteurs avaient été traités de « bande d’écrivassiers bourgeois et social-fascistes » et contre H. Poulaille, Augustin Habaru prit la défense de H. Poulaille et du groupe « Nouvel Îge » (Monde, 26 mars 1932). Il salua dans Monde la naissance du groupe des Écrivains prolétariens fondé au début 1932 et signa le manifeste du groupe publié dans le premier numéro du Bulletin des Écrivains prolétariens. Il soutint les efforts de Marc Bernard* pour susciter des textes de littérature prolétarienne qui parurent dans Monde en avril et mai 1932. Il fit partie du comité de rédaction spécial, avec H. Poulaille, T. Rémy, M. Bernard, L. Gachon, E. Peisson et Ch. Plisnier qui publia dans Monde, à partir du 30 juillet 1932, des « Pages et documents de la vie populaire » rédigées par les écrivains prolétariens. Ayguesparse dira plus tard le rôle de médiateur qu’Habaru tint à cette date entre les écrivains prolétariens de France et de Belgique (Habaru traduisit du flamand L’Ouvrier de Stijn Streuvels qui parut en français aux éditions Valois en 1932).
Des divergences entre Henri Barbusse et les principaux rédacteurs de Monde au cours de l’année 1933, allaient entraîner au début 1934 le départ d’Habaru de l’hebdomadaire qui se rapprochait de plus en plus de la politique du PCF. Habaru assura pendant un an la page économique du Peuple dans laquelle se marqua son souci de la documentation abondante et précise. Puis il devint rédacteur d’un hebdomadaire radiophonique Les Trois grands de la Radio. Collaborateur du Progrès de Lyon, il était ramené en Belgique par la drôle de guerre ; il signait ses articles du pseudonyme de Georges Fleurigny. En 1940, devant l’avance allemande, il parvint à gagner Nîmes avec sa femme et sa fille. Il entra dans la Résistance et mena une action clandestine à Nîmes, Lyon, Chambéry. Il appartenait au réseau Reims, d’abord rattaché aux services belges puis à partir de juillet 1943 au BCRA via le réseau Gallia. Il fut arrêté le 30 mai 1944 comme une trentaine d’autres membres du réseau dont le responsable Willem Oreel. Il fut exécuté, avec neuf autres de ses camarades, à Arbin en Savoie, le 21 juin 1944.a
Augustin Habaru était père d’une fille, Annie.
ŒUVRE CHOISIE : Poèmes, Bruxelles, Impr. Minerva, 1920, 12 p. — Douze poètes, Paris, Éditions Sociales Internationales, 1931, pp. 75-86. — Le Creusot, terre féodale. Schneider et les marchands de canons, Paris, Bruxelles, l’Eglantine, 1934, 243 p. — L’organisation internationale de la radiodiffusion, l’Églantine, 1934, 29 p. — Préface à L’Août de Stijn Streuvels, Stock, 1928, 161 p. — Traduction de L’Ouvrier de Stijn Streuvels, Libr. Valois, 1932, 128 p.
SOURCES : Vie et mort d’Augustin Habaru 1898-1944, Paris, « Pro Libros », 1947, 112 p. Dessins de Fr. Masereel, photos de Dorola. — Ch. Plisnier, « Vous souvenez-vous d’Augustin Habaru ? » Marginales, avril 1948, p. 81-88. — J.M. Culot, Bibliographie des écrivains français de Belgique 1881-1960, tome 3, Bruxelles, Palais des Académies, 1968, 309 p. — Iz Istorii Mezdunarodnogo Obedinienja Revoliucionnykh Pisatelj, Moskva, Izdatel’stvo Nauka, 1969, 680 p. (Histoire de l’Union internationale des écrivains révolutionnaires, Édition Nauka, 1969, 680 p. ; collection « L’héritage culturel », n° 81). — Archives de J. Humbert-Droz. Origines et débuts des partis communistes des pays latins 1919-1923. Textes établis et annotés par S. Bahne, Dordrecht, Reidel, 1970, 655 p. — G.M. Normand, H. Barbusse, « Monde » and the dimension of commitment, 1928-1935, Univ. of Kentucky, 1970, VII-289 p. Univ. Microfilms, Inc. Ann Arbor, Michigan, 1971. — L. Laurat, « Comment j’ai quitté « Monde », Est et Ouest, 16-30 septembre 1973, 30-31. — A. Ayguesparse, « Henri Poulaille et le groupe des écrivains prolétariens de Belgique », Marginales, sept-oct. 1973, p. 1-10. — Nicole Racine-Furlaud, « Les mouvements en faveur de la littérature prolétarienne en France : 1928-1934 », Entretiens, 33, 1974, p. 77-98. — Danielle Bonnaud-Lamotte, « Orientations culturelles de Monde (1928) d’après le lexique de la rédaction », Mots, n° 1, octobre 1980, p. 59-74. — « Vers une littérature nouvelle en 1929 : mots et concepts », id., n° 4, mars 1982, p. 47-67. — Jean-Pierre Morel, Le roman insupportable. L’Internationale littéraire et la France (1920-1932), Gallimard, 1986, 488 p. — Paul Aron, La littérature prolétarienne en Belgique francophone depuis 1990, Labor, Bruxelles, 1995, RGASPI, 495 270 6907, pas encore consulté.— Note de Jean-Pierre Besse.
Nicole Racine