Né le 15 juin 1911 à Paris XIVe arr. (Seine), fusillé après condamnation à mort le 26 janvier 1944 au camp de Souge, commune de Martignas-sur-Jalle (Gironde) ; employé de commerce ; militant communiste clandestin, responsable interrégional ; résistant OS- FTPF dans la Vienne puis en Gironde.

Maurice Bourgois était le fils de Joseph, Paul Bourgois âge de 33 ans, homme de peine et de Lucie, Marie Vaubaillon 27 ans couturière, domiciliés 8 rue Elisa-Borey à Paris. Sa mère mourut alors que Maurice Bourgeois n’avait que 16 mois. Il fut accueilli à Naintré dans la Vienne par ses grands parents. Au recensement de 1911 ceux-ci résidaient au lieu-dit Les Renardières et accueillaient déjà leur petite-fille Alice Gandin, née à Paris le 8 juin 1909, fille de Julia, Victoria, Léa Bourgois leur fille et de Marcellin, Olivier Gandin. Son grand-père Joseph, Raphaël Bourgois (né en 1851 à Bray-en-Mareuil, Somme) était armurier à la Manufacture nationale d’armes de Châtellerault. Il mourut à Naintré le 26 août 1918. Maurice Bourgois et sa cousine Odette furent alors élevés par leur grand-mère Alexandrine, Marie Bourgois née Paillard (née en 1857 à Sérigny, Vienne à proximité de Châtellerault). Après sa scolarité primaire, Maurice Bourgois, titulaire du certificat d’études, rejoignit Paris et travailla comme vendeur au magasin Le Printemps. Adhérent de la CGT, il participa aux grèves de 1936 et adhéra au Parti communiste à une date non précisée. Inquiété lors de la dissolution des organisations communistes le 26 août 1939, il partit travailler dans une usine de confection, l’entreprise Tranchant, à Châtellerault (Vienne). Marié, il fut successivement domicilié 18 rue Saint-André puis 42 rue Clément Tuls et fut père d’un enfant, un garçon né en 1943.
Avec Camille Blanzat, Eugène Pinaud, Didier Boizier, Fernand Marit et ses deux frères, il structura l’OS à Châtellerault dès octobre 1940. Le dossier d’homologation du groupe FTPF de Châtellerault (SHD Vincennes op. cit.) indique dans sa fiche introductive que le groupe se constitua « sous la direction de Blanzat Camille, Pinaud (orthographié Pineau) Eugène, Boizier Didier, Bourgois Maurice... ». Il participa à la première réunion de l’État major de l’OS chez Mme. Henriette Marit le 18 octobre 1940 à Ozon, 8 bis Avenue Paul Painlevé. Les responsabilités furent réparties qui perdurèrent pour l’essentiel lorsque la formation se transforma en FTPF début 1942. Selon le même dossier : « Les contacts avec Paris étaient régulièrement établis avec l’autorité au National alias Robert, Bourgois Maurice membre de l’État major O.S. assura pendant un mois l’intérim au poste d’Interrégional jusqu’à la venue de Berthou Joseph qui prit jusqu’à son arrestation cette lourde tâche. Bourgois Maurice resta néanmoins en liaison permanente avec le Comité Parisien. Suite à l’arrestation de Berthou Joseph, Bourgois Maurice reprit alors cette fonction. » Le même dossier dans sa fiche sur l’état nominatif pour activité du 18 octobre 1940 au 31 décembre 1942 le mentionne en tête de la liste de l’État major comme interrégional. Recherché par la Gestapo depuis 1941, il entra dans la clandestinité le 18 décembre 1942, sous le pseudonyme de Denis Diot.
Début 1943, il fut muté en Gironde où, sous le pseudonyme de Jean, il fut responsable politique régional FTP. En effet, suite aux vagues d’arrestation de résistants durant l’année 1942, l’organisation girondine était à reconstruire. Le groupe prit son nom et effectua de nombreux sabotages sous sa responsabilité. Maurice Bourgois tomba dans une souricière, un ancien membre du groupe arrêté ayant servi d’appât. Il fut arrêté le 15 septembre 1943 à Bordeaux, avenue Thiers, en même temps que Jean Delbos, pseudonyme Marius, responsable FTP régional aux effectifs par les inspecteurs de la Section des affaires politiques (SAP). Plusieurs autres responsables départementaux et interrégionaux furent arrêtés en Gironde en septembre 1943, les services de police tentant de réagir à l’augmentation des actions de sabotages et d’attaque contre les soldats allemands.
Interné au Fort du Hâ, condamné à mort par le tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur 529 qui siégea exceptionnellement au Palais de justice de Bordeaux en raison du grand nombre de prévenus, il fut fusillé le 26 janvier 1944 parmi 17 résistants de son groupe, au camp de Souge.
Il fut d’abord inhumé au cimetière de Saint-Jean-d’Illac. Son corps fut ensuite rapatrié dans le carré des fusillés 1939 – 1945 du cimetière de Châteauneuf (rang 1 tombe 5) à Châtellerault.
Il obtint la mention mort pour la France et le statut Interné – Résistant (DIR). À la Libération, il fut homologué au grade de capitaine des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance par décret du 30 février 1959. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Naintré et sur le monument des martyrs de la Résistance à Châtellerault sous l’inscription « Unis par la même volonté de résistance. Ils sont morts en martyrs pour briser les chaînes de l’esclavage ennemi ». Son nom figure également sur le mémorial du camp de Souge, à Martignas-sur-Jalle (Gironde).
Dernière lettre. Orthographe et rédaction d’origine respectées.
Bdx le 26/1/44
Ma petite femme adorée
Je me doute de la peine immense que tu vas avoir en lisant cette lettre mais ma chérie sois forte courageuse.
Comme moi je le suis devant la mort, celle-ci ne me fait pas peur.
J’aurais quelques petits détails à voir avec toi pour toi-même règle ta vie comme tu l’entendras.. Je t’ai bien aimé, tu es la seule femme a laquelle j’avais donné tout mon cœur. aussi je te demanderai ma petite chérie aussitôt après la guerre de faire revenir mon corps près de toi dans cette petite ville où j’ai passé les plus beaux moments de ma vie. Pour mon fils élève le pour en faire un homme qui saura se débrouiller dans la vie pousse son instruction s’il en est capable, je pense que dans cette tache mon frère, ma famille, et les tiens t’aideront utilement. Dans cet instant avant de faire le grand saut je n’oublie personne embrasse mes parents mon frère ma belle-sœur, et une grande pensée vers ma bonne grand-mère qui ma élevé, ma tante, toute la famille et aussi tous les tiens qui nous ont aidé. N’oublie pas René Émilienne.
Je pense que Tranchant te régleras le reste de mon mois.
Je te fait retour de mon linge, et quelques photos ; j’ai simplement gardé sur moi ta photo et celle de mon petit Dany ainsi que celle de ma grand-mère que je possédais.
J’envoie mon bon souvenir à mes 2 copains Fernand et Jean
ma dernière pensée sera pour toi et pour mon petit Dany
Encore une fois mon amour sois très courageuse, le temps te fera oublier ta peine, préviens avec ménagement le reste de la famille fait au mieux
Adieu ma petite chérie
Avec cette lettre mes derniers et plus tendres baisers. Ainsi qu’à mon fils que je m’étais pris à aimer
Adieu à tous
Maurice
(copie de la lettre manuscrite de Maurice Bourgois par Dominique Mazon)
Sources

SOURCES : SHD AVCC, Caen. Cote AC 21 P 429 417 et SHD Vincennes GR 16 P 82541 — Mémoire des hommes, dossiers d’homologation des formations FFI, groupe FTPF Châtellerault GR 19 P 86/44 — Arch. Dép. Seine et Vienne (état civil, recensements) — René Terrisse, Bordeaux 1940-1944, Ed. Perrin, 1993. — Comité de Souge Les 256 de Souge. — Marie-Claude Albert, Châtellerault sous l’Occupation, Geste Éd., 2005. — Au nom de la Résistance, hommage aux 128 fusillés, coll. Centre régional « Résistance & Liberté » et MIMC Office national des anciens combattants Vienne, Poitiers, 2013. — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb.

Jean-Pierre Besse, Annie Pennetier, Michel Thébault

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