Né le 25 avril 1904 à Saint-Thégonnec (Finistère), fusillé sommairement le 1er juin 1943 au camp d’Auvours à Champagné (Sarthe) ; forgeron ; militant communiste et syndicaliste du Finistère ; résistant FTPF.

Jules Lesven
Jules Lesven
Communiqué par Gildas Priol
Fils d’un sabotier et d’une commerçante, Jules Lesven fut orphelin à quatre ans et élevé par sa tante. Forgeron, il travailla à Plouescat, Landivisiau, Plounévez-Lochrist chez un réparateur de machines agricoles. Dès 1929, il était forgeron à l’Arsenal de Brest. Syndiqué à la CGTU, il adhéra au Parti communiste en 1935. Lors de la réunification syndicale, il devint membre de la commission administrative de son syndicat.
Il avait épousé en octobre 1929 à Plouescat Marie Yvonne Kerrien, née dans cette commune en février 1908, couturière. Le couple eut quatre enfants.
D’octobre 1939 à décembre 1941, il appartint au triangle de direction de la section communiste clandestine de Brest avec Eugène Kerbaul et Jeanne Goasguen-Cariou. Responsable départemental des Francs-tireurs et partisans (FTP), puis interrégional fin 1942. Il dut quitter le Finistère. Devenu responsable politique de la Sarthe, il fut arrêté par la police française le 7 mars 1943 et fusillé sommairement au camp d’Auvours à Champagné (Sarthe).
Le même jour furent exécutés à Auvours : Albert Aubier, Alex Auvinet, Armand Blanchard, Pierre Corre, Émile Debonne, Émile Derruau, Eugène Dubruilles, Robert Estival, Edmond Garreau, René Le Petillon, Jules Lesven, Paul Madiot.
Reconnu "Mort pour la France", Jules Lesven reçut à titre posthume la médaille de la Résistance française en 1953. En sa mémoire, une rue du Dourjacq depuis octobre 1945 et un établissement scolaire (un lycée) portent son nom à Brest. Le 1er juin 2018, pour commémorer le 75e anniversaire de sa disparition, l’établissement scolaire éponyme a organisé une journée mémorielle avec différentes associations brestoises.
Dernière lettre, 1er juin 1943
 
Ma chère Monique bien aimée,
Dans quelques heures, je vais être fusillé. Ma dernière pensée va vers toi ma chère Monique car demain toutes ces responsabilités vont peser sur tes épaules, la lourde charge d’assurer le pain pour nos trois petits chéris. Le moment est (illisible) mais je sais que tu es courageuse et que tu ne manqueras pas d’assumer la tâche qui t’incombe en ces heures tragiques et qui vont me séparer de tous ceux qui me sont les plus chers. Du fond de ma noire cellule où j’écris ces derniers mots, je pense à tous ceux que je ne reverrai plus et que j’aimerais saluer, embrasser de tout mon cœur une dernière fois. Je meurs en patriote pour que vive la France, pour avoir la tête haute, pour la libération de mon pays.
 
Je vais devant le peloton d’exécution la tête froide conscient d’avoir rempli mon devoir de Français. Je suis resté fidèle à mon passé et à la classe ouvrière et à notre grand parti Communiste auquel j’appartiens qui mène une lutte vigoureuse pour unir toutes les forces vives du pays pour sa libération.
 
J’adresse aussi à mes camarades de travail mon dernier salut ainsi qu’à tous mes Amis. Je termine cette dernière lettre en te disant Adieu ma chère Monique, Adieu mon cher fils Gilbert, Adieu ma chère fille Mathilde, Adieu mon petit Pierrot.
 
VIVE LA FRANCE
 
Jules
Sources

SOURCES : Eugène Kerbaul, 1 640 militants du Finistère, Bagnolet, 1988. – Site du lycée Julien Lesven de Brest. – Arch. Dép. Finistère, fonds Alain Le Grand, 208 J. — État civil. — Gildas Priol, resistance-brest.net.

Jean-Pierre Besse

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