Né le 30 juillet 1915 à Paris (Xe arr.), fusillé le 14 février 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; garçon de courses, manœuvre ; résistant FTPF.

Adolphe Wersand
Adolphe Wersand
Fils d’Adolphe et de Lucienne, née Marcelot, Adolphe Wersant alla à l’école primaire, il savait lire et écrire. De la classe 1935, il s’engagea pour cinq ans en mai au 4e Régiment de Hussards à Rambouillet (Seine-et-Oise, Yvelines). Muté au 21e Régiment colonial en 1938, il se réengagea en 1941, du fait de l’armistice il fut mis en congé en novembre 1942.
Il travailla comme garçon de courses par la maison Franconi à Paris. Il travailla ensuite en tant que manœuvre à la Société Générale de Constructions Mécaniques (S.G.C.M.) au 24 rue de la Gare à La Courneuve (Seine, Seine-Saint-Denis). Un collègue de l’usine lui proposa d’entrer dans un groupe de résistants. Il accepta, rencontra quelques jours plus tard « Martial » qui se présenta en tant que militaire régional. Il lui expliqua que la résistance avait pour but de détruire le matériel destiné aux autorités d’occupation et de se tenir prêt en cas de débarquement anglo-américain. Il fut mis en rapport avec « Gaston » (Paul Faure) qui était le chef du détachement Marceau, puis à « Pierre », ensuite à « Petit Pain » André Ched’Homme.
En congé maladie, réfractaire au S.T.O., il appartint dès juillet 1943 au détachement FTP « Gaston Carré » de la région P 3 (banlieue nord de Paris), il habitait en hôtel 24 rue du Pont Blanc à Aubervilliers, utilisait des faux papiers au nom de « Courtier ».
Sous les ordres de André Ched’homme, il participa à la plupart des coups d’éclat du groupe : le 28 juillet 1943, avec quatre autres F.T.P il devait cambrioler le local où était entreposé des titres de ravitaillement, le lieu était au-dessus du poste de police de Livry-Gargan (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis), l’opération échoua. Le 12 août de nuit, cinq F.T.P. devaient récupérer des armes au poste de garde allemand à Pierrefitte, vers deux heures du matin une sentinelle allemande a été poignardée ; fin août, à un déraillement d’un train de matériel allemand entre Clermont-sur-Oise et Creil, deux wagons de queue se couchèrent ainsi que le plateau de la D.C.A. Après la mort de Ched’homme tué le 27 septembre 1943 par des gendarmes lors du cambriolage de la mairie de Bethemont-la-Forêt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), Adolphe Wersand du détachement « Marceau » fut désigné pour le remplacer à la tête du détachement Gaston Carré.
Il fut arrêté le 15 octobre vers 16 heures dans le bureau de l’Hôtel où il était domicilié par des inspecteurs de la BS2 des renseignements généraux pour « activité de franc-tireur, attentats contre des voies ferrées et attaques de mairies ». Les policiers finirent par découvrir les armes qu’il dissimulait dans la chasse d’eau des WC situés sur le palier du 2e étage de l’immeuble 48 rue de la Boulangerie à Saint-Denis : trois pistolets et revolvers chargés ainsi que deux grenades anglaises Mills.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de Police, les inspecteurs l’interrogèrent. Un autre membre du groupe ayant déclaré lors d’un interrogatoire qu’en juin Adolphe Wersand avait indiqué qu’il était possible de dérober des mitrailleuses légères de chars dans une usine faisant face à la gare de La Courneuve, ils lui demandèrent des explications. Il confirma l’information, il en avait bien parlé à « Gaston » (Paul Faure).
L’opération se déroula un matin, dès cinq heures, Adolphe Wersand amena une remorque de bicyclette trouvée dans une cour. Les armes furent entreposées chez lui, en les démontant il se rendit compte que les canons étaient percées. « Gaston » lui aurait demandé des pièces détachées, quant à Wersand il tenta de réparer les canons. La tâche s’avérant impossible, il s’en débarrassa dans un terrain vague derrière les usines Babkock à La Courneuve.
Lors de son interrogatoire les policiers le frappèrent à plusieurs reprises, il déclara : « Lorsque j’ai été appréhendé, j’avais décidé d’abandonner toute activité et de reprendre mon travail à la S.G.C.M. »
« Quand j’ai été recruté pour les F.T.P. j’ignorais qu’il s’agissait d’une organisation placée sous l’égide du Parti communiste. Je ne l’ai appris que tout dernièrement ». Il aurait décidé de quitter l’organisation, « mais je désirais auparavant voir « Fabert » [commissaire aux effectifs] pour me faire remettre l’argent qui m’était dû ».
Il affirma que la veille de son arrestation, le 14 octobre : « J’ai été témoin de l’arrestation par les inspecteurs de police, d’un camarade faisant partie d’un autre détachement, comme les faits sont passés, étant armé de deux revolvers et de deux grenades, j’aurais pu intervenir pour faire libérer ce camarade. Je ne l’ai pas fait, ne voulant pas tirer sur des policiers français ».
Livré aux Allemands, incarcéré à la prison de Fresnes, Adolphe Wersand comparut le 28 janvier 1944 devant le tribunal de la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Il fut condamné à mort pour « actes de franc-tireur », passé par les armes le 14 février 1944 avec deux de ses camarades, Paul Faure et André Deveze, il fut inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Le conseil municipal de Dugny donna son nom à une rue.
La famille d’Adolphe Wersand ne put être contactée lors de la tenue des commissions d’épuration de la police.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. GB 136 BS2 carton 44 (transmis par Gérard Larue), KB 8, KB 12, KB 105, GB 190 (photo). – Arch. de la CCCP (notes JP. Ravery). – Arch. DAVCC Caen, B VIII. (Notes de Thomas Pouty). – J. Clesse, S. Zaidman, La Résistance en Seine-Saint-Denis, Éd. Syros 1994, p. 192. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet GenWeb.

Daniel Grason, Jean-Pierre Ravery

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