Né le 16 septembre 1883 à Reims (Marne), fusillé comme otage le 11 août 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; typographe ; militant communiste clandestin ; résistant du Front national de libération.

Fils d’Adèle Thomas, dix-huit ans, rentrayeuse, Julien fut reconnu par sa mère, puis légitimé par le mariage d’Adèle avec Jules Landragin le 5 octobre 1889 en mairie de Reims. Julien Landragin devint typographe, il épousa le 20 décembre 1904 Marthe Flechu à Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine).
Il se remaria le 2 septembre 1933 avec Céline Scheller en mairie du XIIIe arrondissement à Paris. Le couple eut deux enfants, et vivait au 85 boulevard de Port-Royal. Julien Landragin était ouvrier typographe à l’Humanité en 1937. « Vieux militant socialiste », il avait rejoint le Parti communiste en 1934.
Sous l’Occupation, Julien Landragin composa clandestinement la presse du Front national à l’imprimerie Daubeuf au 14 rue de Bellevue (XIXe arr.). Il continuait à mettre ses compétences professionnelles au service du Parti communiste. Il assurait la direction technique de l’imprimerie, Henri Daubeuf en était le gérant. Il se chargea de négociations pour l’acquisition de machines nouvelles.
Julien Landragin fut arrêté le 18 juin 1942 par des inspecteurs de la BS1 dans le cadre de l’affaire Tintelin, il portait sur lui des bons d’essence confectionnés à l’imprimerie Daubeuf. Il fut interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, puis emprisonné au Dépôt. Remis aux Allemands, incarcéré au fort de Romainville le 10 août, il était passé par les armes comme otage (en représailles à l’attentat du stade Jean-Bouin et de divers attentats qui provoquèrent trente et un morts allemands dans le même mois) le 11 août 1942.
Le même jour, le journal collaborationniste Le Matin publiait un « Avis » signé d’un responsable SS : « Malgré plusieurs avertissements, le calme a à nouveau été troublé sur certains points de la France occupée. Des attentats ont été perpétrés contre des soldats allemands par des terroristes communistes à la solde de l’Angleterre. [...] J’ai, en conséquence, fait fusiller 93 terroristes qui ont été convaincus d’avoir commis des actes de terrorisme ou d’en avoir été complices ».
Le corps de Julien Landragin fut incinéré au Père-Lachaise, puis inhumé au cimetière de Thiais (Seine, Val-de-Marne). Sa femme Céline fut mise hors de cause.
Indiqué "résistant isolé" sur Mémoire des Hommes, ce qui est de toute évidence inexact.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 2117, PCF carton 13, rapports hebdomadaires sur l’activité communiste, 77W 400. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – S. Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – Le Matin, 11 août 1942. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC XLV-45. – État civil, Reims. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 335571 (nc).

Daniel Grason, Claude Pennetier

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