Maitron patrimonial (2006-2024)

Né le 11 juin 1915 à Louargat (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor) ; chauffeur livreur ; marié ; un enfant ; résistant FTP, commissaire aux Opérations.

Fils de Fiacre, Henri Tilly et de Clémentine, Marie Le Morvan, cultivateurs, Armand Tilly, marié, père d’un enfant, demeura à Louargat : Cre’ch-Caradec, La Ville-Neuve « Ker-Névez » puis le bourg.
Ses parents exploitèrent une petite ferme, ils eurent sept enfants, Armand fut le plus jeune, la vie ne fut pas facile, « on ne mangeait pas tous les jours à sa faim ! », vivant sous l’influence de l’église omniprésente.
Les gens l’appelèrent Armand Fiacre, c’est à dire Armand le fils de Fiacre, chose courante pour éviter toute confusion.
Il fréquenta l’école publique de Louargat, le jour du certificat d’étude primaire, il du aller garder des vaches pour un fermier, permettant ainsi de gagner quelques « sous », du « butun » en breton se dit pour un pourboire. Il passa son certificat d’étude primaire avec succès lors de son service militaire. Sa mère ne parla pas du tout le français. Elle était à l’occasion pélerine par procuration allant pour des fermiers recueillir de l’eau à la fontaine Saint-Vincent en Pédernec pour guérir les petits cochons.
En 1929, il perdit son père et sa soeur aînée qui s’occupa de lui petit.
En 1931, sa mère fut tuée sur la route victime d’un chauffard ivre.
Orphelin à 16 ans, il travailla chez un commerçant de Louargat, la famille Le Blévennec, parcourant les campagnes avec une fourgonnette, conduisant celle-ci avant 18 ans, vendant de l’épicerie et récoltant les denrées produites par les cultivateurs, cela jusqu’à son service militaire qu’il effectua à Fontainebleau (Seine-et-Marne).
Le 27 mars 1939, mobilisation, départ de Louargat pour rejoindre son unité à la caserne de Fontainebleau (Seine-et-Marne). En attente, c’est la drôle de guerre.
Le 10 mai 1940, son unité monte en ligne.
Le 14 mai 1940, mitraillés par l’aviation allemande à Saint-Denis (Belgique), son unité subit de lourdes pertes. C’est la débâcle en France et en Belgique.
Le 28 mai 1940, ordre de détruire tout le matériel à Ypres (Belgique).
Le 30 mai 1940, arrivée à Dunkerque (Nord).
Le 1er juin 1940, embarquement à bord du torpilleur « La Flore », passage en Angleterre.
Du 1er au 7 juin 1940, en Angleterre.
Le 7 juin 1940, embarquement à bord d’un cargo mixte hollandais « Le Batavia IV », retour en France par Cherbourg (Manche).
Le 9 juin 1940, passage à ‘Evreux (Eure) sous les bombes.
Le 14 juin 1940, passage en Zone Libre.
Le 25 juin 1940, arrivée dans le Tarn.
Le 7 septembre 1940, démobilisation et retour à Louargat.

En savoir plus sur la période qui précède.

Le 21 juillet 1941, il épousa Clémence Le Lagadec à Saint-Eloi (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).

Le 2 août 1941, départ pour Colombes (Seine ; Hauts-de-Seine), ouvrier dans une usine de fabrication de joints en caoutchouc.
Le 6 août 1942, naissance de son fils Serge à Neuilly-sur-Seine (Seine ; Hauts-de-Seine).
Le 20 octobre 1942, il refusa de partir en Allemagne pour le STO (Service du Travail Obligatoire), il remit un poste émetteur fabriqué par un militant communiste René Vincent -poste destiné au groupe Manoukian, il le sut plus tard-, retour à Louargat.
Le 30 octobre 1942, contacté par Louis Lalès militant du Parti Communiste Français pour mettre en place la Résistance dans la commune. Constitution du premier groupe Louis Lalès, Roger Madigou, Armand Tilly et Eugène Le Lagadec. Recrutement, distribution de journaux clandestins…
Armand Tilly est nommé CO, Commissaire aux Opérations.
Le 11 novembre 1943, première distribution de tracts à Louargat.et dépôt d’un bouquet de fleurs sur le monument aux morts de Louargat.
Le 30 janvier 1944, Jean Le Gall âgé de 10 ans est abattu par un militaire allemand au bourg de Louargat.
Le 20 mars 1944, récupération par le groupe des premières armes issues d’un parachutage à Maël-Pestivien.
Le 6 avril 1944, des feldgendarmes tentèrent d’arrêter Armand Tilly à son domicile, son camarade Roger Madigou fut arrêté. Clémence son épouse et Serge son fils furent gardés plusieurs jours dans la maison par plusieurs feldgendarmes. Armand Tilly reçu l’ordre de Louis Pichouron le commandant « Alain » de changer de secteur et partit à Ploubezre (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) chez Alexis Henry tenant une exploitation agricole, teillage de lin.
Le 6 mai 1944, Roger Madigou fut condamné à la peine de mort par un tribunal militaire allemand siégeant à Saint-Brieuc, puis fusillé au camp de manoeuvre des Croix à Ploufragan avec 11 autres FTP.
Le 23 mai 1944, venant de quitter quelques minutes auparavant Kerguiniou en Ploubezre, le groupe fut surpris par l’arrivée de feldgendarmes, deux FTP furent tués Yves Le Cudennec et Amédée Prigent, un autre Yves Derriennic fut blessé puis arrêté il fut massacré par la suite à Malaunay en Ploumagoar (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).
Le 6 juin 1944, la Résistance reçue l’ordre de mettre en place des maquis, l’installation se fit dans les secteurs de Saint-Eloi, Pluzunet (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) et Louargat. Il fut responsable d’un groupe de 34 FTP.
Le groupe fit partie de la compagnie FTP « La Marseillaise » crée par Yves Trédan.
Le 23 juin 1944, son camarade Paul Nogré fut condamné à la peine de mort par un tribunal militaire allemand siégeant à Rennes (Ille-et-Vilaine), puis fusillé à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine).
Le 3 juillet 1944, défilé dans Bégard (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), mise en place d’un drapeau sur le monument aux morts de Bégard, destruction d’une estafette allemande à Bégard, un militaire allemand fut tué. Le maquis de la compagnie « La Marseillaise » fut attaqué, deux membres du groupe furent tués : François Géron et Georges Le Du à Kerboriou en Pluzunet.
Le 13 juillet 1944, le maquis fut attaqué par des militaires allemands à Pluzunet sans perte.
Le 30 juillet 1944, coupure du câble téléphonique souterrain reliant Brest à Berlin à Pont-Elory en Louargat sur la route nationale 12.
Le 5 août 1944, le groupe tomba nez à nez avec une colonne allemande au bourg de Louargat, aucune perte, mais Roger Féjean âgé de 15 ans fut tué.
Le 6 août 1944, les Allemands incendièrent 3 maisons au bourg de Louargat, dont celle des parents à Roger Madigou.
Le 6 août 1944, l’ordre fut donné de se rendre à Lannion (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) pour participer à la Libération du secteur. Le groupe fut affecté pour la Libération de Trédrez – Locquémau à 10km de Lannion.
Le 10 août 1944, Libération de Loquémau (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor). Retour à Louargat.
Le 12 août 1944, la Libération est fêtée à Louargat au cours d’un repas fraternel.
Du 13 au 15 août 1944, ordre de se rendre à Tréguier (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) pour la Libération du secteur. Retour à Louargat.
Le 21 août 1944, après des recherches le corps de Roger Madigou est retrouvé à Ploeuc-sur-Lié avec 11 autres victimes.
Le 23 août 1944, obsèques de Roger Madigou.
Le 17 septembre 1944, départ pour le Front de Lorient (Morbihan).
Le 28 octobre 1944, grande offensive de l’armée allemande, beaucoup de pertes parmi les FFI.
Le 18 novembre 1944 à fin mars 1945, affecté au Front de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure ; Loire-Atlantique).
Début avril 1945, retour à Louargat puis école des cadres à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).
Mai 1945, caserne de Châteauroux (Indre).
Retour à la vie civile à Louargat avant de partir pour trouver du travail.
En savoir plus sur la période qui précède.
Armand Tilly vint s’installer avec sa famille à Colombes (Seine ; Hauts-de-Seine); il trouva du travail comme ajusteur puis magasinier à la SNCF au dépôt des Batignolles à Pont-Cardinet à Paris 17ème, à La Folie à Nanterre (Seine ; Hauts-de-Seine) ; Rueil-Malmaison (Seine ; Hauts-de-Seine).
En 1945, il adhéra à la CGT, prenant des responsabilités en particulier lors de la grande grève de 1947, répartissant les fonds collectés. Jusqu’à son décès il sera fidèle à son syndicat, soit durant 66 ans.
En 1945, il adhéra au PCF, en désaccord, il le quittera en 1954, mais le soutiendra sans faille jusqu’à son décès, lisant quotidiennement « L’Huma ».
Il participa à tous les combats pour la paix en particulier lors des guerres d’Indochine, d’Algérie, du Vietnam et d’Irak. Il défendit tout au long de sa vie les acquis sociaux mis en place à la Libération. Il se battit toujours contre toutes les formes d’injustices.
En 1976, retraité, il vint s’installer à Lannion avec son épouse Clémence Le Lagadec.
Depuis cette date jusqu’à son décès en 2011, il assura la présidence du Comité de
Lannion de l’Association Nationale des Anciens Combattants et amis de la Résistance (ANACR)
ainsi que des responsabilités au niveau du département dans cette association.
Le 22 septembre 2011, Armand Tilly décéda à Lannion, il avait 96 ans.
Parcours d’Armand Tilly, de la mobilisation au Front de Lorient.

 

Sources

SOURCES : Archives familiales, témoignage d’Armand Tilly.

Serge Tilly

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