Né le 21 janvier 1922 à Zidowo (Poznanie), mort le 11 octobre 1941 à Lourches (Nord), mortellement blessé au cours d’un sabotage ; ajusteur à Lourches ; militant des Jeunesses communistes ; résistant.

Les parents Olejniczak, Martin et Catherine, étaient nés en Poznanie incorporée à l’empire allemand. Leur fille, née en 1912, fut ainsi considérée comme allemande jusqu’à la renaissance de la Pologne après la Première Guerre mondiale. Trois fils naquirent successivement : Edmond Olejniczak, Félix Olejniczak et Benoît Olejniczak entre 1919 et 1922. Ils reçurent à leur naissance la nationalité polonaise.
Martin Olejniczak était ouvrier agricole dans une grande exploitation polonaise. Militant syndical, il avait organisé en 1922 une longue grève à l’issue de laquelle il fut licencié avec son frère. En 1924, il signa un contrat de travail avec la compagnie des Mines de Douchy et émigra la même année dans le Nord de la France où il fut embauché aux fours à coke de Lourches. Il reçut un logement et fit venir sa famille. Les trois frères eurent le même type de scolarité : école primaire de Lourches jusqu’à l’obtention du certificat d’études primaires avec mention, puis préparation en trois ans d’un brevet d’études industrielles (BEI) à l’Ecole pratique de Denain. Les parents eurent un grand mérite à laisser leurs enfants poursuivre leurs études. En effet, en 1931, une demande de naturalisation pour toute la famille fut rejetée. Les trois fils gardant la nationalité polonaise, la commune de Lourches (Nord) où demeurait la famille ne payait ni les livres ni les cahiers. De plus, une fois leur scolarité primaire terminée, les trois fils durent payer un loyer à la Compagnie des mines de Douchy dans la mesure où ils n’étaient pas embauchés à cette houillère. Or, à cette époque de crise économique, le père ne travaillait que trois jours par semaine et le loyer à acquitter pour ses fils équivalait au tiers de son revenu. Pour arrondir ses revenus, il avait loué des champs à Lourches, Neuville-sur-Escaut et Douchy et les fils aidaient à leur culture et à la vente des produits sur les marchés locaux.
Après ses frères, Benoît Olejniczak obtint à son tour un BEI d’ajusteur et fut embauché en 1938 aux fours à coke de Lourches. Edmond, Félix et Benoît Olejniczak étaient des sportifs acharnés et très connus à l’époque dans le Denaisis. Ils faisaient de la natation à la « Libellule de Denain », du football au « Sporting club de Lourches » et du cyclisme aux vélo-clubs de Neuville-sur-Escaut et Trith-Saint-Léger.
Les trois fils Olejniczak étaient tout à fait intégrés au sein de la communauté française et leurs fréquentations ne se cantonnaient pas aux membres de la communauté polonaise. Ils parlaient certes le polonais avec leurs coreligionnaires mais avaient de nombreux amis français à l’école, dans leurs clubs sportifs et sur leur lieu de travail. Ils avaient plutôt des idées progressistes. Par conformisme, ils avaient fréquenté le catéchisme jusqu’à leur communion solennelle mais n’étaient ni croyants ni pratiquants, ce qui était assez rare au sein de la communauté polonaise. S’ils restaient attachés à leur Pologne natale, ils n’hésitèrent pas lorsqu’en 1939 leur naturalisation fut accordée.
L’écrasement de la Pologne puis de la France fut une dure épreuve pour la famille Olejniczak. Les trois frères Olejniczak en discutaient souvent avec leurs camarades, Paul Henke, étudiant avant de devenir instituteur, Charles Robiquet, mineur et ouvrier agricole après ses journées , Léon Vanghelle, un jeune coiffeur, Maurice Bailleux qui terminait ses études d’instituteur. Leurs propos furent entendus par Jean-Baptiste Boucly, membre du Parti communiste clandestin, qui les incita à adhérer aux Jeunesses communistes que Félicien Joly reconstituait dans le Denaisis. C’est ainsi que les trois frères entrèrent avec leurs camarades dans la résistance dès l’automne 1940. Ceci se traduisit au début par des actions personnelles : inscriptions à la peinture, dépôt de sable dans les ponts de graissage des machines. Puis Félicien Joly leur fit parvenir régulièrement des tracts qu’ils ventilaient.
Au début de 1941, le groupe de Lourches comprenait huit membres. Benoît Olejniczak avait la liaison avec Pierre Clairsin de Denain, ouvrier aux fours à coke de Lourches. Ils rencontrèrent plusieurs fois Félicien Joly et même Eusebio Ferrari , leur voisin à l’Ecole pratique de Denain. Ferrari, alors dans une clandestinité totale, fut fréquemment hébergé chez eux. Le 14 août 1941, le groupe récupéra et cacha 100 kilos de dynamite volés à la fosse Lagrange par le groupe de Valenciennes (Sandor Serediak, Maurice Dor, Jean Dubois, Louis Bossut Paul Frohlich — voir ces noms —, Félix Queniau, et René Dehecq). Le 10 septembre 1941, les trois frères Olejniczak participèrent au sabotage de la ligne Valenciennes-Cambrai. Et surtout eut lieu le 11 octobre la tentative de sabotage de l’usine de benzol Disticoke des fours à coke de Lourches, usine travaillant pour les Allemands et où Benoît Olejniczak était ajusteur d’entretien. Opération dramatique qui fit trois victimes : Paul Henke tué sur le coup, Benoît Olejniczak, mortellement blessé et Charles Robiquet qui, blessé également, fut capturé le lendemain par la police française et la Gestapo. Le père, Martin Olejniczak et les deux fils aînés, Edmond et Félix Olejniczak, furent arrêtés le jour même de l’attentat et internés à la prison de Valenciennes puis à Loos. Edmond et Félix Olejniczak furent déportés en Allemagne.
Sources

SOURCES : Arch. Musée de la Résistance à Denain. — Renseignements donnés par la mairie de Lourches et par la famille de l’intéressé.

Iconographie
ICONOGRAPHIE : Musée de la résistance de Denain.

Odette Hardy-Hémery

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