Né le 25 mars 1924 à Créteil (Seine, Val-de-Marne), fusillé par condamnation le 18 novembre 1943 à Bourges (Cher) ; ouvrier ; résistant de Créteil et maquisard FTPF.

Robert Legeay en 1941
Robert Legeay en 1941
Collection Christian Baumgarth, photo détenue par Geneviève Pagano
Geneviève Pagano et Robert Legeay
Geneviève Pagano et Robert Legeay
Dernière lettre de Robert Legeay
Dernière lettre de Robert Legeay
Collection Christian Baumgarth
Robert Legeay appartenait à une famille de cultivateurs du Mont-Mesly, à Créteil. Son père, Jules, était natif de Paris (XIVe arr.) et sa mère, Alice Mesnage, originaire de Saint-Côme-du-Mont dans la Manche.
Le résistant Paul de Ronne, sollicité par Georges Pouget, créa la section de Créteil du Front national pour la libération et l’indépendance de la France. Il fit appel aux jeunes cristoliens en février 1943, en vue d’opérations d’envergure. Parmi les jeunes recrues figuraient Jean Jaguin et Robert Legeay. Dans le même temps le comité militaire régional des FTPF de la région Indre et Creuse, constitué d’Adrien Duqueyroix, commissaire aux effectifs, Charles Sanson commissaire aux opérations et André Coudert commissaire technique cherchait à constituer dans son secteur un maquis pour recevoir et encadrer les jeunes réfractaires. Ils choisirent la région de La Souterraine (Creuse) propice par ses qualités géographiques de boisement et surtout par la présence d’une forte implantation communiste (le PC clandestin y comptait à l’été 1943 plus de 200 membres). A la mi-juin 1943, un maquis fut installé dans le bois de Montautre à la limite de la Haute-Vienne et de la Creuse (entre Fromental, Haute-Vienne et Saint Maurice-la-Souterraine, Creuse). Ce maquis ravitaillé par les Jeunesses communistes locales comptait déjà à la mi-juillet une quarantaine de jeunes maquisards. Début juillet 1943, Jean Jaguin et Robert Legeay le rejoignirent. Les maquisards réussirent de nombreux déraillements sur la voie ferrée stratégique Toulouse-Paris. Le 19 août 1943, les Groupes mobiles de réserve (GMR) attaquèrent et dispersèrent le maquis. Les deux jeunes gens rejoignirent peut-être momentanément un maquis corrézien. Alors qu’ils revenaient à Créteil, en gare de Vierzon, le 15 octobre 1943, ils furent fouillés, une arme de poing et des bâtons de dynamite furent découverts dans leur paquetage. Détenus à la prison de Bourges, ils subirent les sévices du tortionnaire Pierre Paoli, agent français de la Gestapo, surnommé « le monstre ». Dans les jours suivants, la Gestapo arrêta Paul de Ronne et son jeune frère Gaby, à leur domicile de Créteil ; internés à la prison de Fresnes, ils y furent également torturés. La date d’arrestation est discutable. Les frères de Ronne, selon leur témoignage, auraient été arrêtés le 8 octobre, à moins que l’arrestation de Legeay et Jaguin soit en fait antérieure d’une semaine.
Le 9 novembre 1943, Jean Jaguin et Robert Legeay furent condamnés à mort par le tribunal militaire allemand FK 776 de Bourges pour « détention d’armes et de munition » et étaient décrits comme des « résistants qui auraient été en mission ». À Créteil, leur condamnation à mort déclencha une forte mobilisation, mais en vain. Ils ont été fusillés neuf jours plus tard, au lieudit Montifaut au polygone de Bourges.
La date du 18 novembre figure sur leurs dossiers de la DAVCC et sur la stèle de Montifaut. La mairie de Créteil reçut le 4 janvier 1944 la grosse du jugement rendu par le tribunal civil de 1re instance de Bourges à la date du 8 décembre 1943, indiquant par erreur le 23 novembre comme date de mort ; ce jour, neuf autres résistants avaient été fusillés.
Dans sa dernière lettre, Robert demandait à ses parents de reposer dans la tombe familiale du cimetière de Créteil et confirmait son amour à son amie Geneviève Pagano partie dans le Sud de la France pour soigner une tuberculose qui l’emporta le 19 avril 1944. Elle ne connut pas le destin de Robert.
Dernière lettre
 
_ « Chers oncle tante cousin et cousine, Je vous annonce qu’il n’y a plus rien à faire pour moi maintenant je vais mourir je vous en prie pour vous il faut être fort plus fort que moi. C’est dommage que je vous quitte car j’aurai bien voulu vous voir avant de mourir mais cela est impossible. En ce moment j’ai été appelé pour me faire confesser mais je vous demande une seule chose, faites-moi ramener à Créteil auprès de mon grand-père, mon père, mon oncle et ma petite cousine, je pourrai être heureux avec eux. Je ne vois plus grand-chose alors à vous dire. Tu embrasseras bien Jacques Fournier Pour moi ainsi que Geneviève Pagano, celle que j’aimais et que j’aimerai toujours. Maintenant je vous dis adieu. Robert Legeay. »

Leurs corps furent inhumés au cimetière Saint-Lazare de Bourges dans le carré des fusillés, fosse 862 pour Robert, puis ré-inhumés dans celui de Créteil.
Sa sœur, Janine, fut tuée dans les bombardements alliés de Créteil en août 1944.
Le 11 octobre 1944, « le Comité de libération nationale, de Créteil décida de débaptiser cinq artères de la ville et de donner à ces voies les noms d’Estienne d’Orves, Gabriel Péri, Jean Jaguin, Robert Legeay et Juliette Savar pour célébrer le 21 octobre, où nombre de patriotes furent fusillés à Châteaubriant ». Par délibération municipale du 8 décembre 1944, la rue des Ottats a été nommée rue Robert-Legeay.
Le nom de Robert Legeay figure également sur la stèle commémorative des fusillés de Montifaut à Bourges, sur le monument aux morts de Créteil et sur le mémorial de la Résistance creusoise à Guéret (Creuse).
Reconnu soldat FFI, la mention « Mort pour la France » lui fut attribuée sur avis du ministère aux Anciens Combattants, en date du 31 mars 1947. Le secrétariat d’État aux Anciens Combattants lui attribua le statut d’Interné Résistant (IR).
Il fut décoré de la Médaille de la Résistance le 18 mars 1970, parution au JO le 12 mai 1970.
Paul et Gaby de Ronne survécurent à la déportation et revinrent en mai et juin 1945.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, BVIII4, Liste 1744. (Notes Thomas Pouty). – Arch. com. Créteil. – Créteil en son terroir à travers rues et chemins. Les Amis de Créteil, 2009. – Témoignage de Paul de Ronne, Créteil se raconte, no 11, juin 2009. Bibliothèques de Créteil. – Documentation de Christian Baumgarth, neveu de Geneviève Pagano. – 200 combattants et témoins, maquis de Corrèze, Paris, Éd. Sociales 1975. — Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 . —État civil.

Annie Pennetier, complétée par Michel Thébault

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