Né le 14 avril 1922 à Cuy (Yonne), fusillé après condamnation le 7 mars 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; chaudronnier, soudeur à l’arc ; résistant dans les FTPF, membre du réseau anglais Buckmaster.

Dévoilement de deux plaques en l’honneur de Marc Bizot, le 13 avril 2014, au cimetière de Michery (Cuy).
Fils de Désiré Bizot, manouvrier et de Berthe née Devos, Marc Bizot demeurait chez ses parents à Michery près de Pont-sur-Yonne (Yonne). Il obtint à l’issue de l’école primaire le CEP. Il s’engagea en mars 1942 à l’École de l’Air de l’armée d’armistice, il a été démobilisé en novembre 1942. En janvier et février 1943, Marc Bizot exerça la profession de soudeur à l’arc à la société Fichet à Sens. Il quitta cet emploi en février 1943 craignant d’être requis pour le Service du travail obligatoire (STO).
En mai 1943, André un ancien camarade de régiment qui se faisait appeler « Salon » lui rendit visite. Marc Bizot lui confia sa crainte d’être convoqué pour le STO. « Salon » lui proposa d’entrer dans une organisation qui « n’était placée sous la dépendance d’aucun groupement politique. » L’organisation recherchait un endroit où stocker des armes qui devaient être parachutées. Marc Bizot accepta d’être le gardien du dépôt, sa tâche consistait à se rendre de temps en temps dans les carrières pour vérifier s’il n’y avait pas de visiteurs inopportuns.
Le 13 juin jour de la Pentecôte, « Salon » lui rendit visite chez ses parents qui ignoraient tout de l’activité de leur fils. « Salon » l’informa qu’il y aurait un parachutage le soir même et que l’organisation avait besoin de lui. « Robert », « René », « Coq » et « Salon » avec Marc Bizot balisèrent le terrain vers 23 heures. Vers minuit trente l’avion survola le terrain, après des signaux de reconnaissance, dix parachutes reliés à des bidons en tôle étaient largués. Les cinq résistants transportèrent les bidons jusqu’à la carrière et les enterrèrent. L’inventaire a été effectué quinze jours à trois semaines plus tard. Après avoir prélevé quelques mitraillettes Sten et des revolvers Schmidt-Anderson calibre 12 mm, le reste était à nouveau enterré.
Le 6 octobre 1943, à Paris des inspecteurs de la BS1 interpellèrent Robert Hildebrandt et Lucie Martin, son agent de liaison. Le lendemain plusieurs inspecteurs se rendaient à la carrière de Michery. Des inspecteurs étaient de surveillance à l’entrée des carrières. Marc Bizot venait faire son tour habituel, il alla vers eux, voyant la mitraillette de l’un d’eux, il lui lança : « Vous êtes du groupe ? », puis désignant la mitraillette, il poursuivit « Il y en a plein dans la carrière. » Terrible méprise, il fut aussitôt mis en état d’arrestation.
Emmené le 7 octobre dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, il a été interrogé. Il affirma qu’il ignorait qu’il travaillait avec une organisation qui dépendait des Francs-Tireurs et Partisans et du Parti communiste clandestin. Questionné sur sa rétribution, il répondit qu’il avait reçu de « Salon », « une fois mille francs et une fois cinq cents francs », il lui donna sa photographie pour l’établissement d’une fausse pièce d’identité, en vain…
Il lui avait été demandé de chercher des hommes pour réceptionner les armes du parachutage : « mais je n’ai pu le faire, ne connaissant personne d’assez sûr. » Des FTP étaient donc venus de Paris.
Il reconnut qu’il avait gratté sa carte d’identité et modifié sa date de naissance. Il s’expliqua sur différents papiers saisis qui était sans rapport avec son activité clandestine. Une feuille de papier sur laquelle était écrit « Mrs R.V. LOVELESS 6615 Utah… » lui avait été donnée par un aviateur américain qui venait d’être abattu, « Je devais tenter de faire passer ce message » qui d’après cet américain était destiné à son épouse. Marc Bizot était en liaison avec le réseau anglais Buckmaster comme agent P2 (non rémunéré).
Incarcéré à Fresnes, le 24 février 1944 Marc Bizot comparut devant le tribunal du Gross Paris rue Boissy-d’Anglas, (VIIIe arr.) qui le condamna à mort pour « activité de franc-tireur, aide à l’ennemi et détention d’armes ». Il fut passé par les armes le 7 mars 1944 au Mont-Valérien, sa mort a été constatée à 15 heures 32.
Il fut reconnu comme FTP par le ministère des anciens combattants, Marc Bizot a été homologué au titre des Forces Françaises Combattantes (FFC) d’obédience gaulliste et Interné résistant.
Dans l ’Yonne, son nom figure sur une plaque commémorative à Sens dédiée aux militants « CGT 1939-1945 camarades de l’Union Locale morts victimes de la guerre et du nazisme » ainsi que sur le monument commémoratif aux fusillés et déportés à Auxerre. Son nom est gravé sur le mémorial cloche du Mont-Valérien.
Fresnes, le 7 mars 1944,
Chers parents, frères et soeurs,
Je vous embrasse tous bien fort pour la dernière fois.
Je viens d’apprendre que mon retour en grâce a été refusé et que dans quelques heures, j’aurai cessé de vivre. Mon grand désir aurait été de voir la France libre mais la destinée en aura voulu autrement.
Tout le temps de ma captivité j’ai pensé à vous dans la solitude de ma cellule, et je me suis familiarisé avec la mort. Aussi, c’est avec courage que je vais l’affronter aujourd’hui.
J’aurai mieux aimé mourir en combattant, mais le sort en a décidé autrement. Mais mourir pour la patrie , c’est le sort le plus beau !
Je vous quitte et vous embrasse une dernière fois.
Adieu... Adieu tous les copains.
Du courage et Vive la France !
Marc
Sources

SOURCES : Arch. PPo. PCF carton 8 activité communiste pendant l’Occupation, 77W 735, GB 136. – Arch. AVCC Caen, Boîte 5 (notes de Thomas Pouty). – Bureau Résistance GR 16 P 61938. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet GenWeb. – État civil, Cuy.

Daniel Grason

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