Né le 12 mai 1910 à Garat (Charente), fusillé le 15 janvier 1944 au camp de la Braconne (commune de Brie, Charente) ; tourneur ; résistant FTPF-Front National de lutte pour la Liberté et l’Indépendance de la France et réseau Centurie-OCM. 

diplôme décerné par le Comité Militaire National des FTPF à la famille Gillardie-Quément le 1er septembre 1945 et signé par Charles Tillon
diplôme décerné par le Comité Militaire National des FTPF à la famille Gillardie-Quément le 1er septembre 1945 et signé par Charles Tillon
Crédit : Archives familiales
René Gillardie
René Gillardie
Crédit : M. Cholet, petit-fils de René Gillardie
René Gillardie et sa fille Janine
René Gillardie et sa fille Janine
Crédit : M. Cholet, petit-fils de René Gillardie
René Gillardie était le fils de Jean Gillardie et Armantine née Raymond, cultivateurs. Il avait un frère ainé, Gustave, né en 1908. Jean Gillardie fut tué à l’ennemi à Vauxaillon (Aisne) le 2 juillet 1917.
René devint apprenti stagiaire forgeron à 15 ans à la fonderie de Ruelle puis ouvrier forgeron à 18 ans le 12 mai 1928. Il se syndiqua, probablement à la CGTU, et adhéra au Parti communiste français (PCF).
Le 12 décembre 1931, il épousa Madeleine Audiard à Ruelle-sur-Touvre (Charente). De cette union naquit une fille, Janine, le 25 décembre 1932.
Ils habitaient à Ruelle-sur-Touvre la même maison que leur oncle et tante Gabriel et Madeleine Quément. Gabriel fut directeur de l’école des apprentis de la Fonderie de Ruelle puis employé au Service Travaux de l’entreprise.
En 1937, après un accident du travail, René dut abandonner le métier de forgeron pour celui de tourneur. Mobilisé en 1939, fait prisonnier lors de l’occupation d’Angoulême, il fut rapidement libéré.
René Gillardie fut licencié le 14 mai 1941 pour « raisons politiques » en application de la loi de Vichy du 17 juillet 1940 qui stipulait que « les agents civils et militaires de l’État pourront être relevés de leurs fonctions par décret sur le seul rapport du ministre compétent et sans autres formalités. »
Il dut travailler comme bûcheron jusqu’à la fin du mois de mai 1942 puis fut employé à la Société Française d’Applications Mécaniques (SOFRAM), à La Couronne.
C’est au début de l’année 1942 qu’il s’engagea dans la Résistance. Les archives du Service historique de la Défense mentionnent une double appartenance : OCM et Front National, pour ce dernier du 1/1/42 au 15/1/44, Georges Berque étant son chef direct. Il commandait un détachement d’une quinzaine d’hommes et avait le rang de sergent.
Par ailleurs, le Lieutenant-Colonel de Saint-Albert, chef du service de renseignements de la région B, membre de l’OCM et adjoint au chef de région, atteste (15 mars 1947, SHD Vincennes) de son engagement dès 1942 comme agent de liaison. Selon son dossier à la DAVCC, René Gillardie « entra au mois de juillet 1942 dans le réseau Centurie où il travailla jusqu’à son arrestation [en qualité d’agent de renseignement]. Il rejoignit aussi en janvier 1943 l’OCM. »
L’appartenance à la Resistance communiste paraît certaine selon les archives et l’histoire familiales. René Gillardie était adhérent du PCF avant la guerre, ce qui lui valu d’être licencié en 1941. Son oncle Gabriel Quément était le trésorier du Front national à Ruelle, organisation pour laquelle il avait monté une petite imprimerie clandestine. Mais René Gillardie était en contact avec Armand Jean et Francis Louvel de l’OCM, le premier résidant de Ruelle, et le second employé à la SOFRAM et arrêté en même temps de René Gillardie, et tous condamnés et fusillés ensemble.
En 1943, des inscriptions sur les murs de l’agglomération angoumoisine témoignèrent de l’activité des résistants, notamment à Ruelle où ce furent probablement Amédée Berque et René Gillardie qui inscrivirent « Stalingrad, Vive Thorez et Duclos » sur le soubassement du bâtiment de la Fonderie. René Gillardie, ainsi qu’en atteste les chefs d’accusation du tribunal militaire allemand, a aussi participé au stockage des armes.
En septembre 1943, la répression allemande et vichyste s’intensifia. Des membres de l’OCM furent arrêtés puis, le 1er octobre, les FTPF Amédée Berque et Raymond Corbiat.
À la SOFRAM, contrôlée par les Allemands, le danger était accru du fait de la collaboration entre son directeur, Morel, et l’occupant dans la répression de la Résistance. Le 1er octobre : Louis Labonne parvint à échapper à l’arrestation par Allemands. Mais le 2, René Gillardie fut arrêté à l’usine par des Allemands de la Sipo-SD. Le même jour, Gabriel Quément était arrêté par la SAP de Poitiers. Ils furent emprisonnés à Angoulême, et accusés d’« aide à l’ennemi et dépôt d’armes ».
Le 6 janvier 1944, René Gillardie fut condamné à mort par le tribunal militaire FK 887 d’Angoulême comme neuf de ses camarades FTP et seize membres de l’OCM. 
Le 15 janvier à 5h du matin, on notifia le rejet de leur recours en grâce à sept FTPF et trois membres de l’OCM et René Gillardie fut passé par les armes au camp de la Braconne avec ses neuf camarades à 15h, en trois groupes. Tombèrent sous les balles avec René Gillardie les FTPF Amédée Berque, 32 ans, Gérard Vandeputte, 45 ans, Marcel Baud, 30 ans, Pierre Camus, 44 ans, Pierre Gaborit, 31 ans, Raymond Corbiat, 33 ans, et les résistants de l’OCM Armand Jean, 38 ans, Francis Louvel, 27 ans, Robert Geoffroy, 33 ans.
Gabriel Quément fut déporté au camp de Natzwiller-Struthof. De santé fragile, il ne supporta pas les traitements inhumains de ce camp de concentration, et mourut le 17 avril 1944.
Le 9 janvier, René Gillardie écrivit une lettre à son épouse et à sa fille. Quelques jours plus tard, il écrivit une autre lettre qui fut censurée par les autorités allemandes. Ce sont donc les derniers mots reçus par sa famille :
Document n°5 : Lettre de René Gillardie à sa femme, 9 janvier 1944
Source : Collection privée
"(…) nous ne connaissons pas notre sanction, mais je crains qu’elle ne soit très grave. (…) Le moral est bon. (…) Je suis de retour en salle avec mon oncle, il va bien et le moral est bon. (…) Ma chère Madelon, tu as repris ton travail, ne te fatigue pas trop et ne prends pas froid, et surtout conserve ce courage que tu as depuis quelques temps. J’ai reçu ta lettre, ma chère petite Janine et je te félicite des progrès que tu fais en orthographe, sois toujours bonne écolière et aime bien ta maman ; embrasse bien fort Mémé Gillardie et Tante Quément. Je termine en vous embrassant bien fort et en vous disant, au plus tôt possible.
Celui qui ne cesse de penser à vous.
Votre René."

Les familles furent rapidement informées de l’exécution par des gardes forestiers ainsi que par l’avocate qui les avait assistées pour les démarches juridiques. La confirmation de ces exécutions intervint le 17 janvier par un article paru dans un quotidien local et vraisemblablement inspiré par les services de la police allemande.
Très vite après la libération de la Charente le 3 septembre, l’exhumation des corps des fusillés fut organisée. Le dimanche 24 septembre 1944, les corps furent rassemblés au camp militaire que l’armée allemande avait occupé à proximité de la clairière. Les corps des dix fusillés du 15 janvier 1944 furent principalement inhumés dans les cimetières de leur commune d’origine.
Le 13 janvier 1946, l’épouse et la fille de René Gillardie étaient présentes à l’inauguration du monument des Fusillés de la Braconne par Maurice Thorez. Un film d’actualités montre Janine Gillardie et Madeleine Quément conversant avec le secrétaire général du PCF.
Une rue porte le nom de René Gillardie à Ruelle et à Magnac-sur-Touvre (Charente).
René Gillardie fut homologué FFC-DIR-FFI, et membre du réseau Centurie (agent P2, grade de sous-lieutenant de la DGER-FFC ; décision notifiée le 8 janvier 1952).
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 255463. — Notes Thomas Pouty. — Archives familiales communiquées par Monsieur Michel Cholet, petit-fils de René Gillardie. — Mémorial Genweb. — État civil, Ruelle.

Jean-Pierre Besse, Dominique Tantin

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