Né le 21 mars 1909 à Brioude (Haute-Loire), exécuté sommairement en janvier 1945 à Einsbach (Allemagne) selon l’état civil ; chirurgien-dentiste ; résistant du réseau SR Alliance.

Jean Sabatier était le fils de Jean Marius, docteur en médecine, et de Marguerite Rieux. Il se maria le 12 juillet 1932 à Paris XIe arr. avec Adrienne Passepont.
Chirurgien-dentiste, il était domicilié 6, rue Burnol à Vichy (Allier).
Il entra dans la Résistance au réseau "Marco Polo" puis en juin 1943 au réseau de renseignements militaires "Alliance" sous le pseudonyme de « Jean de Marseille ». Il devint l’adjoint du capitaine Pradelle*, chef du secteur de Vichy (Allier). Il fabriquait des fausses pièces d’identité, transportait du matériel radio, hébergeait à son domicile des résistants français, italiens et anglais et y cachait des armes. Son grade correspondait à chargé de mission de 1ère classe, équivalent de capitaine, à la D.G.E.R. (Direction Générale des Études et Recherches) qui fournissait de très nombreux renseignements militaires aux Alliés. Il prit par la suite le nom de code "V.11 bis".
Le 22 septembre 1943 vers 12 heures, la Gestapo de Vichy fit irruption revolver au poing dans l’appartement de Jean Sabatier. Son arrestation faisait partie d’un vaste coup de filet commencé le 16 septembre dans la région parisienne pour se poursuivre le 21 dans la région Auvergne. Plusieurs personnes furent arrêtées avec lui, certaines furent relâchées mais d’autres déportées.
Il fut conduit au siège de la Gestapo, boulevard des États-Unis où il fut interrogé et torturé puis incarcéré à la prison de Vichy et ensuite le 4 octobre 1943 à la prison militaire de la caserne 92, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Il fut ensuite transféré à la prison de Fresnes (Seine, aujourd’hui Val-de-Marne), le 30 novembre et déporté au départ du camp de Compiègne le 17 décembre 1943 à destination de l’Allemagne, où il fut incarcéré à la prison de Kehl-am-Rhein puis à celle de Rastatt (Bade-Wurtemberg).
Le 14 février 1944, la Gestapo de Strasbourg transmit le dossier d’accusation d’espionnage au service d’une puissance ennemie concernant le docteur Sabatier et 3 autres détenus, le capitaine Pradelle*, Robert Frumin* et Léon Ethevenard*, au Tribunal de guerre du Reich qui apposa le tampon « secret » et lui donna la classification "NN" (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard). Jean Sabatier et ses compagnons furent mis le 10 septembre 1944 à disposition de la Gestapo de Strasbourg, ce qui équivalait à une condamnation à mort.
Selon le Mémorial de l’Alliance, le 24 novembre 1944 le trio Julius Gehrum, chef de l’AST de Strasbourg, Erwin Schœnner, Kriminalkommissar et Reinhard Brunner, Kriminalsekretär, qui avait sévi la veille à Kehl arriva à Rastatt et sortit de leur cellule 12 détenus dont Jean Sabatier pour les conduire à proximité du petit village de Blittersdorf (Bade-Wurtemberg, Allemagne) où ils les exécutèrent deux par deux d’une balle dans la nuque près d’un pont de bois et jetèrent leurs corps dans les eaux du Rhin.
Selon d’autres sources, il aurait été déporté à Sachsenhausen (Brandebourg) où un autre détenu a déclaré l’avoir vu et quitté en juillet 1944 puis au camp d’Einsbach où il serait décédé en janvier 1945 selon l’état civil et le Journal officiel.
Il obtint la mention "Mort pour la France" et le titre de déporté résistant par décision du ministère des Anciens combattants du 24 septembre 1952.
Il obtint la mention "Mort en déportation" par arrêté du 3 novembre 1997.
Son nom figure sur le monument commémoratif "A la Mémoire des agents du réseau Alliance", au pont de l’Europe à Strasbourg et sur le monument aux morts de Vichy.
Sources

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 534780 et SHD, Vincennes, GR 16 P 528916 (nc).— Marie-Madeleine Fourcade, L’Arche de Noé réseau « Alliance », éd. Plon, Paris 1968. — Auguste Gerhards "Tribunal du 3e Reich", archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, Le Cherche Midi, Paris 2014. — Site Internet : AFMD "Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation de l’Allier". — Mémorial de l’Alliance, 1948. — Mémorial Genweb. — État civil.

Jean-Louis Ponnavoy

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