Né le 30 janvier 1920 à Marseille (Bouches-du-Rhône), fusillé le 21 août 1944 à Heilbronn (Bade-Wurtemberg, Allemagne) ; étudiant ; résistant du réseau SR Alliance.

Alfred Jassaud était le fils d’un ancien fusillé marin cuisinier de son état. Il obtint son baccalauréat à Marseille. Au début de la Seconde guerre mondiale, il s’engagea dans l’armée dans l’armée de l’air et fut affecté dans un régiment de Meharis en Algérie, jusqu’à l’automne 1942.
Il fut démobilisé à Toulouse où il fit la connaissance du capitaine d’aviation Crémieux alias "Alligator" au réseau de renseignements militaires "Alliance" qui le persuada d’entrer dans l’organisation. Il monta à Paris en octobre 1942 pour y rencontrer le chef de la zone de Paris et il fut formé à la reconnaissance des uniformes, des armes, des grades et des unités de l’armée allemande par Michel Gaveau alias "Tatou". Ce dernier lui confia ensuite des missions de repérage dans les casernes de la capitale. Il fut admis dans l’organisation avec de faux papiers au nom de "Robert Darsac" et avec le pseudonyme "Bison". Selon le Mémorial de l’Alliance il y était depuis 1941.
Repéré pour ses compétences il fut chargé de la formation de nouveaux agents et effectua de nombreux voyages dans toute la France, transportant en même temps des documents et du matériel radio. Il devint agent principal de renseignements de la Région Normandie et en rapporta des plans et des informations sur les unités, fortifications, terrains d’aviation, systèmes de défense des plages. En août 1943, il s’installa à Paris, faisant de nombreux allers-retours à Lille.
Suite à l’infiltration du PC parisien par le service de contre-espionnage allemand, il fut arrêté à Paris au retour d’une mission de repérage dans l’Eure, le 17 septembre 1943 ou le 19 selon le Mémorial de l’Alliance. Sa fausse carte d’identité (Robert Darsac) et des cartes d’alimentation furent découvertes dans les doublures de sa veste mais la police allemande ne réussit pas à établir sa véritable identité. Il fut déporté sous le nom de Robert Darsac par le convoi du 16 décembre 1943 au départ de Compiègne à destination de l’Allemagne. Il fut transféré à la prison de Kehl-am-Rhein puis à celle de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg). Le 2 mars 1944, la Gestapo de Strasbourg transmit un dossier d’accusation d’espionnage concernant outre Robert Darsac, Jean Sneyers*, Marcel Fontenaille (Falin)* et Félix Jacquet*, au Tribunal de guerre du Reich qui dissocia les dossiers. La procédure "NN" (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard) fut appliquée et Alfred Jassaud "Darsac" fut jugé le 9 juin 1944 par le 3e Senat ou Chambre du Tribunal de guerre, présidé par le juge Karl Schmauser qui le condamna à mort pour espionnage au profit d’une puissance ennemie. Alfred Jassaud fut interné à la prison de Schwäbisch Hall (Bade-Wurtemberg), dans une cellule individuelle. Le jugement fut confirmé le 26 juin par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal, et la grâce du Führer refusée le 17 juillet 1944.
Le 18 août, le directeur de la prison fit le tour des cellules pour prévenir les détenus qu’ils allaient être transférés dans la nuit du 20 au 21 août et que leurs affaires personnelles devaient rester sur place. Ils durent remplir une étiquette indiquant leur adresse en France pour les y envoyer. Dès lors ils comprirent le sort qui les attendait.
Alfred Jassaud et 23 autres codétenus furent conduits en camionnette par groupes de huit, le 21 août à l’aube, à la caserne Schlieffen, à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). Ils furent fusillés au champ de tir d’Heilbronn après avoir reçu l’assistance d’un prêtre, mais en refusant d’avoir les yeux bandés. Ils moururent courageusement en criant "Vive la France". Ils furent inhumés dans le cimetière de Sonthein-Neckar et leur dernier vœu étant « d’être enterrés en France » fut exaucé par le réseau "Alliance" qui rapatriera les corps en juin 1947, à Strasbourg.
Alfred Jassaud repose aujourd’hui au cimetière de Marseille (Bouches-du-Rhône).
Il obtint la mention "Mort pour la France" et la mention "Mort en déportation" par arrêté du 7 juillet 1994.
Son nom figure sur le mémorial national des scouts Morts pour la France, à Liévin (Pas-de-Calais).
Sources

SOURCES : Auguste Gerhards "Tribunal de guerre du 3e Reich", archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, éd. du Cherche-Midi, Paris 2014. — "Livre Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D. tome 1. — Mémorial de l’Alliance, 1948. — Mémorial Genweb. — Notes de son neveu Philippe Jassaud.

Jean-Louis Ponnavoy

Version imprimable