Né le 26 septembre 1921 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), fusillé le 21 août 1944 à Heilbronn (Bade-Wurtemberg, Allemagne) ; opérateur radio ; résistant du réseau SR Alliance.

René Lèbre était le fils de Jules Lèbre, confiseur puis ouvrier de la voierie d’Aix-en-Provence, et de Marcelle Ruas, sans profession. Après ses études primaires, il entra dans une école technique en 1936 pour y apprendre le métier d’opérateur radio dans la marine marchande. À sa sortie en 1939, il travailla pendant une année dans un journal au service de dépêches puis passa huit mois dans un chantier de jeunesse. À l’issue de cette période, il fut engagé dans les services télégraphiques de la poste, au GCR (Groupement de contrôles radioélectriques) de Bouillargues (Gard).
Convoqué à Clermont-Ferrand en juin 1943 pour partir au STO, il se cacha dans une ferme de la région puis gagna les Alpes où il trouva un emploi dans une scierie. À Clermont-Ferrand, il rencontra un ancien de l’armée française qui était aussi une connaissance familiale, le capitaine Jacques qui lui proposa de rentrer comme radio dans un service de renseignements. Doté d’une fausse carte d’identité René Lèbre fut envoyé à Paris où il fut formé par l’agent Rodney, alias "Pie", appartenant au réseau Alliance. Il prit le pseudonyme "Chardonneret" et le 30 juillet 1943, il reçut un poste émetteur et un billet de train pour Rennes où le 1er août il rencontra Pierre Le Tullier, chef de la région ouest, qui l’envoya à Vitré chez le grossiste Gougeon, allias "Jardin". Ce dernier lui fit attribuer une chambre à l’hôpital de la ville d’où il pouvait émettre et recevoir des messages codés concernant les troupes allemandes stationnées en Bretagne. Il était sensé habiter Rennes et venir régulièrement en consultation à l’hôpital. En septembre 1943, son chef lui conseilla de récupérer le poste et de la cacher dans la cave de son domicile, d’où il émit encore plusieurs fois mais il fut arrêté à son domicile le 23 septembre selon le mémorial de l’Alliance ou le 30 septembre d’après le dossier du jugement.
Il fut déporté le 16 décembre 1943 au départ du camp de Compiègne, à destination de l’Allemagne où il fut interné dans les prisons de Kehl-am-Rhein. Début 1944 la Gestapo de Strasbourg transmit un dossier d’accusation d’espionnage concernant également Pierre Lemaître* au Tribunal de guerre du Reich, qui y apposa les tampons « secret » et « affaire concernant des détenus » ainsi que la mention « NN » (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard). Il fut transféré à la prison de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg) en vue du jugement qui eut lieu le 19 juin 1944 devant le 3e Senat ou Chambre du Tribunal de guerre, présidé par le juge Karl Schmauser et il fut condamné à mort pour espionnage au profit d’une puissance ennemie.
Le 27 juin 1944, il fut transféré à la prison de Schwäbisch Hall, dans l’attente de la confirmation du jugement par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal, qui intervint le 10 juillet et du recours en grâce qui fut rejeté par le Führer le 17 juillet.
Le 18 août, le directeur de la prison fit le tour des cellules pour prévenir les détenus qu’ils allaient être transférés dans la nuit du 20 au 21 août et que leurs affaires personnelles devaient rester sur place. Ils durent remplir une étiquette indiquant leur adresse en France pour les y envoyer. Dès lors ils comprirent le sort qui les attendait.
René Lèbre et 23 autres codétenus furent conduits le 21 août à l’aube en camionnette par groupes de huit, à la caserne Schlieffen, à Heilbronn (Bade-Wurtemberg). Ils furent fusillés au champ de tir d’Heilbronn après avoir reçu l’assistance d’un prêtre, mais en refusant d’avoir les yeux bandés. Ils moururent courageusement en criant "Vive la France". Ils furent inhumés dans le cimetière de Sonthein-Neckar et le dernier vœu des 24 condamnés étant « d’être enterrés en France » fut exaucé par le réseau "Alliance" qui rapatriera les corps en juin 1947, à Strasbourg.
Il obtint la mention "Mort pour la France" et la mention "Mort en déportation" par arrêté du 6 octobre 2011.
Sources

SOURCES : Auguste Gerhards "Tribunal du 3e Reich", archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, Le Cherche Midi, Paris 2014. — "Livre Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D. tome 1. — Mémorial de l’Alliance, 1948. — Mémorial GenWeb. — État civil.

Jean-Louis Ponnavoy

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