Né le 27 août 1923 à Bouzonville (Moselle), mort en action le 10 juillet 1944 à Ciron (Indre) ; ouvrier fromager ; résistant AS de la Vienne, maquis Baptiste.

Henri Sander était le fils de Gérard Sander (né le 11 juin 1887 à Xures, Meurthe-et-Moselle), ferblantier à Bouzonville (Moselle) et d’Anne Hug (née le 1er juillet 1894 à Bouzonville). Ses parents s’étaient mariés le 23 février 1914 à Bouzonville. Henri fut le second de leurs cinq enfants. En 1939, il travaillait comme ferblantier, à Bouzonville avec son père.
Bouzonville fit en septembre 1939 partie des communes de Moselle, situées en « zone rouge » (en avant de la ligne Maginot) évacuées selon un plan prévu à l’avance, lors de la déclaration de guerre. Le vendredi 1er septembre 1939, le préfet fit parvenir aux mairies de la "zone rouge" l’ordre d’évacuation, exécutoire le jour même et le lendemain. Transportés pour la plupart par train jusque dans le département de la Vienne, les réfugiés furent répartis dans différentes communes. La famille Sander fut accueillie à Chauvigny (Vienne) où elle s’installa cité Aristide Briand. Les enfants trouvèrent du travail à Chauvigny : Élise (née le 11 décembre 1919 à Bouzonville), sténo-dactylo chez Maître Belfort, notaire à Bouzonville avant l’évacuation, travailla à la maternité des réfugiés jusqu’au mois d’août 1940 avant de partir en septembre 1940, pour Vichy. En effet, à l’automne 1940, alors que la plus grande partie de la population déplacée regagna la Moselle, par choix mais aussi parce que le rapatriement des réfugiés Mosellans revêtait pour l’occupant allemand une grande importance idéologique et économique, la famille Sander resta à Chauvigny. Augustine (née le 23 avril 1926 à Bouzonville), sans profession en septembre 1940 débuta le 1er mars 1942 un contrat d’apprentissage de couturière chez Mme Couronnet, couturière, route de Lussac à Chauvigny. Henri et son frère Alphonse trouvèrent un emploi de fromager à la société Lactocentré de Chauvigny.
Henri Sander fut convoqué pour les Chantiers de Jeunesse le 6 juillet 1943. En septembre 1943 les autorités allemandes réclamèrent que 30.000 jeunes gens des Chantiers de jeunesse soient envoyés travailler en Allemagne. Sur 24.000 jeunes désignés, 16.000 seulement partirent. Pour échapper au S.T.O. de nombreux jeunes gens fuirent vers les maquis fin 1943 et au printemps 1944. Henri Sander s’engagea dans la Résistance, avec un autre jeune originaire de Bouzonville réfugié à Chauvigny Charles Engler, au sein du maquis AS « Baptiste », appartenant au groupement Gilles (commandant Ferron). Début juin 1944 le groupe Baptiste s’installa dans une zone boisée en bordure de la route départementale 54 allant de Chauvigny à Leignes-sur-Fontaine (Vienne) à quelques kilomètres du département de l’Indre.
Début juillet, le groupe décrocha dans l’Indre avec celui du commandant Gilles afin d’échapper à une attaque allemande menaçante et s’installa à la ferme des Descends, commune de Ciron (Indre). Le 10 juillet 1944 une colonne allemande quitta son cantonnement au nord de Poitiers et se dirigea vers Le Blanc (Indre) pour attaquer les maquis de la Vienne qui s’étaient réfugiés dans ce secteur de l’Indre. Au Blanc la colonne allemande, accompagnée par des miliciens se divisa en trois groupes et le combat contre les maquis dura toute la journée. L’attaque de la ferme des Descends s’acheva, en raison de l’impréparation du maquis et de la supériorité militaire allemande, par un massacre dont Henri Sander fut l’une des victimes. Selon la déclaration du 11 juillet de Paul Bérode, médecin à Bélâbre (Indre) : « Soldat des Forces françaises de l’intérieur (FFI) il fut tué au combat le 10 juillet 1944 vers 8h, lors de l’attaque des soldats allemands en nombre supérieur, au lieu-dit des Descends, commune de Ciron ».
Il obtint la mention mort pour la France et fut homologué FFI. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Chauvigny (Vienne). Il figure également sur les monuments commémoratifs du 10 juillet 1944 aux Descends et à Bélâbre ainsi que sur la plaque commémorative, dans la salle de conseil de la mairie de Chauvigny, dédiée « aux Victimes des Guerres - Tous conflits, autres que 1914-1918 ». La famille Sander repartit de Chauvigny en septembre 1945.


Bélâbre, Ciron, Lignac (10 juillet 1944)
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Moselle (état civil) — Arch. Dép. Vienne, dossier 22 W 199 (allocations aux réfugiés), dépouillement des archives et notes Loïc Richard. — mémorial genweb. — Acte n°33 du registre des décès de Bélâbre (Indre).

Michel Gorand, Michel Thébault

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