Né le 13 janvier 1923 à Budapest (Hongrie), massacré le 27 mars 1944 à Villars (Dordogne) ; de nationalité roumaine ; victime civile d’origine juive.

Tibor Ferencz fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département. Les hommes furent abattus parce que Juifs et les femmes et les enfants furent souvent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
En zone dite libre puis zone sud, les Juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des Juifs ; un recensement spécifique des Juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin, une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des Juifs français et étrangers.
Ferencz Tibor, prénommé aussi Thibaud par ses amis, était un réfugié, ou replié, selon les termes, de Strasbourg. Célibataire, il était domicilié avec son père Abraham, né le 23 juillet 1899 à Kiralydaroc (Hongrie) et sa mère, Gabrielle Grünstein, née le 4 mai 1902 à Budapest, au village de la Barbinie, commune de Villars. Il avait un frère, Alexandre, qui était né le 24 juin 1925 à Strasbourg. Le 27 mars 1944, des éléments de la division Brehmer recherchaient le maquis et patrouillaient. Ils arrivèrent au village de Lafarge à 9 heures où ils investirent une maison dans laquelle se trouvaient plusieurs amis, dont Marcel Ménesplier et son ami Juif, Tibor Ferencz, qu’ils maltraitèrent longuement et exécutèrent dans un petit bois près de la maison. Ménesplier fut exécuté un peu plus tard, mais, laissé pour mort, il survit et laissa son témoignage. Le corps de Tibor martyrisé fut retrouvé le lendemain dans le bois.
Son nom figure sur le monument aux morts de la commune de Villars ainsi que sur une stèle commémorative, sur les lieux mêmes de son exécution.
Sources

SOURCES : Arch. dép. Dordogne, 1 W 1901-2. Rapports de gendarmerie n° 282 du 8 octobre 1944 ; 1 W 1809-2, Rapport de gendarmerie n° 100 du 27 mars 1944 ; 1573 W 8 ; 1573 W 6 ; 42 W 6 ; 42 W 80 - dont photo. Registre d’état civil de Villars. — Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, p. 235, 325. — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 167, 402. — Témoignage de M. Marcel Ménesplier, rescapé du massacre, dans Sud-Ouest, édition Dordogne du 16 février 1993.

Bernard Reviriego

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