Né le 21 septembre 1908 à Benfeld (Bas-Rhin annexé), massacré le 29 mars 1944 à Corgnac-sur-l’Isle (Dordogne) ; employé de commerce ; victime civile d’origine juive.

Jacques Meyer fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux juifs réfugiés dans le département ; les hommes furent abattus parce que juifs et, à plusieurs reprises, les femmes et les enfants furent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
En zone dite libre puis zone sud, les juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des juifs (Klarsfeld, Calendrier, 1993, p. 89 ) ; un recensement spécifique des juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des juifs français et étrangers.
Jacques Pierre Meyer était le fils de Martin et de Fanny Dreyfuss. Employé de commerce, il fut d’abord domicilié à Périgueux, 13 rue des mobiles puis à Boulazac puis à Corgnac-sur-l’Isle où il travaillait. Le 29 mars 1944 en début d’après-midi, un détachement de la division Brehmer occupa Corgnac-sur-l’Isle. Des otages furent arrêtés et libérés dans la nuit. Juifs et résistants eurent le temps de prendre la fuite sauf Jacques Meyer, réfugié de Strasbourg, qui fut découvert caché dans un tonneau. Il fut abattu d’une rafale de mitraillette à Corgnac-sur-l’Isle, au lieu-dit Chaumont.
Son nom figure sur le monument aux Morts de la commune de Corgnac-sur-l’Isle.


Dans cette commune furent exécutés le même jour Michel Leibovici et Jean-Pierre Audigier.
Récit du 26 septembre 1944 par Mme Chateaureynaud et Mlle Huguette Lablonde, institutrices à Corgnac. (Arch. dép. Dordogne, 1573 W 8) :
Les Allemands recherchaient les Juifs et les communistes. Dans l’après-midi et à 20 h, quelques coups de mitraillettes dont nous avions l’explication le lendemain : Audigier Jules, Lebovici Michel, 60 ans (transporté d’Excideuil à Corgnac) ont été tués sur la berge. Le corps de ce dernier a été retrouvé dans la rivière. Pierre Meyer a été fusillé dans le dos, sur la voie, à 100 mètres environ de la gare. (…).
Sources

SOURCES : Registre d’état civil de Corgnac-sur-l’Isle. — Arch. dép. Dordogne, 1573 W 8. — Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, p. 236, 411. — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, pp. 193-194, 403. — Paul Mons, La folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Dordogne-Corrèze, Haute-Vienne, -Brive-la-Gaillarde, Éditions Les Monédières, 2016, p. 80.

Bernard Reviriego, Dominique Tantin

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