Né le 28 mars 1898 à Doussay (Vienne), massacré le 25 août 1944 à Saint-Genest-d’Ambière (Vienne) ; cantonnier ; victime civile.

Il était le fils de Félix Aubugeau âgé de 40 ans à sa naissance, cultivateur et de Marceline Laurin âgée de 36 ans, domiciliés tous deux au lieu-dit La Jutière, commune de Saint-Genest-d’Ambière. Il exerçait la profession de cultivateur lorsqu’il fut appelé pour l’armée le 3 mai 1917. Il fut incorporé au 66ème Régiment d’infanterie et fut envoyé au front le 10 octobre 1917. Il fut blessé le 1er juin 1918 dans le secteur de Lassigny (Oise). Envoyé en mai 1919 au dépôt des troupes coloniales à Marseille, il fut affecté le 25 mai 1919 au 9ème Régiment d’Infanterie coloniale et partit pour l’Indochine. Il y resta jusqu’en février 1920. Revenu en France, il fut démobilisé le 8 juin 1920 et regagna Saint-Genest-d’Ambière. Il se maria le 8 septembre 1923 à Lencloître, une commune voisine, avec Cécile Thomas. Ils eurent un fils Marcel. Félix Aubugeau devint cantonnier du service vicinal, domicilié à Lencloître en 1923, La Villedieu-du-Clain en 1933, Chouppes en 1934 et de nouveau Lencloître en 1938. Il fut rappelé sous les drapeaux le 29 août 1939, affecté en novembre au dépôt d’artillerie n° 9. Il fut démobilisé le 29 juin 1940 après la défaite de la France et l’armistice.
En août 1944, la situation militaire de l’armée allemande sur le front de l’ouest se dégrada brutalement. Le 19 août un ordre de repli général fut donné aux unités allemandes stationnées dans le sud-ouest. Le passage par le seuil du Poitou devint un enjeu stratégique essentiel. Tout le département de la Vienne fut ainsi concerné par le passage de troupes allemandes en retraite. Confrontées à l’impossibilité de remonter par l’axe traditionnel de la RN 10 vers Tours, du fait de l’avancée des troupes anglo-américaines, les colonnes allemandes tentèrent de marcher vers l’est et le nord-est de la Vienne, utilisant les axes secondaires, et circulant de jour comme de nuit pour échapper aux attaques de l’aviation alliée et au harcèlement des forces FFI. Le 25 août 1944, sur la route départementale 725, axe secondaire qui relie Mirebeau (Vienne) à Châtellerault plus à l’est, un convoi allemand en retraite fut attaqué par l’aviation alliée au niveau de la gare de Saint-Genest-d’Ambière. Plusieurs bombes tombèrent sur des maisons et sur la gare qui fut incendiée. Félix Aubugeau qui travaillait dans les champs à proximité et « avait de la famille à côté, est allé voir ce qui se passait » (témoignage de Michel Aubugeau, son petit-fils recueilli en mai 2014 par le journal La Nouvelle République, op. cit.). Il fut pris en otage par les troupes allemandes, ainsi qu’un peu plus loin deux autres personnes. « On les avait installés en tête de convoi, sur les capots et les marchepieds pour leur servir de bouclier humain en cas d’accrochage. » (idem). Moins d’un kilomètre plus loin, se produisit une attaque de harcèlement du maquis, le convoi allemand put poursuivre sa route vers Scorbé-Clairvaux. Deux des otages parvinrent à s’échapper, Félix Aubugeau grièvement blessé, ne fut retrouvé que plus tard dans un fossé, « une balle à l’épaule et une seconde au bas-ventre. Ramassé puis transporté au domicile de M. Quenet, un voisin, il décédera à minuit » (idem).
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Lencloître, et une stèle fut dressée à sa mémoire après la guerre, au lieu-dit Les Mansardières (Saint-Genest-d’Ambière) en bordure de la RD 725.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Vienne (État civil ; registre matricule Châtellerault 1918) — Journal La Nouvelle République, 11 mai 2014, Stèle des Mansardières : pour ne pas oublier — Mémorial genweb.

Michel Thébault

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