Oignies et Courrières (Pas-de-Calais), 28 mai 1940
Ces troupes eurent en effet à affronter « une unité britannique, une compagnie du 106e régiment d’infanterie coloniale composée d’éléments français et de musulmans Nord-Africains et un détachement de spahis marocains », qui eurent pour consigne de résister à partir du 24 mai. Par la suite, le 11e régiment de zouaves les rejoignit. Les Allemands furent tenus en échec pendant soixante-douze heures, les Alliés quittant leurs positions dans la nuit du 27 au 28 mai, en direction de Seclin et Lille.
D’autres massacres de civils et de militaires alliés furent perpétrés, à Berles-Monchel (21 mai), Aubigny-en-Artois (22 mai), puis à Beuvry (28 mai), et donc à Oignies et Courrières le même jour. Au total, Yves Le Maner estime qu’il y eut environ cinq cents civils et militaires abattus.
Vers six heures du matin, des soldats allemands entrèrent à Oignies, protégés par des civils français : Auguste Leveugle et Charles Grulois furent tués. D’autres habitants furent poussés en avant, hommes, femmes et enfants. « Sur la place, d’autres habitants [furent] fauchés par des rafales de mitrailleuses postées aux différents carrefours. Leurs corps rassemblés dans la cour du Château, furent arrosés d’essence et brûlés ». Des scènes identiques se produisirent dans d’autres rues, tandis que les maisons étaient incendiées. Un orage éclata vers treize heures, qui ralentit les exactions.
Au pont de la Batterie, sur la Deûle, un groupe de dix-sept hommes fut obligé de traversé le pont provisoire, et prit la direction de Courrières. Ils durent creuser une fosse ; battus, ils furent abattus.
« Dans la villa les Floralies, route de Courrières, [les SS] s’emparèrent d’un officier anglais, le lièrent sur une chaise-longue, l’aspergèrent d’essence et le brûlèrent vif ».
D’après un témoignage, le responsable du massacre fut le commandant Orst Kolrep, contre qui le comité local de libération déposa plainte le 1er octobre 1944.
Le 13 juillet 1947, Vincent Auriol, président de la République, accompagné de François Mitterrand, ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre, remit à la commune la Croix de guerre 1939-1945 et inaugura le mausolée à la mémoire des quatre-vingts fusillés du 28 mai 1940 et déclara Oignies « ville martyre ».
Liste des victimes (incomplète)
En plus des victimes du 28 mai figurent les civils morts consécutivement aux opérations de guerre.
- BEIGNOT Julie
- BEN MOHAMED KECHID Slimane
- BESSAND Charles
- BEZAK Catherine (victime d’un bombardement aérien)
- BIRLOUEZ Louis
- BOIGELOT Cécile
- BOIGELOT Jules
- BOROWKI Jean
- BOULANGER Léon
- CAMBIER Jean
- CARLIER Julien
- CARON Eugène
- CARPENTIER Jules
- CHEVALIER Amédée
- CHIARCOSSI Attilio
- CHODURA Jean
- COQUELAERT Georges
- CRETEUR Maurice
- DEBOCK Jean-Baptiste
- DEGOGNIES Jean-Baptiste
- DEFIEF Turenne
- DELBECQUE Sidoine
- DELHAYE Arthur
- DELTOMBE Charlemagne
- DESPREZ Louis (1866-1940)
- DREUX Gustave
- DUMONT Albert
- DUPRIEZ Émile
- DUTKO Trophim
- DREUX Gustave
- DRUELLE Alexandre
- ERJAVEC Albin
- GRIPONT Raymond
- GRULOIS Charles
- GUCEK Rodolphe
- HAREMZA Antoine
- HENOCQ André
- HINAUT Louis
- INCONNU 1
- INCONNU 2
- INCONNU 3
- KASZA François
- KEMPKA Franciszek
- KOLACEK Antoine
- KROL François
- LAFAY Georges
- LEFEBVRE Juliette
- LEVEUGLE Auguste
- LUCINSKI Mieczyslaw
- LYSZYK Célestine
- LYSZYK Jean
- MISIARCZYK François
- MORTKA Stéfan
- MULLEM Georges
- NUTTIN Léonard
- OLIVIER Aristide
- ORLOWSKI Albin
- PLONKA Wojciech
- POKRZYWKA Stanislaw
- POUTRAIN Jean
- POUTRAIN Louis
- QUITTELIER Louisa
- SARAZIN Louis
- SORBAJ Julien
- STANCZYK Alfred
- STANCZYK Boleslaw
- TARTARE François
- TARTARE Julien
- URBANEK Alfred
- VANDEPONTSEELE Sylvain
- WALKOWIAK André
- WASSON Eugène
- ZELINA Joseph
SOURCES. Comité de patronage du monument élevé par souscription publique à la mémoire des fusillés et victimes de la barbarie nazie, Oignies, première cité martyre de la campagne de France, 1947, 22 p. — Site Internet : Mémorial GenWeb. — Yves Le Maner, « L’invasion de 1940 dans le Nord-Pas-de-Calais », Revue du Nord, tome 76, n° 306, juillet-septembre 1994. p. 467-486. Jean-Luc Leleu, « Une guerre "correcte" ? Crimes et massacres allemands à l’Ouest au printemps 1940 », in : Martens Stefan, Prauser Steffen (éd.), La Guerre de 1940 : se battre, subir, se souvenir, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 2014, p. 129-142.
Frédéric Stévenot