Née le 26 février 1883 à Bort-les-Orgues (Corrèze), massacrée par les Allemands le 26 juin 1944 à Riom-ès-Montagne (Cantal) ; sans profession ; victime civile.

Fille de Jean Tyssandier, scieur de long puis cultivateur et de Jeanne, née Bourguet ou Bourzeix, Marguerite Tyssandier s’est mariée le 18 juin 1906 à Saignes (Cantal) avec Antoine Serre. Ils habitaient un hameau de Riom-ès-Montagne (Cantal). Son mari était journalier, Marguerite Serre étant sans profession.
Un fils et une fille naquirent en 1909 et 1910 à la Gineste de Saignes. Installés à Riom-ès-Montagnes depuis le 9 juillet 1921, ils eurent encore une fille et un fils nés en 1922 et 1925. Leur fille aînée s’était mariée à Riom-ès-Montagnes le 15 septembre 1943
Le 26 juin 1944 une colonne allemande d’environ 300 hommes arriva en début d’après-midi à Riom-ès-Montagne (Cantal). Une partie de la population, effrayée par l’arrivée de la troupe, quitta la ville. Craignant qu’il s’agisse de maquisards, les Allemands cernèrent la ville et installèrent des postes de surveillance pendant que des perquisitions étaient opérées.
La Vaissière relate cet épisode tragique de l’histoire de la cité. « Ils arrivèrent à l’improviste et firent plusieurs victimes : Madame Serre, née Marguerite Tyssandier, qui commit l’imprudence de fuir ; Henri Finck, volontaire de la Résistance, tué près de Saint-Angeau où il se rendait pour une mission ; et M. Antoine Chabrier, grand blessé de l’autre guerre, qui mourut d’une embolie au moment où un officier lui déclara qu’il serait fusillé, si son fils, qui était en fuite, ne se présentait pas devant lui dans un délai de quatre heures. Ayant découvert un dépôt d’armes aux Ponts et Chaussées, les Allemands donnèrent aussitôt ordre aux hommes de 16 à 50 ans de se rassembler Place de la Gare. (...) Pendant ce temps des groupes de soldats perquisitionnèrent dans les maisons. Les hommes furent relâchés au bout de trois heures. Les troupes passèrent la nuit à Riom, patrouillant sans arrêt dans les rues. Au petit jour elles avaient disparu. Mais voici qu’à 10 heures, elle revenaient pour sommer les habitants de porter à la mairie les armes qu’ils pouvaient posséder. Elles partirent enfin le soir. »
Madame Serre, qui habitait au lieu dit Routisse, voulut rejoindre son fils et sa fille qui s’étaient réfugiés dans la montagne. Prenant sa petite fille dans ses bras, elle fut aperçue par un poste de garde qui fit feu sur elle, la tuant nette. Sa petite fille ne fut pas touchée. Les soldats l’ayant abattu se rendirent alors chez elle et pillèrent sa maison. Ils expliquèrent ensuite que le tir mortel avait été une méprise, croyant avoir tiré sur un homme. Questionnés sur ce vol par l’un de leurs officiers et en présence du maire, les soldats nièrent avoir volé de l’argent mais rendirent un collier pris à l’une des filles de Madame Serre.
Son nom figure sur le monument aux Morts de Riom-ès-Montagnes.
Sa commune de naissance n’est pas connue de façon sûre, soit Bort-les-orgues selon une source, soit Aubazines selon d’autres, toujours en Corrèze.
Sources

SOURCES : AVCC Caen, AC 21 P 398610, dossier victime civile (nc). — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 193 : crimes de guerre à Riom-ès-Montagnes .— Les troupes allemandes à travers le Massif Central, Cournon, De Borée 1993 .— Favier, Lieux de mémoire et monuments du souvenir, Albédia, Aurillac 2007 .— Mgr de La Vaissière, Les journées tragiques dans le diocèse de Saint-Flour, Imprimerie Clavel, Saint-Flour 1944 .— MémorialGenWeb .— Archives Départementales 15 (État civil, recensement, registres matricules).

Eric Panthou, Patrick Bec

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