Né le 18 janvier 1890 à Betchat (Ariège), mort le 10 juin 1944 à Marsoulas (Haute-Garonne) abattu sommairement par un SS de la division Das Reich ; plâtrier à Betchat, puis agriculteur à Marsoulas ; victime civile des Allemands.

Guillaume Bartet était le fils de Jean-Marie, cultivateur âgé de trente-cinq ans et de Jeanne Feuilleurat âgée de vingt-cinq ans.
Le conseil de révision du canton de Saint-Lizier (1911) l’exempta de service militaire car il était atteint par la tuberculose. Maintenu dans cette position en 1914 lors de la mobilisation générale, il finit par être classé apte au service armé le 13 avril 1917 par le conseil de réforme de Saint-Girons (Ariège). Le 18 mai 1917, il fut affecté au 23e régiment d’Artillerie de campagne (RAC) dont une batterie était en formation à Toulouse (Haute-Garonne) avec des jeunes appelés et ses réservistes. Il fut ensuite envoyé « aux armées » (1er mai 1918) d’abord au 48e RAC (régiment de Dijon, Côte d’Or) puis au 38e RAC (régiment de Nîmes, Gard). Ces deux unités participèrent en Picardie à l’offensive finale contre l’Allemagne. Réaffecté au 23e RAC, il fut mis en congé illimité le 23 juillet 1919 à Toulouse. Il fut définitivement libéré de ses obligations militaires en 1939.
Professionnellement, Bartet était, dès 1911, ouvrier plâtrier. S’étant marié, il s’établit en 1927 dans la partie haute du village voisin de Betchat, Marsoulas, situé cependant en Haute-Garonne. Il y reprit une exploitation agricole issue de la famille de sa femme, Anna. En 1929, il obtint, le 12 décembre 1919, le permis de conduire des motos.
En 1944, Guillaume Bartet sympathisait avec les maquisards de Betchat (FTPF) qu’il soutenant occasionnellement. La famille Bartet avait accueilli une nièce de Toulouse, âgée de douze ans : ses parents pensaient qu’elle serait davantage en sûreté dans un petit village, en dehors des grandes voies de communication.
Le 10 juin 1944, le détachement de la 10e compagnie du 3e bataillon du régiment Deutschland de la 2. SS Panzerdivision Das Reich pénétrèrent au petit matin dans le village de Marsoulas, par le nord (quartier bas, autour de l’église). Ils progressèrent ensuite vers la mairie puis s’attaquèrent aux maisons de la partie haute du village. Parmi elles, celle de la famille Bartet. Guillaume s’était levé car il avait projeté de faucher le pré derrière sa maison. Auparavant, il devait aller chercher la faucheuse et les vaches de trait chez les Dedieu, à l’autre bout du village. Comme il pleuvait, il renonça à son projet et se recoucha. Quand il entendit des coups de feu, il pensa que c’était le maquis de Betchat qui attaquait. Il attribua aux maquisards des piétinements sur l’herbe devant la porte d’entrée. Sa fille Hélène , sa femme Anna et la nièce de Toulouse étaient dans le chai, à l’abri des balles. Il ne s’inquiéta pas jusqu’au moment où un camion allemand s’arrêta devant la maison. Après avoir bien fermé la porte d’entrée que les Allemands s’empressèrent de défoncer, il prit Hélène par le bras et lui fait traverser l’étable après lui avoir indiqué la direction des champs. Elle s’y rendit suivie par sa mère et sa petite cousine. S’étant assuré qu’elles étaient bien cachées, il revint vers les Allemands, les bras en l’air. Il fut abattu. Anna voulut revenir vers son mari, mais Hélène l’en dissuada, ayant bien compris le danger mortel qu’elles couraient. Pour revenir à la maison, les trois femmes ont rampé dans l’herbe haute sur une distance de 300 m. Se doutant que des occupants de la maison s’étaient éclipsés, un (des ?) Allemand(s) tira(tirèrent) dans leur direction sans les atteindre. Après leur départ, elles constatèrent que la maison avait été pillée : argenterie, nourriture, jusqu’au cochon abattu la veille.
Voir Marsoulas (Haute-Garonne), 10 juin 1944
Sources

SOURCES : Arch. dép. Ariège, 5 Mi 276, état civil de Betchat, registre des naissances (1871-1897), acte de naissance de Guillaune Bartet ; 129 W 54, registre matricule de l’Ariège (1910), f° 1305. — Guy Penaud, La « Das Reich » 2e SS Panzer Division, préface d’Yves Guéna, introduction de Roger Ranoux, Périgueux, La Lauze, 2e édition, 2005, 558 p. [pp. 378-383, p. 520]. — Roger Prost, « En Comminges sous l’occupation. Événements après le 6 juin », Revue du Comminges, Revue d’histoire, d’archéologie, de géographie et de sciences naturelles du Comminges et des Pyrénées centrales, 109, 1994, pp. 404-443 [p. 409]. — « Le massacre d’une population innocente à Marsoulas en Comminges, le 10 juin 1944 », texte rédigé par un des fils, né en 1941, du maire de Marsoulas, Jean Blanc, site aspetinf.chez.com/assoc/Marsoulas, consulté le 11 septembre 2019. — Mémorial Verdier Forain.(Toulouse), en ligne, consulté le 31 juillet 2019. — Musée de la Résistance en ligne, consulté le 1er août 2019. — MemorialGenWeb consulté le 1er août 2019.

André Balent

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