Né le 8 avril 1920 à Saint-Merd-la-Breuille (Creuse), exécuté sommairement le 27 juillet 1944 à Chard (Creuse) ; étudiant en droit ; résistant maquis AS de la Creuse, bataillon Jack.

Pierre Barlaud était le fils d’Ernest, Denis Barlaud (né le 11 juin 1883 à Saint-Oradoux-de-Chirouze de parents cultivateurs au village des Mottes) et de Marie, Berthe, Blanche, Joséphine, Françoise Gouyon (née le 21 août 1889 à Saint-Merd-la-Breuille). Ses parents s’étaient mariés le 7 janvier 1912 à Saint-Merd-la-Breuille, où la mère de Marie Gouyon était institutrice tandis que son père y était cultivateur. Une fille Odette naquit en 1913. Ernest Barlaud fut mobilisé en août 1914 dans l’Infanterie puis dans le Génie et ne fut démobilisé qu’en mars 1919. Il s’installa alors comme cultivateur au village des Mottes, commune de Saint-Oradoux-de-Chirouze (Creuse) où naquit Pierre en 1920.
Célibataire, Pierre Barlaud était au début 1943, étudiant en première année de doctorat à la Faculté de Droit de Lyon. Menacé par la réquisition du STO, il vint se réfugier fin juin 1943 chez sa tante maternelle Gabrielle Gouyon, institutrice à Flayat (Creuse), commune du canton de Crocq, voisine de Saint-Oradoux-de-Chirouze et limitrophe du Puy-de-Dôme. A la suite de ses travaux aux archives de la Creuse, Christophe Moreigne, publia en 2017 dans les Actes du colloque La vie quotidienne dans les maquis (op. cit.), une communication contenant une déposition de Gabrielle Gouyon. Datant d’août 1945, elle fait partie des témoignages recueillis par le Comité Départemental de Libération et d’Épuration, concernant le massacre de Chard et les agissements du commandant Jack (AD 23 107 W 11). Elle traduit au travers du cas de Pierre Barlaud la complexité et les vicissitudes de l’engagement dans les maquis. Selon sa tante, Pierre Barlaud s’était engagé à l’hiver 43 – 44 auprès d’un groupe de Giat (commune limitrophe de Flayat mais dans le Puy-de-Dôme), qui attendait l’arrivée d’armements pour se constituer en maquis organisé. Début mai 1944, les responsables locaux de l’AS de la Creuse vinrent le prévenir « qu’un ordre de départ était donné à tous les réfractaires de la Creuse ». Il rejoignit alors le camp de Virginas, dans le secteur de Gentioux (Creuse), sur la commune de Peyrelevade (Corrèze), limitrophe de la Creuse, dont il revint quelques jours plus tard après l’incident de Felletin (l’expédition le 6 mai 1944 contre un milicien de Felletin (Creuse), marchand de chaussures, où Marcel Martinié fut tué par le milicien visé). Il prétendit alors (toujours aux dires de sa tante) qu’il régnait dans le groupement Jack une « pagaille énorme ». Il répondit à nouveau fin mai à une réquisition, justifiée auprès de Pierre Barlaud par un « ordre venant du Comité d’Alger » mais en fait proclamée par le commandant Jack de l’AS de sa propre autorité dans tout le secteur. Pierre Barlaud rejoignit dans l’est de la Creuse, le maquis du Chancet, aux environs de Saint-Agnant-près-Crocq (Creuse), maquis de l’AS appartenant au bataillon Jack. Il suivit alors les déplacements du bataillon Jack qui s’installa courant juillet sur la commune de Chard (Creuse).
A la mi-juillet 1944, des éléments de la brigade Jesser, une formation militaire allemande, composée d’éléments disparates de la Wehrmacht, des SS et de divers services de police, entra en Creuse en provenance des départements voisins du sud et de l’est pour organiser la répression contre les forces de la Résistance. Le 15 juillet lors d’une opération au nord d’Aubusson, les troupes allemandes incendièrent les villages d’Alleyrat et de La Rochette. Les jours suivants une série d’attaques contre les maquis d’Alleyrat et de Blessac contraignit les unités désorganisées à se replier et à se regrouper à Chard avec d’autres unités du bataillon Jack autour du poste de commandement. L’action des services de renseignements allemands aidés de reconnaissances aériennes permit à l’État-major allemand de localiser précisément les maquis et de préparer une opération d’encerclement et d’anéantissement qui se produisit le 27 juillet 1944. Le ratissage des forces allemandes leur permit la capture de plus d’une vingtaine de résistants.
Pierre Barlaud appartenait au groupe franc chargé de la protection du PC du commandant Jack. Lors de l’attaque, ce dernier prit rapidement la fuite avec l’ensemble de son état-major. Pierre Barlaud se retrouva dans un groupe de 11 jeunes maquisards du groupe de protection, isolés, peut-être égarés, et de toute façon laissés sans commandement. Le groupe fut incapable de trouver la solution du repli et fut encerclé dans un champ de blé où les 11 jeunes durent se rendre. Regroupés, ils furent transportés en camion et exécutés sommairement. Pierre Barlaud et ses 10 camarades furent fusillés, sur le sentier de la Goursolle près du massif forestier du même nom.
Il obtint la mention mort pour la France le 6 juin 1945 et fut homologué FFI. Son nom est inscrit sur le monument commémoratif de Chard et sur le mémorial de la Résistance creusoise à Guéret.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Creuse (état civil, registre matricule, recensements, dossier Jack 107 W 11) — SHD Caen AVCC Cote AC 21 P 14164 — Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — Actes du colloque La vie quotidienne dans les maquis Ed. CREDI 2017. Communication de Christophe Moreigne Printemps – été 1944 dans le sud-est creusois : des « volontaires » requis sous la contrainte ? — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb — État civil mairie de Chard.

Michel Thébault

Version imprimable