Le 3 août 1944, 15 résistants et 18 civils furent tués par les troupes allemandes de passage au lieu-dit Pont ar Stang, dans divers hameaux et au bourg de Landeleau, suite à l’embuscade des résistants FTP. contre un convoi allemand.

Carte par l’abbé F. Dantec
Monument aux morts de Landeleau
Landeleau, monument aux morts des deux guerres
Fin juillet, un bataillon et l’état-major allemand dirigé par le général Ramcke reçurent l’ordre de marcher sur la Normandie. Parti de Châteaulin, le 2e régiment de paras, commandé par le colonel Kron, et qu’assistaient un bataillon de génie, un groupe d’artillerie et deux compagnies antichars empruntaient la route de Châteauneuf-du-Faou à Carhaix.
De leur côté, les résistants avaient reçu de Londres des encouragements à ralentir le mouvement des troupes allemandes vers la Normandie. Sur les ondes de la BBC, le 3 août au soir le message « Le chapeau de Napoléon est-il toujours à Perros-Guirec ? » annonçait l’offensive générale. Le général Koening déclara : « Français de Bretagne, l’heure de votre libération est venue ! » Le 2 août 1944, les 150 FTP de la compagnie "Corse" basée à Kastell Gall avaient été avertis que trois cars allemands devaient passer sur la RN 784 (actuelle RN 164) à hauteur de Landeleau, principal axe routier de la Bretagne centrale. 95 volontaires se proposèrent pour se positionner au lieu-dit Pont ar Stang Vian ; ils furent finalement environ 80. L’état-major s’était établi au Plessis, ferme du Laz.
À l’aube du 3 août, une colonne allemande qui s’étendait sur plusieurs kilomètres, forte de 1500 soldats au moins, passa devant les 80 maquisards FTP de la compagnie « Corse » commandée par André Lagoguet, postés en embuscade à Pont ar Stang Vian commune de Landeleau. Vers 11 heures, les maquisards attaquèrent à la grenade et au fusil-mitrailleur la fin de la colonne. Suite aux pertes subies (deux morts, trois blessés), les soldats allemands répliquèrent, les résistants débordés par un adversaire plus nombreux subirent des pertes importantes dans la bataille.
Les Allemands firent une manœuvre d’encerclement. Les uns s’engagèrent dans l’allée de Penlan-Meroz, les autres gravirent la route de Pont ar Stang, les troisièmes se dirigèrent directement vers la ferme du Cloïtre en hauteur. Un repli précipité vers le bois du Moustoir et vers celui de Coat-Bihan en Plonévez sauva la vie de nombreux résistants.
Les soldats allemands brûlèrent les maisons et les fermes sur leur passage :
- La maison Déniel
- La maison de garde-barrière : Mahé Françoise née Henaff et sa fille Mahé Ernestine.
La maison Derrien où se trouvaient les époux Bourgineau, de l’autre côté du passage à niveau.
Les Allemands mirent le feu au hameau du Cloître (fermes L’Haridon et Le Moal) situé en hauteur à 500 m de la route nationale où s’étaient regroupés des résistants, tuant et jetant dans le feu 14 d’entre eux (4 exécutés près du puits et 10 morts dans les champs alentours) puis abattirent et envoyèrent dans le feu l’abbé Jean Suignard venu au secours des blessés ainsi que sa guide Marie L’Haridon (21 ans) et Louise Bideau (65 ans) qui les accompagnaient.
Les soldats allemands partirent en direction du bourg arrêtant des civils et près de l’école publique fusillèrent quatre otages : Déniel Pierre, Déniel Émilie, Bourgineau Léon, Bourgineau Solange née De Vismes
La commune de Landeleau fut libéré par les Américains le 5 août.
Ce jour, 23 cercueils furent placés devant le porche de l’église et une cérémonie funèbre se tint. Les autres cercueils étaient partis vers les communes d’origine des résistants.
Une stèle commémorative des martyrs du 3 août 1944 a été érigée sur le lieu du drame au lieu-dit Pont ar Stang Vian où chaque année une cérémonie est organisée.
Nous écrivons les 33 noms comme ils le sont sur le monument de Pont ar Stang, tout en mettant à la suite des variantes d’orthographe. Ils sont classés en deux colonnes résistants et civils. Toutefois, la commission nationale d’attribution du titre d’interné résistant réunie le 14 juin 1957 pour examiner cette affaire « considérant que, dans ce dernier cas, les intéressés devaient êtres assimilés aux personnes arrêtées par l’ennemi et fusillées sur le champ, a estimé qu’il était difficile de faire une discrimination entre la première et la seconde catégorie des victimes , d’autant qu’il n’existe plus de témoins pour préciser avec exactitude ceux qui entraient dans l’une ou l’autre de ces catégories ». (lettre du ministère des anciens combattants et victimes de guerre le avril 1958 dans le dossier d’homologation FFI de Laurent Cariou (GR 16P 106745). Le nom du jeune Marcel Rassin est écrit parmi les civils sur la stèle mais a été homologué FFI du bataillon Normandie du Finistère.
Les résistants :
BERNARD François
BOULC’H Guillaume dit Le Boulch
CARIOU Laurent
CASTEL François
CLOAREC François Louis
DREVILLON Paul
GUEGUEN Yves
MADEC Jean
MOAL Michel
PÉRON François
PICHON Louis
QUÉRÉ Corentin
SALAÜN Pierre
THOMAS Pierre
TOULANCOAT Pierre
Il faut ajouter André Le Gall qui n’est pas sur la stèle
LE GALL André
Les civils :
BIDEAU Louise née FEON
BOURGINEAU Léon
BOURGINEAU Solange née DE VISMES
CLOAREC Yves
DÉNIEL Émilie
DÉNIEL Pierre
L’HARIDON Marie, Thérèse
LE BALCH Jacques. LE BALC’H
LE BON Joseph
LE BON Pierre
LE DROFF Joseph
MAHÉ Françoise née HENAFF
MAHÉ Ernestine
PASQUET Jacques
RASSIN Marcel reconnu FFI
ROIGNANT Jean Pierre
SUIGNARD Jean
TROADEC François
Ajoutons le civil LE MOIGNE François, instituteur, victime des tirs du 3 août au matin alors qu’il était à la pêche dans le canal de l’Aulne. Il mourut à Spézet, commune voisine de Landeleau.
Sources

SOURCES : Georges-Michel Thomas, Alain Le Grand, Le Finistère dans la guerre 1939-1945, tome 2,p. 214-217, Éditions de la Cité, 1981. — Guy Le Reste, Landeleau. Pont ar Stang, 3 août 1944, multigraphié, 2021. — René Pichavant, Les clandestins de l’Iroise, Édition Morgane, 1986. — Archives municipales de Landeleau consultées sur place. — Biographie d’André Lagoguet sur le site resistantce-brest.net. — https://www.lesamisdelaresistancedufinistere.com/.

Annie Pennetier, Claude Pennetier

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