Né le 13 août 1922 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), fusillé le 12 novembre 1940 à Amiens (Somme) suite à une condamnation à mort ; marin pêcheur.

Photographie de l’exécution d’Émile Masson (communiqué par Philippe Pauchet).
Un soldat allemand prit une photo de cette exécution et la fit développer chez un photographe amiénois qui parvint à en transmettre un tirage à la Résistance. Cette photo est parvenue en Angleterre et fut publiée dans la presse anglo-saxonne.
Fils de Joseph, Louis Masson, marin, et de Madeleine Louise Siabas, ménagère, Émile Masson était marin pêcheur à Saint-Valery-sur-Somme . Au mois d’août 1940 , avec son ami Lucien Brusque, il aida Serge de Moussac (créateur du réseau Narvik) après son évasion du Crotoy. Tous trois s’abritèrent dans la chapelle de Pinchefalise, aidés par l’abbé Leroux
Émile Masson fut arrêté par la gendarmerie française le 15 octobre 1940, avec Lucien et Marcel Brusque, pour sabotage de lignes téléphoniques. Il reconnut les faits, indiquant qu’il ne se doutait pas d’avoir commis un crime aussi grave. Il ne faisait pas partie d’un réseau de Résistance.
Internés à Amiens, Émile Masson et Lucien Brusque furent déférés le 22 octobre 1940 devant le tribunal militaire allemand FK 580 de la ville, et condamnés à mort. Un peloton d’exécution allemand les fusilla le 12 novembre 1940 dans la citadelle.
Ils furent les deux premiers fusillés de Picardie.
Pour effrayer la population, leur exécution avait été annoncée par voie d’affiches où ils étaient qualifiés de « francs-tireurs ».
La dernière lettre d’Émile Masson
 
Mardi le 12 novembre 1940
 
Cher Père et sœur
 
Je vous écrit ces quelques mots pour faire savoir que je quitte la prison pour la citadelle moi et Lucien par ordre des Allemands. Nous ne savons pas ce qu’ils veulent faire de nous, et monsieur l’aumonier vient de venir nous voir pour nous réconforter. Mais je crois bien que c’est pour nous fusillier.. Enfin croyez bien toujours en Dieu et prier pour nous.Enfin si ils nous fusilliaient pas tout de suitte vous pouvez venir nous voir à la citadelle d’Amiens, prevenez Germaine et ses parents pour qu’ils viennent avec vous. Enfin si je suis fusillié ramener moi a St Valéry pour venir me voir souvent.
Je vous embrasse bien fort de toutes mes forces
 
Emile Masson
Lettre de l’aumônier de la prison d’Amiens
 
Cher monsieur le Doyen,
Douloureuse mission que celle remplie ce matin. J’étais prévenu hier au soir à 7 heures par le gardien chef de la prison que mon ministère serait nécessaire à partir de 8 h 30 du matin. Prévoyant une épreuve, j’emportai les Saintes Espèces. C’est à 8 h 1/2 où on me conduisait dans la cellule occupée par deux de vos jeunes paroissiens, Emile Masson et Julien Brusque.. Tous deux internés depuis le 22 octobre assistaient à la messe le dimanche. J’ai pu tout doucement les informer de la décision prise contre eux, leur parler de leurs Parents, évoquer leur enfance et leur 1ère communion faite par vous pour le 1er, avec monsieur Morel pou le 2ème, prier avec eux, les confesser et communier. A 9 h 45, l’autorité occupante venait les prendre et les conduire à la citadelle. J’ai sollicité la faveur de les accompagner. Je suis donc monté dans le camion. A la citadelle un nombreux peloton était en ordre. La cour militaire se présenta. Lecture fut donnée de l’acte de condamnation, 1 en allemand, 2 en français. Puis par un geste, on me fit comprendre que je pouvais encore m’entretenir avec ces jeunes. Brusque fut impassible. Masson déclara hautement son innocence. Une dernière absolution. Le baiser du père qui remplace les Parents, une bénédiction, et tous deux furent emmenés et attachés au poteau. Masson refusa de se laisser bander les yeux. Brusque se laissa faire. Un commandement et les corps tombaient ; La tête de Brusque retombant sur l’épaule gauche, celle de Masson tombant en avant. Deux suaires et deux cercueils étaient prêts. Les corps sont au nouveau cimetières St Pierre d’où je reviens J’ai souffert. Pauvres enfants. Mais ils se sont bien préparés à la mort.
Le jeune Marcel Brusque, 15/2 reste à la prison. Il a pu passer un moment avec son frère ce matin, sans savoir qu’on allait le fusillier. Je le reverrai ce pauvre petit.
Mon souvenir aux chers collègues et recueillez mes meilleurs sentiments.
J. Ducrocq

Un soldat allemand prit une photo de cette exécution et la fit développer chez un photographe amiénois qui parvint à en transmettre un tirage à la Résistance. Cette photo est parvenue en Angleterre et fut publiée dans la presse anglo-saxonne.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Jacques Lejosne, Amiens 1940-1945, A la rencontre des plaques de rues en hommage aux résistants, 2016. — État civil. — La Résistance dans la Somme, DVD Rom. Fondation de la Résistance. — Notes de Philippe Pauchet.

Philippe Pauchet, Frédéric Stévenot

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