Né le 18 septembre 1926 à Ennery (Moselle), abattu sommairement le 17 juillet 1944 à Cosnat, commune de Vidaillat (Creuse) ; résistant 1ère CFL. AS.

Il était le fils de Julien, Adrien Bouque 23 ans cultivateur et de Julia Auburtin 16 ans domiciliés à Ennery (Moselle) à quelques kilomètres au nord de Metz.
Le 20 juin 1940, Ennery fut occupé par l’armée allemande. Débuta alors une tentative de germanisation de la Lorraine, Ennery prit le nom de Hochschloss. En novembre 1940 eut lieu une première expulsion, celle des familles ayant opté pour la France, dirigées vers la Haute-Vienne (Cieux, Saint-Léonard-de-Noblat). Un incident provoqua au printemps 1941 une nouvelle expulsion. Le 23 avril 1941 un groupe d’une quinzaine de jeunes du village partis s’amuser dans un village voisin, rentrèrent en chantant la Marseillaise. Aussitôt dénoncés, ils furent dès le lendemain arrêtés par la SIPO-SD et incarcérés à la prison de Metz. Les familles furent placés devant un ultimatum : récupérer leurs enfants à condition de quitter la Lorraine. Le 3 mai 1941 des autobus allemands chargèrent les familles (une vingtaine) rassemblées sur la place du village. Conduites à la gare de Metz, elles retrouvèrent après une longue attente les fils libérés de prison. Un voyage en train les conduisit à Lyon où toutes reçurent une carte d’expulsés de la Moselle. Le 10 mai 1941 le groupe composé de près de 80 personnes fut conduit à Guéret (Creuse) ; il leur avait été dit « Dans la Creuse, vous aurez des pommes de terre et vous ne manquerez de rien ». Les jours suivants les réfugiés d’Ennery rejoignirent la commune de Janaillat, répartis dans le village et les hameaux où les maisons libres avaient été préparées. La famille Bouque composée des parents, Adrien et Julia, de leurs enfants Edouard, Lucette, Noël et Gilles et de la grand-mère maternelle Berthe Augustin fut ainsi hébergée au hameau des Maisons.
Au début du mois de juin 1944, avec la montée en puissance des maquis surtout à partir du 6 juin, le 1er bataillon CFL (Corps Francs de la Libération) se constitua dans le secteur de Janaillat (Creuse). La 1ère compagnie (1ère CFL) commandée par le lieutenant Robert Undriener s’installa au hameau de Cosnat, commune de Vidaillat, où elle cantonna du début juin à la mi-juillet 1944. Gilles Bouque s’y engagea le 5 juin 1944 avec quelques camarades mosellans du secteur, et en particulier Marcel Burger, réfugié comme lui à Janaillat.
A la mi-juillet, des éléments de la brigade Jesser, une formation militaire allemande, composée d’éléments disparates de la Wehrmacht, des SS et de divers services de police, entra en Creuse pour organiser la répression contre les forces de la Résistance. L’une de ses unités opérant des opérations de ratissage dans le secteur de Bourganeuf (Creuse) eut un accrochage à La Pouge (Creuse) dans l’après-midi du 16 juillet avec des éléments de la 1ère CFL. Cette embuscade suivie d’un repli des maquisards permit à l’unité allemande de localiser en fin de journée, dans la commune de Vidaillat, et plus précisément au hameau de Cosnat, le lieu de repli et de repos de la 1ère compagnie franche du lieutenant Robert Undriener. Une opération de nuit fut aussitôt décidée par le commandement allemand. Surpris dans leur sommeil, les jeunes maquisards n’opposèrent qu’une faible résistance. Les troupes allemandes parvinrent à encercler une des granges. Gilles Bouque fit partie des jeunes maquisards qui périrent dans l’incendie de cette grange, incendie consécutif à l’attaque par fusillade et lancer de grenades : « pris pendant son sommeil, fusillé immédiatement puis brûlé à Cosnat » comme le décrit l’attestation FFI. Il avait 17 ans. Son corps ainsi que celui de deux de ses camarades ne put être identifié. Ils furent tous trois après la guerre inhumés dans l’ossuaire du monument de Combeauvert, commune de Janaillat.
Il obtint la mention Mort pour la France le 13 janvier 1950 et son nom figure sur le monument aux morts d’Ennery (Moselle) sa commune natale ainsi que sur le monument commémoratif de Combeauvert. Il figure enfin sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret (Creuse).
Sources

SOURCES : État civil — Dossier DAVCC Caen — Histoire d’Ennery et les expulsions d’Ennery — Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — Creuse Résistance, dossier Jean Geneton une semaine en enfer : celle du 16 juillet 1944 — mémorial genweb — site Mémoire des Hommes.

Michel Thébault

Version imprimable