Né le 11 octobre 1894 à Haute-Kontz (Moselle annexée), exécuté le 25 août 1944 à Châtellerault (Vienne) ; employé SNCF ; résistant.

Antoine Laissy
Antoine Laissy
Crédit photo : Evelyne Gaudin
stèle Châtellerault
stèle Châtellerault
Jean, Antoine Laissy fut mobilisé en 1914-1918 dans l’armée allemande. En 1920, devenu français il épousa sa cousine Catherine Schwenck. Le couple, installé à Rettel, eut six enfants. D’abord cultivateur, il chercha à accroitre ses revenus en travaillant à la construction de la ligne Maginot. Puis il travailla à compter du 16 août 1938 dans les chemins de fer d’Alsace-Lorraine à Florange. Rettel fit en septembre 1939 partie des communes de Moselle, situées en « zone rouge » (en avant de la ligne Maginot) évacuées selon un plan prévu à l’avance, lors de la déclaration de guerre. La population fut repliée vers une commune du nord du département de la Vienne : la commune de Thuré, au nord-ouest de Châtellerault. Antoine Laissy fut muté à la gare de Châtellerault. A l’automne 1940, la plus grande partie de la population déplacée regagna la Moselle, par choix mais aussi parce que le rapatriement des réfugiés Mosellans revêtait pour l’occupant allemand une grande importance idéologique et économique. Antoine Laissy resta à son nouveau poste SNCF dans la Vienne. Il rejoignit la Résistance dans des circonstances à préciser.
A la fin du mois d’août 1944 les troupes allemandes évacuèrent le nord du département de la Vienne se dirigeant vers l’est pour échapper à l’encerclement des troupes alliées. Le 25 août 1944, alors que les Allemands s’apprêtaient à quitter la ville de Châtellerault, Antoine Laissy, qui rentrait de son travail en début d’après-midi tenta d’intervenir dans une altercation entre deux habitants Roger Rochon, Maurice Lépine et des soldats allemands, altercation due à la volonté de Roger Rochon de recouvrer une somme due par l’armée allemande à la suite d’un travail effectué. Le journal créé à la Libération, La Nouvelle République dans sa première édition du 8 septembre 1944 donna un récit de l’incident : « Le 25 août 1944, Roger Rochon, 33 ans, tôlier, qui avait une facture à se faire régler par les Allemands de la Brelandière, se présenta pour réclamer son dû. On lui répondit qu’il n’y avait pas d’argent. Avisant alors une machine à coudre, M. Rochon dit qu’il se trouverait payé si on la lui donnait. Ce à quoi les Allemands consentirent, réclamant toutefois une somme de 800 francs. […] Cette somme fut donnée. M. Rochon emporta alors le pied de la machine et revint un peu plus tard avec Maurice Lépine, 26 ans, pour prendre la tête. C’est alors que les deux hommes furent saisis par des SS et conduits, en compagnie de Georges Besseron, 51 ans, et Antoine Laissy, 49 ans, au collège des jeunes filles, où ils furent fusillés sans autre forme de procès ». Il semble que l’altercation finale se soit produite impasse des Cordeliers et qu’Antoine Laissy ait tenté d’intervenir. Rocher Rochon, Maurice Lépine, Antoine Laissy, et Georges Besseron qui assistait à la scène du pas de sa porte, furent arrêtés, conduits à proximité, dans la cour du collège de jeunes filles (aujourd’hui Lycée Marcelin Berthelot) et exécutés. L’allusion de l’article aux SS semble attestée par les recherches récentes des historiens de la Maison du souvenir de Maillé qui ont pu prouver la présence dans le secteur jusqu’au 28 août d’éléments du bataillon de réserve de la 17e « SS-Panzergrenadier-division Götz von Berlichingen », précisément basés à Châtellerault, et responsables du massacre d’Ingrandes-sur-Vienne (7 morts), le 24 août et pour partie du massacre de Maillé (124 morts) au matin du 25 août.
Son corps fut transféré après la guerre au cimetière communal de Sierck-les-Bains (Moselle) où il repose depuis lors.
Il fut homologué RIF (Résistance Intérieure Française) et nommé adjudant à titre posthume. Il obtint la mention mort pour la France le 12 décembre 1945 et son nom est inscrit sur le monument aux morts de Thuré (Vienne). Son nom est également inscrit à Châtellerault (Vienne) sur la plaque commémorative 1939 – 1945 de la mairie ainsi que sur une stèle apposée en 2004 dans une impasse, l’impasse des Cordeliers où se produisirent l’altercation et les arrestations.
Sources

SOURCES : SNCF CXXV.3 118LM109/2. — SHD-PAVCC Caen, dossier statut 21P471797. — SHD GR 16 P 331777 — Thomas Fontaine (sous la direction de…), Cheminots victimes de la répression 1940-44, Paris, Perrin/SNCF, 2017, p. 845-846. — La Nouvelle République du Centre-Ouest, article du 22 décembre 2018 — Mémorial genweb.

Hervé Barthélémy, Clément Gosselin, Michel Thébault, Philippe Wilmouth

Version imprimable