NALOHA Jean
Né vers 1910 à Kiliarivo Fiherena (district de Tulear, Madagascar), exécuté sommairement le 27 août 1944 à La Roche-Posay (Vienne) ; militaire, sous-officier des troupes coloniales ; résistant.
En août 1944, la situation militaire de l’armée allemande sur le front de l’ouest se dégrada brutalement. Le 19 août un ordre de repli général fut donné aux unités allemandes stationnées dans le sud-ouest. Le passage par le seuil du Poitou devint un enjeu stratégique essentiel. Poitiers servit pendant toute la fin du mois d’août et les premiers jours de septembre, d’étape et de cantonnement provisoire pour les forces allemandes et leurs collaborateurs. Parmi elles, des troupes hindoues de l’ « Hindische Freiwillingen-Legion » rattachée depuis peu à la Waffen SS, et qui étaient parties du secteur de Lacanau (Gironde), étaient arrivées à Poitiers à la mi-août. Un bataillon s’installa le 22 août au camp de la route de Limoges à Poitiers. L’évacuation vers l’est à partir du 26 août (Roger Picard op. cit) de la légion hindoue, et du groupement de marche du sud-ouest, qui réunissait environ 25 500 hommes sous les ordres du général Botho Elster fut ponctuée de violences et d’exactions. Le dimanche 27 août des incidents se produisirent sur la route menant à Pleumartin et La Roche-Posay mettant aux prises des éléments d’un maquis local et les troupes allemandes, et infligeant à ces dernières des pertes humaines. En fin d’après-midi, une colonne allemande pénétra dans La Roche-Posay et investit l’Hôtel du Parc. Selon un témoignage (bulletin de l’association des AET, Anciens Enfants de Troupe, op. cit.), « le 27 août 1944, vers 18 heures, une colonne allemande fait irruption à La Roche-Posay, agressive et excitée par les accrochages dont elle fait l’objet du fait des résistants…Elle arrive à l’hôtel du Parc et voit les uniformes. Une partie des enfants sont à l’abri, mais les Allemands comprenant qu’il s’agit d’une école militaire forcent les autres enfants à descendre dans la cave de l’hôtel sans ménagement. Un Allemand plus virulent que les autres, pousse avec la crosse de son fusil ceux qui ne vont pas assez vite. Le caporal Nahola qui faisait partie de l’encadrement s’interpose énergiquement, il est abattu par un officier allemand ». Pour son acte de résistance, Jean Nahola fut exécuté sommairement de deux balles de revolver. Il fut inhumé le 30 août 1944 au cimetière de La Roche-Posay.
Il obtint le 7 février 1955 la mention mort pour la France (mention qui ne fut portée sur le registre des décès de la Roche-Posay qu’en mars 2018). Deux plaques avaient été posées en 1946 à sa mémoire et à celle de Georges Poisay, fusillé le 28 août 1944 dans la même ville, plaques qui avaient depuis disparues. En 2013 la commune de La Roche-Posay a, lors d’une cérémonie d’hommage, renouvelé les deux plaques.
SOURCES : Service historique de la Défense, Caen, dossiers AVCC cote AC 21 P 103294 — Dossier ONACVG de la Vienne — Bulletin AET Histoire et Témoignages n° 269, octobre 2016 et site internet sur l’École Herriot — Roger Picard Hommes et combats du Poitou Ed. Martelle 1994 — Journal La Nouvelle République, 11 mai 2013 Hommage aux deux fusillés de 1944 — Mémoire des Hommes.
Michel Thébault