Né le 16 avril 1908 à Lille (Nord), fusillé le 26 juillet 1944 à Viella (Gers) ; ingénieur aéronautique ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant du Corps Franc Pommiès (CFP), Organisation de Résistance de l’Armée (ORA).

Charles Tison, en uniforme de l'escadrille de volontaires internationaux en Espagne républicaine.
Charles Tison, en uniforme de l’escadrille de volontaires internationaux en Espagne républicaine.
Crédit : Audrey Galicy
Charles Tison
Charles Tison
Crédit : Audrey Galicy.
Charles Jean Frédéric naquit à Lille en 1908. Ses parents Charles, Jean Baptiste Tison, mécanicien et Jeanne Bas, Belge, sans profession s’installèrent à Nantes vers 1910. Il avait un frère Jean et une sœur Alix. Ingénieur aéronautique, il fit une partie de la Guerre d’Espagne en tant que pilote, navigateur, chef de bord sur un avion Potez de l’Escadrille internationale. Il fit mention, avec fierté, de son passé de brigadiste dans une lettre datée du 28 juin 1941. En 1938, il épousa Denise Morin.
Lorsque la guerre éclata, le couple s’installa d’abord près de Marseille puis déménagea à Pau. Enfin, il s’installa à Saint-Justin dans les Landes. Ils s’engagèrent tous les deux, très tôt dans la Résistance. Ils s’occupaient notamment de l’instruction des jeunes qui souhaitaient s’engager contre l’occupant allemand.
Denise fut arrêtée et déportée à Ravensbrück. Charles entra dans la clandestinité et participa à la création de la Brigade Carnot du Corps Franc Pommiès, début juin 1944. Le chef de la brigade était Jean de Milleret (alias « Carnot »).
Tison se trouvait à Portet (Basses-Pyrénées) en juin 1944, en compagnie de 180 camarades. De Milleret s’était installé dans la région avec son état-major, la section de commandement, la section destructions de Robert Vaxelaire, la section d’Emile Dupuy, la compagnie Maulvaux et la section auto. Les 1er et 2 juillet, De Milleret fut informé d’une attaque possible des troupes allemandes. Il lui fut alors fortement conseillé de changer de cantonnement et de répartir ses hommes, trop nombreux à Portet. La décision de quitter le cantonnement fut prise le 2 juillet au soir. Le lendemain, lundi 3 juillet 1944, à 4h00 du matin, un important détachement allemand lourdement armé et parfaitement renseigné, encercla et isola le village. Vers 6h00, les allemands lancèrent l’attaque. Pour les maquisards, aucune solution de repli n’était possible. Le résistant Henri Lafargue témoigna : « La lutte fut héroïque, tous firent preuve d’un grand patriotisme. » Mais le combat tourna à l’avantage des allemands. Le bilan fut lourd : 14 maquisards trouvèrent la mort au cours du combat, une quarantaine d’hommes furent arrêtés et massacrés trois jours après.
Charles Tison réussit à s’enfuir avec quelques camarades dont le chef Jean De Milleret. Ils se réfugièrent entre Viella et Labarthète (Gers), à quelques kilomètres de Portet. Selon le général Céroni, auteur de « Le Corps Franc Pommiès », « Le choix de ce nouveau cantonnement reviendrait au chef Tison, car il savait trouver dans ce secteur des amis sûrs ». De Milleret reconstitua son PC et ses différents éléments s’éparpillèrent, occupant entre Viella et Labarthète, les fermes abandonnées ou bivouaquant en plein air. Charles Tison s’installa à la ferme Ricau, à 2 km au nord de Viella tandis que le poste de commandement de la Brigade Carnot investit la ferme Bélarde, au sud-est du village. Le groupe Tison était chargé de la sécurité du poste de commandement. De là, ils se mirent en contact avec les sections éparpillées dans les alentours. Le 26 juillet, les chasseurs Gustave Hengy et Ernest Libis, de la section de destructions Vaxelaire, rescapés de Portet, furent envoyés prévenir les chefs de sections qu’une réunion organisée par le chef de Milleret, allait se tenir ce jour. Malheureusement, les deux hommes rencontrèrent, au carrefour d’Aurensan au Nord-Ouest de Viella, une colonne ennemie et furent abattus.
La colonne allemande repérée, Charles Tison envoya ses hommes prévenir le poste de commandement d’une attaque imminente. Les allemands, puissamment armés, encerclèrent le village, arrêtèrent et tuèrent des résistants. Ils se dirigèrent vers la ferme Ricau et abattirent le guetteur Gilbert Darricau.
Charles Tison, Dufaure, Glandaz tentèrent de fuir sous la protection de l’Espagnol Roman Serrano. Celui-ci fut abattu. Acculés et encerclés, les autres durent se rendre. La ferme Ricau fut incendiée.
Les Allemands continuèrent leur progression et abattirent Henri Varéni et Louis Durrieux. Ils arrêtèrent sur leur passage, d’autres hommes, des civils et des maquisards, notamment le chef Allavéna et les deux chasseurs Lanine et Mendoza, qui se rendaient à Viella pour participer à la réunion du chef de Milleret.
Les prisonniers furent, d’abord, rassemblés sur la place de l’église, puis amenés et interrogés dans la maison du notaire réquisitionnée par l’ennemi. A l’issue de cet interrogatoire certains hommes furent libérés mais treize hommes furent gardés, à nouveau interrogés et « jugés » par un tribunal de guerre « improvisé », commandé par un colonel allemand.
Six hommes furent relâchés. Sept autres, dont le lieutenant Charles Tison, furent condamnés à mort. Emmenés à l’extérieur de Viella, sur la route de Labarthète, ils furent exécutés dans la soirée.
Homologué capitaine, Charles Tison reçut la mention « Mort pour la France ». Son nom est inscrit sur le mémorial du CFP à Castelnau-Magnoac, sur les monuments aux morts de Viella (Gers) et Aire- sur l’Adour (Landes), sur les stèles commémoratives de Viella (Gers) et de l’usine Potez d’Aire-Sur-L’Adour (Landes), ainsi que sur un monument commémoratif situé sur la route de Labarthète (Gers). Le prénom indiqué sur ces différents monuments est « Henri Tison ».
Viella (Gers) 26 juillet 1944
Sources

SOURCES : Geneanet. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — CERONI, Marcel. Le Corps Franc Pommiès. Tome 1-2 ; La lutte ouverte, Amicale du Franc Pommiès, 2007. — POMMIES Jean-André, Le Corps Franc Pommiès, une armée dans la résistance. Editions Privat, 2014. 511p. — Exposition permanente "Portet village de la Résistance" à Portet (64). — Archives familiales.

Audrey Galicy

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