Né le 12 février 1923 à La Ricamarie (Loire), mort le 10 mars 1955 à La Ricamarie, exécuté sommairement le 30 mars 1944 à Le Claveix, commune de Cisternes-la-Forêt (Puy de Dôme) ; survivant ; résistant au sein des Forces françaises de l’intérieur (FFI) ; membre des Jeunesses communistes (JC).

Fils de Augustin Louis, mineur, et de Marie Virginie Mialon, ménagère, Lucien Giraud rejoignit le maquis de Le Claveix à Cisternes-la-Forêt, rattaché aux Mouvements Unis de la Résistance (MUR). Il avait fui La Ricamarie avec son frère Bernard et Lucien Poinat pour éviter de partir au STO.
L’identification des réfractaires fut l’une des cibles permanentes de la police allemande ; renseignée, elle organisa une opération de Ratissage de la région de Prondines (Puy-de-Dôme) le 30 mars 1944 où les trois jeunes venaient d’arriver. Surpris par la rapidité des Allemands qui encerclèrent le maquis, Lucien Giraud et douze compagnons d’infortune se retranchèrent dans une grange. Immédiatement découverts, il furent fusillés sur le champ, leurs corps placés devant la porte de leur refuge furent arrosés d’essence et brûlés. Un seul survécut : Lucien Giraud.
Initialement les miliciens voulaient fusiller les 13 hommes dehors, puis ils se ravisèrent pour les faire entrer dans la grande à proximité, préméditant l’incendie de celle-ci. Les 13 hommes se tenaient la main, les bras levés face au mur, quand ils furent abattus par des rafales de mitraillettes. L’incendie est allumé mais Lucien Giraud n’est pas mort et parvient à sortir par une issue non surveillée par les Allemands et miliciens. Blessé à la main, il fut recueilli par une femme puis envoyé dans une clinique.
Une polémique anima les milieux de la Résistance au lendemain de la Libération sur l’origine de cette expédition. Deux explications furent avancées.
Selon le témoignage de Georges Mathieu, ancien résistant retourné par le SD, le drame serait la conséquence de l’arrestation en février 1944 de deux individus interrogés par la police allemande ; il s’agissait de Joseph Bourdelat alias « Jo », ancien chef du maquis de Prondines et Momen André, ancien maquisard de la même région. Leurs révélations et les documents extraits d’une valise trouvée lors d’une expédition du SD à Saint-Maurice-ès-Allier (Puy-de-Dôme) en décembre 1943 eurent pour conséquences de déclencher une vaste opération de ratissage dans la région : six maquis furent recensés et sur le carnet de route trouvé à Saint-Maurice figurait les noms de responsables des MUR, des lieux de dépôts d’armes... cibles permanentes de la Gestapo.
Mais en février 1945, le rescapé Lucien Giraud, dont le frère figurait parmi les victimes, déclara que Jo ne pouvait être retenu comme responsable d’une quelconque dénonciation, ayant quitté le camp avant que décision soit prise de rejoindre le Claveix où les hommes furent arrêtés. Il pointe en revanche l’attitude de l’autre rescapé, Paul Viessant, qui vient d’être condamné à 5 ans de travaux forcés par la Cour de Justice pour avoir servi dans l’armée allemande. Giraud note que Viessant avait quitté tôt le camp ce matin du drame alors qu’il ne se levait jamais tôt. En outre, le facteur l’aurait vu discuter avec des soldats allemands, lui qui savait leur langue.
En février 1945, Lucien Giraud était retourné à La Ricamarie où il était devenu secrétaire des Jeunesses communistes (JC). Il mourut prématurément quelques années plus tard.
Une rue de La Ricamarie porte le nom des frères Giraud et Jean Poinat.
Sources

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 258047, dossier Lucien Giraud (nc). — Michelle Serre, La région de La Bourboule et du Mont-Dore pendant la seconde guerre mondiale, Ed. La Galipote 2017 .— Gilles Levy, Mémorial des Maquis et Hauts lieux de la Résistance, Ed. Presses de la Cité, 1986.— Pierre Montagnon, Les Maquis de la Libération, Ed. Pygmalion, 2000 .— "Adieu aux martyrs de Claveix", La Voix du Peuple, 3 février 1945. — "Tout n’a pas été dit sur le massacre de Claveix : le rescapé Lucien Giraud nous parle", La Voix du Peuple, 10 février 1945. — " Histoire et patrimoine a retrouvé une photo de Lucien Giraud", Le Progrès, Lyon, 25 septembre 2013. — État-civil La Ricamarie.

Eric Panthou

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