Né le 11 août 1888 en Pologne (à Strusow, Pologne en 1939, aujourd’hui Strusiv, Ukraine), tué le 4 août 1944 à Annonay (Ardèche) , profession : comptable, victime civile.

Fils de Adolphe Alié Schwartz et de Sarah Wassermann, naturalisé français (décret N°23870/14 du 21 juillet 1929), ce qui explique sans doute le fait que le nom d’Isaac Schwartz n‘apparaît dans aucune des listes d’israélites étrangers dressées dans le Var depuis 1940. Avait t-il fait l’objet d’une mesure de dénaturalisation par Vichy ?
Célibataire, il était chef comptable à Toulon (Var) au moment de son arrestation. , On ne sait donc rien de son parcours. Il fut arrêté à Toulon (Var) le 26 juin 1944 comme juif et transféré à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 22 juillet. Il fit partie d’un convoi de soixante-et-onze prisonniers (les chiffres varient selon les sources entre 69 et 72) dont une trentaine de juifs et trois femmes, extraits de la prison des Baumettes le 1er août 1944. Parti de Marseille le 1er au soir, le train arriva enfin au Teil (Ardèche) le 3, empruntant la rive droite du Rhône pour éviter les bombardements alliés trop fréquents sur l’autre rive. Avertie, la Résistance ardéchoise décida d’attaquer le train et de délivrer les prisonniers. Le train s’arrêta à Peyraud (Ardèche) le soir mais la présence d’un train blindé allemand interdisait l’attaque. Il fut décidé de le dérouter sur Annonay qui était contrôlée en sous-main par la Résistance (alors que les autorités fidèles à Vichy avaient été rétablies à la tête de la ville ) , ce qui fut fait grâce à des cheminots de la CGT clandestine et à l’audace du corps franc Gerelli ( secteur A de l’Armée Secrète), qui plaça l’un de ses hommes (Louis Chevalier) dans la locomotive de traction. Arrivé en gare d’Annonay vers quatre heures du matin le 4, il fut aussitôt attaqué par les groupes francs de l’Armée secrète (AS) du secteur, renforcés par des éléments du commando Louise, composé d’Américains parachutés peu avant à Devesset (Ardèche) disposant de bazookas. Les douze soldats allemands qui gardaient les prisonniers se servirent d’eux comme protection en les plaçant contre les vitres ; l‘échange de coups de feu se termina vers huit heures par la reddition des Allemands. Ils avaient trois blessés dont l’un grièvement, mais trois prisonniers avaient été tués dont Isaac Schwartz avec Jacques Bernard, notaire à Villes-sur-Auzon (Vaucluse), et Marius Bérenger de Marseille (Bouches-du-Rhône).
Une stèle a été érigée sur la place de l’ancienne gare d’Annonay pour rappeler cet événement qui constitue l’un des exploits les plus remarquables de la Résistance française. La stèle porte l’inscription suivante :
“Ici, en gare d’Annonay, le 4 août 1944, les FFI ont libéré 70 prisonniers politiques. Au cours du combat sont morts pour la France Bérenger Marius, Bernard Jacques, Schwartz Isaac.”
Sources

SOURCES : Mémoire des Hommes, SHD Caen DAVCC, 21 P 398008 (nc). — Mémorial du Débarquement et de la Libération de la Provence, Toulon, registre d’écrou de la prison allemande. — Louis-Frédéric Ducros, Montagnes ardéchoises dans la guerre, tome III, Romans, 1981, p. 266-268. — ANACR, Mémorial de la Résistance en Ardèche, Le Teil, 1994, p. 99.
Sources complémentaires : Mémorial de l’oppression, Arch. Dép. du Rhône, 3808W, Annonay 142-149. - Adolphe Demontès, L’Ardèche martyre, imp. Mazel, Largentière, 1946 (P. 219). - Anne Boudon, Des grenades sous le plancher, carnets de La Vanaude, 2001 (p.207-224). - Fonds du Musée de la résistance et de la Déportation en Ardèche, Arch. Dép. de l’Ardèche, 70J. - Joseph Chatagner, La libération d’Annonay et de sa région, tapuscrit, 1946. - CD-Rom AERI (coord. Raoul Galataud), La Résistance en Ardèche, 2004. — Aimé Duranton, FTP 7104 et 7113 èmes Cies, commando 13 de la 13ème demi-brigade de la légion étrangère, tapuscrit, 66p., sd. — André Grenier, Résistant puis insurgé, souvenirs d’un FFI 1935-1945. - Pierre Bonnaud, La République d’Annonay, cahier MATP N°122, 2014. — Pierre Bonnaud, L’Ardèche dans la Guerre 1939-1945, De Borée, 20017. —Copie intégrale de l’Acte de décès d’Isaac Schwartz, 18 mars 2022, Mairie d’Annonay. -– Service historique de la défense, Vincennes, cotes GR16P51223. - . Notes et compléments : Pierre Bonnaud.

Jean-Marie Guillon

Version imprimable