Né le 4 février 1900 à Asnières (Seine), exécuté le 12 août 1944 à Fresnes (Seine, Val-de-Marne) ; employé à la Compagnie parisienne de distribution d’électricité ; opérateur radio du PCF clandestin ; résistant.

Employé à la Compagnie parisienne de distribution d’électricité (CPDE) au service des relations commerciales depuis 1921, Lucien Ferrand avait adhéré au PCF dès l’origine. Il connaissait bien Marcel Paul et Léon Mauvais. En octobre 1942, à la demande de l’un des opérateurs du service radio, Marcel Rolland alias « Roger », Lucien Ferrand, sa femme Marie et leur fils Maurice quittèrent leur logement du Pré-Saint-Gervais pour s’installer dans un pavillon, 62 avenue Albert-Caillou à Chelles (Seine-et-Marne), afin d’y dissimuler un émetteur-récepteur. Ils y hébergèrent régulièrement Gilbert Gaboriaux, alias Francis, qui venait s’entraîner au morse ainsi qu’un jeune technicien du service, Georges Vayssairat, alias Louis, qui assurait la maintenance de l’appareil. Malheureusement, arrêté en août 1943 par la Gestapo, « Louis » allait céder sous les coups et livrer plusieurs adresses parmi lesquelles celle du pavillon de Chelles. Six policiers allemands s’y présentèrent le 16 août vers 20 heures et arrêtèrent les Ferrand. D’abord conduits rue des Saussaies où ils furent soumis à des interrogatoires musclés, ils furent incarcérés à Fresnes. En janvier 1944, ils furent traduits avec les autres membres du service radio devant une cour martiale de la Luftwaffe qui condamna à mort Lucien Ferrand et à des peines d’emprisonnement sa femme et son fils.
Après huit mois passés à Fresnes au secret, Maurice Ferrand (né le 26 décembre 1923 à Saint-Ouen) fut déporté le 27 avril 1944 dans les camps d’Auschwitz puis Buchenwald, où Marcel Paul tenta de le protéger. Mais le jeune homme fut bientôt transféré au camp de Flossenbourg où il mourut le 16 janvier 1945. Marie Ferrand (née Joubert le 4 décembre 1900 à Saint-Ouen) fut également déportée le 21 mai 1944 vers Berlin puis la forteresse de Bützov en Poméranie où elle fut libérée le 4 mai 1945 par l’armée soviétique.
Quant à Lucien Ferrand, il fut exécuté le 12 août 1944 avec Fernand Pauriol et plusieurs autres membres du service radio dans la cour de la prison de Fresnes. Il est parfois dit avoir été fusillé au Mont-Valérien, mais depuis le débarquement allié en Normandie, les Allemands avaient cessé d’y organiser des exécutions faute d’effectifs disponibles. Lucien Ferrand fut déclaré « Mort pour la France » et la médaille de la Résistance lui fut attribuée à titre posthume en 1958.
Rentrée en France très affaiblie, Marie Ferrand se vit bientôt réclamer par le propriétaire du pavillon de Chelles le paiement des loyers dus depuis leur arrestation... Le PCF l’aida à régulariser la situation. Elle resta en liaison avec le Conseil central des œuvres sociales d’EDF-GDF (CCOS) puis la Caisse centrale d’activités sociales (CCAS). Décorée de l’Ordre de chevalier de la Légion d’honneur en 1980, de la Croix de guerre, de la Médaille des déportés et de la Médaille militaire, elle mourut au début de l’année 1985. Les noms de son mari et de son fils figurent sur le monument de la Résistance et de la Déportation (59 noms) de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et de Chelles.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. 92 ; état-civil d’Asnières. — SHD Caen AC 21 P 183659 et AC 21 P 645011. — SHD Vincennes GR 16 P 221453. — Ordre de la libération. — Afin que nul n’oublie..., CCAS, 1980, 32 p. – « Hommage à Marie Ferrand », CCAS Information, no 87 (mars 1985). – Archives de la CCCP, dossier « service radio ». — Guillaume Bourgeois, La Véritable histoire de l’orchestre rouge, Nouveau monde éditions, 2015.

Jean-Pierre Ravery

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