Né le 16 novembre 1916 à Arles (Bouches-du-Rhône), fusillé le 31 mars 1944, sans doute à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; manœuvre ; résistant membre de l’Armée secrète (AS).

Jean Venture
Jean Venture
SOURCE : dossier DAVCC
Jean Venture était le fils d’un employé des chemins de fer, issu d’une vieille famille de carriers de Fontvieille (Bouches-du-Rhône), corporation marquée à gauche. Manœuvre, célibataire, il était domicilié 7 faubourg des Templiers à Arles.
Réfractaire au STO, il rejoignit le petit maquis Robespierre, installé à l’automne 1943 au col de Blaux, entre Gap et Sisteron, la vallée de la Durance et le pays du Caire, sur la commune de Curbans (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence). Les effectifs de ce maquis ne dépassèrent pas une vingtaine d’hommes et l’armement, très réduit, avait été récupéré sur l’armée italienne en déroute. Ce maquis était commandé par Henri Silvy. Il fut attaqué par les troupes allemandes dans la nuit du 11 au 12 décembre 1943.
Quatorze maquisards furent faits prisonniers, incarcérés à Gap (Hautes-Alpes), puis aux Baumettes (Marseille). Treize d’entre eux furent traduits devant le tribunal militaire allemand de la Zone Sud. Les sources divergent quant au lieu où siégea ce tribunal, Lyon (Rhône) ou Nîmes (Gard), le 6 mars 1944.
Jean Venture fut condamné à mort avec ses camarades Jean Burle*, Paride Cadegiani*, Pascal Incollinco, François Lluch*, Jean Martinigol*, André Poggioli, Pierre Queirel, Henri Silvy et André Vacher.
Le 31 mars 1944, les dix condamnés à mort furent fusillés, vraisemblablement à Marseille. Un témoin affirma que, ce jour-là, ils furent extraits, à 17 heures, de leurs cellules de la prison des Baumettes. Une lettre de Jean Venture, écrite aux Baumettes et datée du 31 mars 1944 - ce qui confirmerait que l’exécution eut bien lieu à Marseille - fut remise à son père par un inconnu, délinquant de droit commun et compagnon de captivité. Le 1er avril 1944, le « conseiller supérieur du conseil de guerre », Hamann, informa, depuis Lyon, le préfet de la région de Marseille de l’exécution des condamnés pour « activité de francs-tireurs ».L’avis officiel de décès de Jean Venture parvint à la famille après le 12 avril. Le tribunal militaire allemand refusa d’indiquer aux familles le lieu d’inhumation des corps qui ne furent pas retrouvés.
Jean Venture fut reconnu « Mort pour la France » en juin 1946. Son nom figure sur la liste des dix maquisards fusillés, gravée sur le monument aux morts de Curbans et sur le monument érigé, en leur honneur, en juillet 2007, au col de Blaux. L’écrivain Jean-Marie Magnan l’évoque sous le nom de Jean Guillaume dans son roman, Deux fois dans le même fleuve.
Mes très chers parents. Quand vous lirez ces lignes, je ne serai plus de ce monde. Je meurs, fusillé par les Allemands. Je meurs en Français, et en mourant, je paye les fautes que j’ai commises, et vous demande pardon pour la peine que je vous fais. Je vous embrasse tous pour la dernière fois et vous demande pardon de la peine que je vous fais.
Jean Venture.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, 21 P 274 784. – Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 76 W 117, tribunal du commandant, territoire d’armée, France Sud, 1er avril 1944. – Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 76 W 117, le préfet de la région de Marseille à l’administrateur de la ville de Marseille et aux maires d’Arles et d’Allauch, 7 avril 1944. – Jean Garcin, De l’armistice à la Libération dans les Alpes-de-Haute-Provence, Manosque, Imprimerie Vial, 1990. – Jean-Marie Magnan, Deux fois dans le même fleuve, Paris, Robert Laffont, 1992. — Robert Mencherini, Résistance et Occupation (1940-1944), Midi rouge, ombres et lumières, 3, Syllepse, 2011. – Notes Jean-Pierre Besse. —Précisions de Remi Venture, cousin du résistant.— État civil.

Robert Mencherini

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