Né le 27 octobre 1923 à Lanuéjols (Gard), fusillé le 1er février 1944 à la Doua, commune de Villeurbanne (Rhône) ; verrier, puis cultivateur ; résistant du maquis de l’Armée secrète (AS) de Beaubery (Saône-et-Loire).

Antonin Trivino
Antonin Trivino
Arch. Dép. Rhône, 3460W3
Les parents d’Antonio Trivino, Antoine et Vincente, née Sanchez, étaient espagnols. Ils immigrèrent en France après 1922. Ils vécurent quelques années dans le Gard, où Antonin Trivino naquit. Entre 1926 et 1936, la famille s’installa à Venissieux (Rhône), avenue Viviani. C’est à cette époque que Vincente Trivino devint veuve et se retrouva seule avec ses six enfants. Elle exerça le métier de manœuvre. Antonin Trivino devint verrier (ou fraiseur, selon un document émanant du tribunal qui le condamna à mort). D’après une lettre de sa mère, il s’installa en 1940 à Grandris, où il devint cultivateur.
Antonin Trivino fit partie du maquis de l’AS de Beaubery, situé, à partir de septembre 1943, à Combrenod, sur la commune de Montmelard. Le 11 novembre 1943, les soldats allemands attaquèrent le camp. Les maquisards résistèrent, puis, par prudence, ils se replièrent le lendemain à Gillette, hameau de Gibles.
Le 14 novembre, les soldats allemands attaquèrent à nouveau, à Gibles. Les résistants tentèrent de leur échapper, mais le massif montagneux fut vite cerné. Les Allemands arrêtèrent Antonin Trivino et six autres camarades (Claudius Deschamps, Jean-Baptiste Gardenet, Jean Michenot, Philibert Morel, Bruno Quinchez et Clovis Bernard) alors qu’ils tentaient de sortir du bois.
Vraisemblablement conduit à Mâcon selon la dernière lettre de Michel Mazaud, Antonin Trivino fut ensuite transféré à la prison Montluc (Lyon, Rhône) avec ses compagnons.
Les 14 et 15 janvier 1944, le tribunal militaire allemand siégeant à Lyon jugea et condamna à mort Antonin Trivino et quinze camarades du maquis comme francs-tireurs et pour avoir favorisé l’ennemi.
Le 1er février 1944, les Allemands le fusillèrent avec ses compagnons au stand de tir du terrain militaire de la Doua.
Enterré dans le charnier de la Doua, son corps fut retrouvé après la guerre et identifié par sa mère le 16 août 1945. Antonin Trivino fut inhumé à la nécropole nationale de la Doua.
Il reçut la Médaille de la Résistance en 1946.
En décembre 1943, il écrivit une lettre de Montluc à sa mère. Les 3 décembre 1943 et 1er février 1944, il écrivit deux lettres, à M. et Mme Robin de Beaubery.
Lettre d’adieu d’Antonin Trivino recopiée par son destinataire Marius Robin (de Beaubery, Saône-et-Loire) à l’intention de Gabriel-Robert Courbon, chef de service régional d’Identité Judiciaire à Lyon. Source : Arch. Dép. Rhône, 3460W3
« Lyon 1er Février 44
 
Bien chers amies
 
A vous tous Mr Robin : je tiens vous faire savoir que je ne vous reverrez plus : je tenai pourtant à vous revoir : tous mais c’est bien fini car je suis fusiller aujourd’hui 1er février à Lyon avec mes camarades.
 
Et je vous laisse même retour sans vous revoir ; enfin tout ira pour le mieux toute manière on doit y passer tôt ou tard.
 
Je voudrais que vous conversiez mes photos comme souvenirs : j’ai bien penser à vous pendant les 2 mois de prison, enfin je vous embrasse tous pour une fois. Je sais bien que vous ferez une toute petite prière pour moi.
Je pense que tout le monde va bien je vois que René et Lulue vont bien et que Monsieur et Madame Bouchot vont aussi, et que Monsieur et Madame Bouland vont bien : je leur donne bien mon adieu à tous, vous ne pouvez savoir comme je suis les heures approchent nous sommes tous ensemble Claudius et Philibert (censuré). Tout ça c’est bien fini.
 
Adieu chers camarades, adieu Mr et Mme Robin. Adieu Lulue. René. Adieu Marie-[Lucie ?].
 
Antonin Trivino »
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Rhône, 3460W3, 3335W22, 3335W7, 3808W15, 6MP739, 182W265. – Bruno Permezel, Montluc, antichambre de l’inconnu (1942-1944), Éd. BGA Permezel, 1999. – Amicale du Bataillon du Charollais, Le maquis de Beaubery et le bataillon Charollais, 1983. – Association nationale des médaillés de la Résistance française, Annuaire des médaillés de la Résistance française, 1953. – État civil.

Jean-Sébastien Chorin

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