Né le 30 janvier 1924 à Mercenac (Ariège), exécuté sommairement le 10 juin 1944 à Martres-Tolosane (Haute-Garonne) par les Allemands de la 10e compagnie du 3e bataillon SS du régiment Deutschland de la division SS Das Reich ; ouvrier forestier à Mercenac (Ariège) ; victime civile

Valentin Laffite était un jeune de Mercenac, village du Couserans, limitrophe de Betchat où était implanté un maquis commandé par Jean Blasco alias « Max », mécanicien auto communiste né en 1924 à Fumel (Lot-et-Garonne), sans doute un des plus jeunes chefs de maquis des FTPF (il avait créé le maquis de Betchat — 3401e compagnie des FTPF — en mars 1943). Ouvrier forestier, réfractaire du STO, Laffite ne semble pas avoir eu de liens avec ce maquis. Il vivait dans la famille de Charles Boubila. Mais il fut une des victimes civiles de la vaste opération de « nettoyage » entreprise par la division SS Das Reich avec l’appui de policiers allemands de Saint-Girons (Ariège).
Dépêchés à partir du 9 juin, depuis leurs cantonnements des villages et bourgs des environs de Toulouse, des éléments de la 2 SS Panzer « Das Reich » entreprirent de neutraliser les maquis qui menaçaient leurs lignes arrière après le débarquement du 6 juin et en prévision d’une seconde opération amphibie des Alliés en Méditerranée. Ils étaient aussi décidés à intimider par une répression féroce des populations civiles soupçonnées d’aider les « terroristes ». Un détachement de la division Das Reich massacre d’abord vingt-sept civils à Marsoulas (Haute-Garonne) avant de se diriger vers Betchat (Ariège) tout proche et les villages voisins (Fabas, Mercenac, …).
Ce fut au cours de cette opération de la division SS que Valentin Laffite fut arrêté le 10 juin 1944 « près de Saint-Girons » (Penaud, op.cit., p. 386). Claude Delpla (notes manuscrites) précise qu’il se rendait à Saint-Girons en camion avec Charles Boubila, marchand de bestiaux à Sabarat, afin d’amener du ravitaillement. Ils tombèrent sur une embuscade des Allemands de la Das Reich à la recherche du maquis de Betchat dont ils furent pris pour des membres. Ils furent amenés, à Martres-Tolosane où se regroupèrent, le soir du 10 juin, les divers détachements du régiment Deutschland. Michel Goubet (op. cit.) fait également intervenir un groupe de militaires allemands venus de Saint-Girons (Ariège), accompagnés de policiers de la Sipo-Sd et de la Milice de cette ville. Il a expliqué par ailleurs que les fusillés de Pentens à Martres-Tolosane, y ont été amenés dans la camionnette qu’ils réquisitionnèrent après avoir arrêté Vincent Laffite et Charles Boubila. Roger Prost (op. cit., 1994) a précisé que le véhicule conduit oar Boubila, Joseph Roumens, Claude Salmon, Stanislas Dudkowski, Aimé, Désiré Loubon, et un inconnu) à Pentens, dans les bois de Martres-Tolosane, à la limite de la commune de Boussens .Les corps furent découverts le lendemain vers 17 heures. Une stèle fut élevée à Pentens afin de perpétuer leur mémoire.
Le nom de Valentin Laffite figure sur le monument aux morts de Mercenac.
Voir Martres-Tolosane (Haute-Garonne), 10 juin 1944
Sources

SOURCES : Arch. dép. Ariège, 64 J 23, fonds Claude Delpla, diverses notes manuscrites de Claude Delpla, d’après des archives et des témoignages. — Michel Goubet, « La répression allemande et milicienne dans la vallée du Salat et aux alentours. 10 et 11 juin 1944 » in La résistance en Haute-Garonne, CDROM, Paris, AERI (Association pour des études sur la résistance intérieure). — Guy Penaud, La « Das Reich » 2e SS Panzer Division, préface d’Yves Guéna, introduction de Roger Ranoux, Périgueux, La Lauze, 2e édition, 2005, 558 p. [p. 386, p. 521]. — Roger Prost, « En Comminges sous l’occupation. Événements après le 6 juin », Revue du Comminges, Revue d’histoire, d’archéologie, de géographie et de sciences naturelles du Comminges et des Pyrénées centrales, bulletin de la Société des études du Comminges à Saint-Gaudens et de l’Académie Julien Sacaze à Bagnères-de-Luchon, 109, 1994, pp. 404-443 [pp. 406-407]. — Site MemorialGenWeb consulté le 12 juin 2019.

André Balent

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