Né le 12 octobre 1921 à Rosselange (Moselle), fusillé par condamnation à Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) le 11 juillet 1944 ; gardien de la Paix à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; militant communiste ; résistant, membre des FTPF.

Roger Menusier
Roger Menusier
Crédit photo : Ascomémo Hagondange
Fils de Paul Menusier et de Marcelle Watrin, Roger Menuisier avait fait son service militaire, sans doute la campagne de 1939-1940, dans l’arme blindée. Revenu à la vie civile, il était sous-officier de réserve.
Il a servi dans la compagnie « Biterrois » des Groupes mobiles de réserve (GMR) avant de devenir gardien de la paix. En 1944, Roger Menusier demeurait à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Il était marié avec Irène, Hélène Ortega et sa femme était enceinte lorsqu’il fut arrêté. Mais, engagé déjà dans la Résistance dans les Pyrénées-Orientales depuis 1942 et 1943, il fut d’abord actif dans le réseau AJ-AJ (agent P 2), du groupe « Patrie » où il côtoya le docteur Henri Durrieu de Madron et son collègue de la police Gabriel Hispa. Tous trois se retrouvèrent aux FTPF. Militant du Parti communiste, Menusier intégra, en avril 1944, le 4e groupe du « détachement Valmy » de la 411e compagnie des FTPF des Pyrénées-Orientales, active sur le secteur de Perpignan et Rivesaltes. Ce groupe comprenait trois gardiens de la Paix de Perpignan (Gabriel Hispa, le chef, Roger Menusier, et Jean Espana) et deux jeunes, (Sauri et Stoll), dont un, le second, issu des Chantiers de jeunesse.. Le 6 mai 1944, avec Hispa, il accompagna, en tenue, Auriol et Saury qui posèrent un obus de mortier et une quinzaine de cartouches dans une poubelle devant l’immeuble de la police allemande à Perpignan, charge qui n’explosa pas.
Il fut arrêté le 24 mai 1944 après avoir participé avec quelques FTPF perpignanais de son groupe et de celui de l’hôpital de Perpignan, à l’action de la Trésorerie générale (voir Gabriel Hispa), boulevard Wilson. Interné dès le 24 au soir à la citadelle de Perpignan et entre les mains des Allemands, il fut ensuite transféré à Montpellier (Hérault) et remis à la police française. L’intendant de police de Montpellier, Hornus, traduisit les cinq résistants perpignanais devant une cour martiale qui les condamna à mort. Ils furent exécutés au champ de tir de la Madeleine à Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) mais leurs actes de décès furent enregistrés à l’état civil de Montpellier. Conduit vers le peloton d’exécution, Menusier chanta « La Marseillaise » avant que lecture soit faite du jugement, en présence de deux officiers allemands. Il chanta ensuite « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine » et s’adressa aux Allemands dans leur langue (qu’il parlait couramment) en leur disant : « Messieurs les Allemands, vous avez voulu voir comment savent mourir les Français. Nous allons vous le montrer. » Il reconnut parmi les GMR du peloton d’exécution des Bitterois qui avaient été ses collègues quelques mois auparavant et leur dit : « Je ne vous en veux pas, mes camarades. Ne nous faites pas souffrir. Visez droit au cœur. » La salve retentit alors que Menuisier était au garde à vous, faisant le salut militaire et que Sauri criait « Vive Staline ! Vive Thorez ! ». La date de l’exécution a été signalée comme étant le 30 juin 1944 (ainsi que le mentionne la stèle commémorative de Villeneuve-lès-Maguelone). Mais, par ailleurs, l’abondant compte-rendu de presse de ses obsèques à Perpignan (octobre 1944), ainsi qu’une attestation du secrétariat d’État aux forces armées (9 juin 1948) signalent bien qu’il a été exécuté le 11 juillet 1944 à Montpellier (avec d’autres dont son collègue Hispa).
Les cinq « martyrs perpignanais de Montpellier », initialement enterrés, après leur exécution , au cimetière Saint-Lazare de Montpellier, furent ré-inhumés en grande pompe à Perpignan le 27 octobre 1944. Ils reçurent l’absoute en la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, en présence d’une foule nombreuse, du préfet Latscha, de Félix Mercader, maire de la ville, de Camille Fourquet, président du Comité départemental de libération, et du lieutenant-colonel Dominique Cayrol, commandant de la subdivision militaire de Perpignan.
Roger Menusier fut déclaré "mort pour la France". Son nom figure sur les stèles érigées sur la butte de tir de la Madeleine, lieu des seize exécutions par les Allemands ou les GMR entre le 14 mars et le 11 juillet 1944 et à 300 m en contrebas, le long de la route reliant Montpellier à Sète. Toutefois, à Villeneuve-lès-Maguelone, la date de son exécution inscrite sur la stèle (30 juin) à côté de son nom est erronée. À Perpignan, dans le quartier de Mailloles, la "rue des fusillés de juillet 1944" honore sa mémoire et celle de ses quatre camarades FTPF.
Voir : Lieu d’exécution de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault)
Sources

SOURCES : Arch. dép. Hérault, 189 J1 A12, fonds René et Henri Poitevin, liste des résistants enterrés au cimetière Saint-Lazare de Montpellier après exécution ou mort au maquis. — Le Républicain, Perpignan, 27 octobre 1944, 28 octobre 1944. – Jacques-Augustin Bailly, La Libération confisquée. Le Languedoc 1944-1945, Paris, Albin Michel, 1993, p. 43. – Ramon Gual et Jean Larrieu, « Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane », II a, « Els alemanys...fa pas massa temps », Terra Nostra, 91-92, Prades, 1996, p. 200. – Ramon Gual & Jean Larrieu, « Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane », II a, « De la résistance à la Libération », Terra Nostra, 93-96, Prades, 1998, p. 923, 940, 941, 942, 943, 944. – Jean Larrieu, « Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane », I, « Chronologie des années noires », Terra Nostra, 89-90, Prades, 1994, p. 278. – Georges Sentis, Les communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales, II, Le difficile combat vers la Libération nationale. Novembre 1942 - Août 1944, Lille, Marxisme / Régions, 1985, p. 86 ; Les communistes et la résistance dans les Pyrénées-Orientales. Biographies, Lille, Marxisme / Régions, 1994, p. 99. — État civil de Montpellier, acte de décès et mentions marginales.

André Balent

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